L’institution de la prime à la première naissance, qui
résulte du décret-loi du 29 juillet 1939, a été appliquée à partir du 1er janvier
1940.
Cette institution consiste en ce que les enfants de premier
rang, nés à partir du 1er janvier 1940, donnent droit, sous certaines
conditions, à l’attribution d’une prime d’au moins 2.000 francs.
Pour avoir droit à la prime, l’enfant doit :
1° Être légitime ;
2° Être Français ;
3° Être de premier rang, c’est-à-dire n’avoir pas droit au
bénéfice des allocations familiales en vertu de l’article 11 du décret-loi
du 29 juillet 1939 : d’après ce texte, qui doit entrer en vigueur le
1er avril 1940, le bénéfice des allocations familiales ne sera
plus accordé qu’à partir du deuxième enfant. Pour la période transitoire précédant
l’entrée en vigueur (c’est-à-dire jusqu’au 1er avril 1940) des articles 10
et suivants du décret-loi du 29 juillet 1939, il doit être opté en ce qui
concerne l’enfant de premier rang, entre le bénéfice de la prime et celui de
l’allocation familiale.
Les parents de l’enfant donnant droit à la prime doivent
justifier, en ce qui les concerne, qu’ils sont mariés depuis deux ans au plus
au jour de la naissance de leur enfant. Toutefois, à titre transitoire, les
enfants de premier rang, nés pendant l’année 1940, donneront droit au bénéfice
de la prime, même si leurs parents sont unis par le mariage depuis plus de deux
ans au jour de la naissance, à condition qu’à la date de publication du
décret-loi du 29 juillet 1939 (30 juillet), ils aient été mariés depuis
moins de deux ans.
Le taux de la prime à la première naissance est fixé au
double du salaire moyen mensuel départemental servant de base au calcul des
allocations familiales dans les localités de plus de 2.000 habitants, sans
toutefois pouvoir être inférieur à 2.000 francs.
Voici quel est ce taux dans les divers départements :
3.000 francs dans la Seine, dans la Seine-et-Oise (1ère zone) ;
2.500 francs dans les Bouches-du-Rhône ;
2.400 francs dans la Seine-et-Oise (2e zone) ;
2.200 francs dans le Nord, le Rhône, la Seine-et-Marne, le Var ;
2.100 francs dans les Alpes-Maritimes, l’Aube, la Meurthe-et-Moselle, la Moselle, le Puy-de-Dôme ;
2.000 francs dans tous les autres départements.
La prime allouée est celle du département où réside
habituellement le chef de famille. Pour les personnes qui n’ont pas de
résidence habituelle fixe dans un département, le taux de la prime est fixé au
minimum de 2.000 francs.
Le bénéfice de la prime doit être réclamé ; mais la
demande ne doit pas, dans tous les cas, être adressée au même organisme, à la
même autorité : cela varie suivant les catégories de bénéficiaires, comme
on va le voir ci-dessous.
Ainsi la prime doit faire l’objet d’une demande
adressée :
1° Pour les salariés, à la Caisse de compensation à laquelle
est affilié l’employeur ;
2° Pour les employeurs de main-d’œuvre ; les
exploitants et artisans ruraux, les travailleurs indépendants et les artisans,
à la Caisse de compensation à laquelle ils sont affiliés ;
3° Pour les fonctionnaires et agents des Services publics,
au chef du service du personnel de leur administration respective ;
4° Pour les membres de la population non active, à la mairie
de leur résidence ; sont considérés comme appartenant à la population non
active les familles dans lesquelles le père et la mère ne rentrent pas dans les
trois catégories visées ci-dessus.
La demande de prime doit être faite dans les six mois qui
suivent la naissance de l’enfant ; mais, en vue d’en obtenir le payement
plus rapide, on a intérêt, comme on le verra ci-après, à présenter cette
demande quatre mois au plus tard avant la date présumée de l’accouchement.
À l’appui de la demande, il faut produire, si le
bénéficiaire appartient à l’une des trois premières catégories ci-dessus :
1° Un duplicatum de l’attestation médicale de maternité,
pour les demandes présentées quatre mois au plus tard avant la date présumée de
l’accouchement ;
2° Un extrait du livret de famille ;
3° S’il s’agit d’un second accouchement, un certificat
médical attestant que le premier enfant n’était pas né viable ; ce
certificat devra avoir été établi dans les quarante-huit heures du premier
accouchement et avoir été légalisé dans le même délai.
Si le bénéficiaire appartient à la quatrième catégorie
ci-dessus (population non active), il doit mentionner, dans sa demande :
les noms, prénoms, dates et lieux de naissance des époux ; leur
nationalité, leur résidence habituelle, la date de leur mariage, la qualité en
vertu de laquelle est faite la demande (père, mère ou tuteur).
Avec sa demande, il faut qu’il fournisse les pièces
suivantes :
1° Une attestation, avec tous les renseignements
nécessaires, que le père et la mère de l’enfant appartiennent l’un et l’autre à
la population non active ;
2° Si la demande est faite avant la naissance, une
attestation de maternité ;
3° Un extrait du livret de famille ;
4° S’il s’agit d’un second accouchement, du certificat
médical attestant que le premier enfant n’était pas né viable ; ce
certificat devra avoir été établi dans les quarante-huit heures du premier
accouchement et avoir été légalisé dans ce même délai ;
5° Une attestation du requérant, indiquant si le ménage a ou
n’a pas bénéficié du prêt à l’établissement des jeunes ménages.
La prime est versée à la mère, au père ou au tuteur, ou à la
personne ayant la charge de l’enfant.
Elle est payée en deux fractions.
La première moitié est remise à la naissance de l’enfant si
la demande a été faite quatre mois au plus tard avant la date présumée de
l’accouchement, et aussitôt que possible après la demande, si celle-ci a été
faite postérieurement à la naissance.
Il devra alors être présenté par le bénéficiaire :
1° Le livret de famille ;
2° S’il s’agit d’un enfant né de parents étrangers, une
copie légalisée du certificat d’enregistrement de la déclaration de
naturalisation.
La seconde moitié de la prime est payée à l’expiration du
sixième mois qui suit la naissance de l’enfant, ou après la demande, si
celle-ci n’intervient qu’au terme du délai de forclusion visé plus haut.
Il doit être produit, au moment du versement de la seconde
moitié de la prime : un certificat de vie de l’enfant, une déclaration que
l’enfant est toujours à la charge de ses parents et une attestation médicale de
maternité ; cette attestation devant être remplacée provisoirement par un
certificat délivré par un médecin ou par une sage-femme.
Le payement de la prime intervient de diverses façons,
suivant les catégories de bénéficiaires.
Il est assuré :
1° Par les caisses de compensation d’allocations familiales,
pour leurs allocataires ;
2° Par l’État et les Services publics pour leurs agents
respectifs ;
3° Pour les familles, appartenant à la population non
active, par mandat délivré par le préfet, soit directement à l’intéressé, soit
par l’intermédiaire de consultations de nourrissons (municipales, départementales
ou privées) qui auront été agréées à cet effet.
CROUZATIER.
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