Lampadaires modernes

Personne n’ignore que la décoration moderne donne chaque année une importance de plus en plus grande à la lumière.

Que votre appartement soit meublé avec goût, artistiquement décoré, soigneusement entretenu, il ne saurait être parfaitement confortable, si la question de l’éclairage artificiel est négligée.

Une bonne lumière artificielle doit rappeler la lumière du jour, c’est-à-dire être à la fois abondante et douce et permettre aux yeux de discerner sans effort tous les détails.

Pour obtenir de beaux effets lumineux, il n’est pas nécessaire d’avoir recours à des décors coûteux, des formes gracieuses, de jolies transparences peuvent être obtenues simplement. Un vase de cristal, une potiche de grès, une coupe de fine porcelaine, joliment présentés, enfermant dans leurs flancs une ampoule électrique, peuvent sans grand frais disposer un peu partout des taches de lumière pour la plus grande joie des yeux.

Les quelques modèles groupés sur cette page, d’exécution facile et peu onéreuse, vous permettront, ingéniosité et adresse aidant, de les établir vous-même sans difficulté. Ce sont de ces objets qu’une femme adroite prend plaisir à exécuter pour son intérieur.

N° 1.

— Une bonbonne en verre transparent va se transformer en une lampe de verre bleuté. Pour teinter le verre, il faut le remplir d’une solution de sulfate de zinc, à raison de 50 grammes par litre d’eau. Votre « dame Jeanne » ainsi remplie aura une très belle transparence. En outre, le poids du liquide assurera sa stabilité. Le dispositif électrique sera fixé sur un bouchon en caoutchouc fermant hermétiquement le goulot. Si, dans la solution, vous forcez la dose de sulfate de zinc, vous obtiendrez un autre effet par la cristallisation. Les cristaux formés à l’intérieur du verre auront de beaux reflets à la lumière. Faites un abat-jour en parchemin bleuté noué d’un cordon assorti.

Un autre procédé de décoration consiste à passer sur l’extérieur du verre une couche de « vernis givré ». Ce vernis se vend tout prêt dans le commerce, et il existe en plusieurs tons. Il a la propriété de prendre en séchant les divers aspects du givre et, si l’on place une ampoule à l’intérieur du vase ainsi décoré, il étincelle merveilleusement. Dans ce cas, vous assortirez l’abat-jour à la couleur du vernis.

Dans cet ordre d’idées, on peut se permettre toutes sortes de fantaisies ; par exemple, passer sur la bonbonne une couche de vernis bleu ou rouge, et nous aurons une lampe moderne. Nous pourrions même, avec un pinceau fin trempé dans du noir de Chine, tracer quelques dessins stylisés qui nous donneraient une façon de vase égyptien.

N° 2.

— Ce bocal de verre, ancien vase à fleurs, va se transformer en lampe de bridge. Vous allez le munir d’un dispositif électrique après avoir peint à l’émail quelques cartes à jouer sur ses diverses faces. Faites un abat-jour d’opaline avec filet rouge.

N° 3.

— Voici, pour l’éclairage de la table, une belle lampe de travail dont le pied, d’aspect bien moderne est fait de longs roquets superposés et enfilés sur une tige de métal qui vient se fixer au disque de bois qui sert de pied. Après avoir passé sur l’ensemble une teinte noyer, on le cire à l’ambrine. L’éclairage de la table de travail autour de laquelle la famille se rassemble doit tout spécialement être soigné, car c’est dans la lecture, l’écriture, les travaux à l’aiguille que l’œil doit fournir le plus gros effort ; il faut donc le placer dans les meilleures conditions possibles pour épargner la fatigue. Il faut qu’au milieu de la table, la clarté soit intense, mais diffusée, et que le reste de la pièce ne soit pas sombre. Un de ces abat-jour de tissu de grand diamètre, qui viennent de faire une entrée triomphale dans nos installations, répartit la lumière sur une large surface. Doublé de blanc, il donne un plus grand coefficient d’éclairement.

N° 4.

— Une roue de rouet se transforme facilement en lustre et décore à merveille une salle à manger. Trois petits abat-jour coniques que vous trouverez tout prêts dans le commerce voilent les ampoules. On peut placer au centre, sur le moyeu, une ampoule en verre opale qui projette sur la table une lumière diffusée. Roues de brouettes, roues de bicyclette, etc., se peuvent transformer ainsi. De solides cordes peintes en jaune rattachent au plafond ces lustres improvisés.

N° 5.

— Cette jolie poterie de « vieux Rouen » sera transformée, par un éclairage intérieur, en vase fleuri. C’est un des plus jolis appareils lumineux que vous puissiez établir pour embellir votre appartement. Placez-y un réflecteur de zinc en forme d’entonnoir, posé, la grande ouverture en haut. Dans ce cône renversé, placez l’ampoule électrique dont la douille, passant dans la petite ouverture du cône, viendra s’appuyer sur une rondelle de bois du diamètre voulu pour lui permettre de se bien caler dans le fond du vase. Pour assurer la stabilité de l’ensemble, on peut combler avec du sable l’intervalle resté libre entre le réflecteur et le vase. Le fil électrique chemine dans un petit conduit de plomb allant de la douille à l’orifice perforé dans le vase. Des fleurs artificielles ou mieux encore des fleurs de verre se disposent dans le réflecteur. Un coquet abat-jour de dentelle coiffe l’ensemble.

N° 6.

— L’ancien abat-jour de la suspension à pétrole peut encore participer à l’éclairage ; mais il faut le poser à l’envers sur un meuble ou une crédence après avoir fixé à l’intérieur un dispositif pour lampe électrique. Son effet rappelle celui des vases translucides employés dans la décoration moderne. Une souple guirlande de feuillage court sur le bord de la coupe et retombe tout autour.

N° 7.

— Le bougeoir d’autrefois, celui qui nous permettait de circuler dans les corridors obscurs, peut encore jouer son rôle, une bougie électrique remplaçant la chandelle. Un abat-jour en papier parcheminé de genre ancien accompagnera cette veilleuse pittoresque.

Ces modèles très divers vous en suggéreront certainement d’autres qui pareront avec grâce votre foyer, ces appareils de fantaisie pouvant aussi bien s’utiliser dans un appartement moderne que dans un ensemble de style ancien.

J. M.

Le Chasseur Français N°597 Mars 1940 Page 174