Quand l’espace vide est un terrain humide peuplé d’arbustes
ou de bruyères, il faut l’assainir par un labour en prenant le sillon, en deux
fois si la bruyère est trop épaisse. Les Anglais ont une très bonne méthode de
repeupler les vides : ils placent les plants de chêne à 3 mètres de
distance de façon tout à fait régulière si possible. Ils placent des pins dans
les intervalles pour abriter les chênes jusqu’à l’époque où ils peuvent se
passer de ce secours. Ils enlèvent les pins quand ils ont atteint 2m,50
à 3 mètres. Les conifères croissant mieux que les autres dans l’intérieur
des massifs, il faut donc préférer les pins pour le repeuplement des vides. On
peut employer cette méthode pour le repeuplement des allées ou des chemins que
l’on supprime dans les bois. En ce qui concerne le repeuplement des vides dans
l’intérieur des bois, on rencontre souvent une grande difficulté pour cette
opération : les racines des arbres voisins gênent les jeunes plants qui ne
poussent pas mieux que ceux plantés autour des baliveaux ou grands arbres.
On peut repeupler les vides et clairières en recouchant les
branches, ce qui est un excellent moyen de remplir les places vides des
forêts ; on couche, ou on étend dans la terre, les troncs à côté des
souches qui les portent. Voici comment on opère : lorsque les jeunes
pousses ont terminé leur deuxième année de croissance dans l’automne de leur
deuxième année, elles auront alors atteint une hauteur de 2 mètres, si les
souches d’où elles proviennent sont vigoureuses.
Si l’on veut remplir un vide près de ces souches, on fera
choix de quatre des meilleurs jets, on les étendra dans différentes directions,
en faisant une légère, entaille au pied de chacun de ces rejets contre la
souche, en faisant plier le brin qui souvent plie sans que l’on soit obligé de
se servir de la serpette, ce qui est à souhaiter. On fera aussi une cicatrice
près de l’œil supérieur du sujet ; on creusera dans le sol un rayon d’une
longueur suffisante pour y placer ce brin, l’y étendre en le pliant et en le fixant
avec un petit crochet en bois à la profondeur où on doit le maintenir ; on
le couvrira d’une couche de terre et de gazon bien comprimée, en ayant soin de
laisser passer l’extrémité hors de terre. Peu de temps après, il poussera de
cet espèce de provin des pousses pendant la première année et qui s’élèveront à
la hauteur de 1 mètre à 1m,50. Au début de la deuxième année,
on pourra recoucher les nouvelles pousses.
On pourra ainsi, sans faire l’acquisition de plants, garnir
complètement le sol de rejetons qui pousseront avec toute la vigueur que leur
donneront les souches, en attendant qu’ils soient pourvus de leurs propres
racines.
Voilà un excellent moyen de remplir les places vides des bois.
Louis TESTART.
|