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Élevage du gibier

Reproduction des faisans en parquets.

Quand on veut augmenter le nombre des faisans sur une chasse, on a la ressource, soit de lâcher aux bois des reproducteurs qui, le printemps venu, y feront leur couvée, soit d’élever jusqu’à l’âge adulte des faisandeaux avec des poules de ferme, ou encore de faire la multiplication de ce beau giber dans des parquets et de lâcher aux bois les couvées, c’est-à-dire la mère et ses jeunes peu de temps après leur naissance.

En raison des mœurs des faisans, ces oiseaux occuperont, suivant l’époque, des parquets de dimensions différentes, que nous allons décrire.

Parquets d’hiver.

— Tout d’abord, au moment où on se les procure, c’est-à-dire où ils arrivent du dehors, s’il s’agit d’un achat, ou lorsqu’on les a capturés sur chasse (avec les autorisations spéciales nécessaires), on les place dans de grands parquets dits parquets d’hiver. C’est là qu’ils resteront jusqu’à l’époque de la reproduction. Ces parquets ont une superficie représentant vingt mètres carrés par faisan. On y place ensemble les coqs et les poules.

Il est bien entendu que l’on s’organise pour avoir, dans les parquets, la proportion convenable de mâles et de femelles, c’est-à-dire deux coqs pour cinq poules.

En outre, si l’on fait la reproduction en grand, il vaut mieux n’avoir pas de trop grandes bandes d’oiseaux, et ne pas dépasser dans un parquet le chiffre de cinquante têtes. Le parquet contiendra de la végétation de peu de hauteur, des abris, tant pour las oiseaux que pour la nourriture qui leur sera donnée, et des perchoirs où ils se brancheront volontiers pour passer la nuit.

Parquets de ponte.

— Si les faisans vivent très bien tous ensemble en hiver, il n’en est plus de même dès que le temps devient doux, et les coqs commencent alors à se battre entre eux.

Il faut donc, au début de mars, les retirer des parquets d’hiver et placer les reproducteurs dans les parquets de ponte.

Les coqs en surnombre seront placés dans les parquets de réserve.

On donne à chaque parquet de ponte une surface de 100 mètres carrés, soit généralement 10 mètres sur 10 mètres, et l’on y met un coq faisan avec cinq poules.

Toutes les semaines, à jour fixé (pour ne pas l’oublier), on échange les coqs en service avec un des coqs tenus en réserve.

Le parquet comprend quelques abris d’angle et d’autres contre les clôtures, et sous lesquelles les faisans pourront s’abriter. L’on installe également un abri pour la nourriture et la boisson.

Chaque parquet aura, au centre, un perchoir de 2 mètres de longueur placé sur piquets, à 40 centimètres au-dessus du sol. Il sera bon d’entretenir une certaine végétation, et plus particulièrement de repiquer dans ces parquets des choux à bonne époque.

Les parquets de ponte ne sont pas construits en vue des opérations successives à la ponte, c’est-à-dire : couvaison, éclosion et élevage, mais uniquement pour obtenir un certain nombre d’œufs que les poules faisanes pondent en excédent de ceux qu’elles peuvent couver, puis élever les jeunes.

En effet, la nature leur a donné la faculté de pondre une trentaine d’œufs, mais elles n’en peuvent couver et conduire que 15 à 18. Aussi, aux bois, s’arrêtent-elles de pondre quand elles ont ce nombre.

Elles ne pondent davantage en parquets que parce qu’on leur retire une partie de leurs œufs.

Le but des parquets de ponte est donc de les y faire séjourner jusqu’à ce qu’on ait récolté une dizaine d’œufs en moyenne par faisane. Ces œufs sont destinés, soit à être vendus, soit à être couvés par des poules de ferme, auxquelles on laisse le soin d’élever les jeunes jusqu’à leur émancipation.

Parquets de reproduction.

— Les parquets de reproduction ont 20 mètres sur 20 mètres, soit 400 mètres carrés de superficie.

Ils sont destinés à recevoir les faisans venant des parquets de ponte, c’est-à-dire un coq et cinq poules par parquet.

Si l’on veut s’en tenir à la reproduction dans ces enclos, sans avoir besoin d’œufs des parquets de ponte, on peut mettre de suite les reproducteurs dans ces parquets au début du mois de mars.

Ici aussi, l’on change les coqs faisans dans les parquets chaque semaine, ce qui est indispensable si l’on veut obtenir une bonne fécondation.

Si l’on n’avait pas suffisamment de coqs pour faire cet échange chaque semaine, il faudrait intervertir entre eux les coqs des parquets de reproduction.

En effet, les mâles changés de femelles ont une nouvelle ardeur, et l’on arrive ainsi à une fécondation dépassant 90 p. 100.

La végétation doit être abondante, sans être trop haute. Il faut, en hiver, tailler à 60 centimètres de hauteur les arbustes qui se trouvent dans ces parquets. Au centre, on pourra faire un terrain de culture où l’on repiquera principalement des choux à bonne époque.

On veillera à ce que la végétation soit abondante contre les clôtures, car c’est souvent là que les faisanes font leur nid.

Quand trois ou quatre faisanes ont commencé à couver, il est préférable d’enlever le coq dont les services ne sont plus nécessaires, et qui pourrait nuire à la bonne éclosion des jeunes.

Parquets de coqs en réserve.

— Ces parquets sont individuels et mesurent 50 mètres carrés. On y aménage quelques abris aux angles et contre les clôtures, et l’on y met en temps voulu des choux repiqués. On y place aussi un perchoir comme dans les autres parquets.

Couverture des parquets.

— La couverture des parquets avec du grillage est très onéreuse, en raison de leur grande superficie. On y obvie en entravant les faisans, ce qui, sous tous rapports, est préférable.

On voit par ce qui précède que les parquets sont successivement occupés par les faisans. On se rappellera que, pour qu’ils restent sains, il ne faut pas y mettre entre temps d’autres animaux.

À cette condition, l’air et la lumière désinfecteront les parquets, et l’on sera assuré de n’y avoir jamais d’épidémie.

Nous dirons, dans un prochain article, comment il faut construire ces parquets, et quels sont les soins et nourritures à donner aux faisans pendant la période où ils les occupent.

René DANNIN,

Expert en agriculture (chasse-gibier) près les Tribunaux.

Le Chasseur Français N°597 Mars 1940 Page 139