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La culture du chrysanthème

Le chrysanthème, le roi de l’automne, comme l’ont surnommé les poètes, est une plante originaire de la Chine, du Japon et des parties tempérées de l’Inde qui, de son origine, tient sa complète rusticité dans le Midi de la France où il vit fort bien en plein air. Il n’en est d’ailleurs pas de même dès que l’on remonte un peu vers le Nord, où il gèle dès l’automne, ou même dans le Centre où il ne peut supporter l’hiver que dans des situations suffisamment abritées.

Les variétés à grandes fleurs actuellement cultivées possèdent, d’ailleurs, une résistance bien moindre au froid que celle des espèces types. Les fleurs, surtout, sont très sensibles, et la moindre gelée suffit pour en compromettre l’épanouissement, ce qui oblige à placer, en automne, les chrysanthèmes sous un abri léger où ils sont préservés des effets du froid.

Bien que le chrysanthème ne soit pas d’une très grande exigence et pousse aussi bien en terre forte qu’en sol léger, il faut, pour en obtenir le maximum de satisfaction, disposer d’une terre à la fois perméable, meuble, riche et cependant d’une certaine consistance.

La terre de gazon, que l’on peut obtenir en mettant en dépôt, un an à l’avance, des plaques de gazon prélevées sur une terre franche, en les brassant plusieurs fois, à quelques mois d’intervalle, pour favoriser la décomposition des matières organiques, est une terre très riche en humus qui, de ce fait, conserve bien sa fraîcheur et convient particulièrement pour la culture du chrysanthème. À défaut, une bonne terre franche, prise à la surface d’une parcelle de terrain quelque temps avant l’emploi et abritée des intempéries, convient bien égarement.

Cette terre doit être améliorée par adjonction d’une certaine quantité de terreau, provenant, de préférence, de couches faites avec du fumier de cheval additionné de feuilles de hêtre ou de chêne, et parvenu à un état de décomposition assez avancé. À ce point de vue, le terreau de deux ans est préférable à celui de l’année, généralement trop acide. Il entrera dans le mélange pour une proportion d’environ un tiers en volume.

Une petite quantité de terre de bruyère peut également être incorporée au mélange, tout au moins pour le premier rempotage des plantes. Cette terre, siliceuse, a en effet l’avantage d’augmenter la perméabilité.

L’amélioration de la terre, par des engrais convenables, est également très utile. Les meilleurs engrais sont les engrais complets qui apportent à la fois les divers éléments dans les proportions ci-après :

    Azote : 5 à 6 p. 100, dont 1 p. 100 environ nitrique, le reste à l’état ammoniacal et organique ;
    Acide phosphorique : 10 à 12 p. 100, en grande partie soluble à l’eau et au citrate ;
    Potasse : 6 à 8 p. 100, fournie, de préférence, par le sulfate de potasse.

Pour obtenir des pieds de chrysanthèmes bien fournis, le meilleur moyen est de reproduire les plantes par boutures. Afin d’avoir des boutures, on place, dès la fin de février, sur couche tiède, les vieux pieds que l’on a conservés sous châssis à froid pendant l’hiver. La végétation se manifeste rapidement et, dès que les nouvelles pousses ont 4 ou 5 feuilles, on les coupe et on les pique, sur couche tiède, sous châssis ou sous cloche. Des racines naissent très rapidement, et aussitôt que les boutures en ont quelques-unes, on les empote dans des godets de 7 à 8 centimètres de diamètre que l’on enterre sur la même couche, où ils devront rester jusqu’au milieu de mai.

On peut alors, soit en faire la culture en pleine terre, soit continuer la culture des plantes en pots et en plein air.

Dans le cas de culture en pleine terre, on dépote les jeunes plantes, et on les met en pépinière d’attente, en terre meuble et riche, vers le 15 mai, en les distançant de 40 à 50 centimètres en tous sens.

Au bout de quinze jours ou trois semaines, on pince l’extrémité de la tige pour en obtenir la ramification en 3 ou 4 branches. Vers juin, on appliquera un deuxième pincement à chacune des branches pour les obliger à se ramifier. Un troisième pincement en juillet, et un quatrième en août, contribueront à la formation de touffes basses et compactes qui, à l’automne, se couvriront de fleurs.

Il est utile de terminer les pincements en août, car, en pinçant plus tard, on risquerait de nuire à la floraison ou de retarder celle-ci. Ce retard serait d’ailleurs un avantage si, possédant une serre, on pouvait, en y abritant les plantes, en avoir des fleurs pendant une bonne partie de la mauvaise saison.

En cours de végétation, et lorsque le temps est sec et chaud, on est parfois obligé d’arroser les plantes. On supprimera une partie des arrosages en recouvrant le sol d’un paillis de quelques centimètres de fumier demi-décomposé qui, en outre du rôle favorable qu’il jouera dans la conservation des réserves d’eau du sol, apportera aussi des éléments fertilisants d’une incontestable utilité.

Dans le cas où l’on veut continuer la culture en pots, on effectue un second rempotage, un mois environ après le premier, dans des pots de 18 centimètres de diamètre au plus si l’on désire cultiver les plantes sur une seule tige (uniflores), de 20 à 25 centimètres si l’on veut, au contraire, faire des plantes ramifiées ou potées. Le drainage est assuré par un tesson de pot et par quelques petits cailloux. Au-dessus, on place un peu de terre, de façon que, la plante étant posée sur cette terre, le collet arrive un peu au-dessous du bord supérieur du pot, puis on tasse assez fortement pour ensuite donner un arrosage à la pomme.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°597 Mars 1940 Page 159