Il existe deux moyens pour recueillir les ondes
radiophoniques envoyées par les postes émetteurs, et les transmettre aux
récepteurs de T. S. F. On peut utiliser une antenne, nappe de
fils métalliques isolée, plus ou moins longue, et combinée avec une prise de
terre, le plus souvent simple tuyauterie d’eau ou de chauffage central. On
peut également employer un cadre, bobinage en fil de cuivre isolé, dont
les deux extrémités sont réunies au récepteur. Ce bobinage est vertical, et son
plan doit, en principe, être dirigé vers le poste émetteur, dont on veut
recevoir les émissions.
Depuis quelques années, après une grande vogue, le cadre
n’était plus en faveur en France, et on ne le trouvait plus que sur des modèles
très rares, établis par des fabricants spécialisés. Cet abandon temporaire est
dû à des raisons techniques, et surtout pratiques.
Une antenne, même courte, recueille toujours plus d’énergie
qu’un cadre ; avec un appareil sensible, comme le sont la majorité des
postes-secteur actuels, il suffit, pour obtenir une audition d’intensité
suffisante, sinon de haute qualité musicale, d’adopter une antenne de fortune
quelconque, ou même un simple bout de fil isolé, de quelques mètres de long.
Lorsqu’on emploie un cadre avec un poste-secteur, ce qui
était la majorité des cas, les avantages de ce collecteur d’ondes sont encore
réduits. Le cadre supprime l’emploi de la prise de terre, mais la liaison au
secteur reste nécessaire, et la mobilité n’est pas beaucoup plus grande. Cette
liaison au secteur diminue les propriétés directives du cadre, et aussi ses
qualités plus ou moins antiparasites, car le réseau d’alimentation constitue
bien souvent un véritable collecteur d’ondes utilisé involontairement, et qui
recueille aussi bien les ondes utiles que les courants parasites.
Les cadres utilisés dans les débuts de la T. S. F.
étaient, d’ailleurs, relativement de grandes dimensions, et avaient, par
exemple, au minimum, 60 à 80 centimètres de côté ; on ne saurait songer
actuellement à placer un tel enroulement dans le boîtier d’un récepteur, et son
utilisation séparée, à côté de ce dernier, ne peut être pratique.
La réduction des dimensions de l’enroulement est possible,
mais elle diminue nécessairement la quantité d’énergie utile recueillie. Comme
la quantité des ondes parasites est à peu près toujours la même, par suite de la
liaison au secteur, la qualité finale de l’audition diminue de ce fait très
rapidement.
Pourtant, des facteurs nouveaux, apparus tout d’abord aux
États-Unis, sont venus modifier les conditions actuelles d’emploi du
cadre ; désormais, on réalise, en 1940, de très nombreux modèles
d’appareils portatifs, ou même de postes-midgets ou de postes-meubles, qui sont
munis de cadres. La plupart du temps, ces appareils peuvent également
fonctionner sur antenne, de sorte que l’usager peut, à volonté, et suivant les
conditions de la réception, utiliser l’un ou l’autre de ces collecteurs
d’ondes.
Pourquoi utilise-t-on le cadre à l’heure actuelle ? Il
semble qu’on puisse avoir en vue deux buts essentiels, combinés ou distincts :
1° Établir un poste transportable, à batteries ou
« universel », et pouvant fonctionner partout sans aucune
installation d’une façon absolument autonome.
2° Obtenir un effet antiparasite particulier, tout en
bénéficiant d’une facilité d’installation et d’emploi fort agréable.
Le but recherché, en adoptant un cadre de réception,
consiste donc désormais surtout à établir un collecteur d’ondes possédant des
propriétés antiparasites spéciales. C’est là un problème qui avait été étudié
en France déjà depuis de longues années. Des constructeurs avisés avaient
réalisé des postes complets modernes à cadres incorporés, et même des cadres
séparés pouvant être adaptés immédiatement à n’importe quel récepteur
fonctionnant déjà normalement sur antenne. Ces dispositifs n’avaient reçu qu’un
accueil assez peu enthousiaste de la part de la clientèle; sans doute,
faudra-t-il que cette « vieille nouveauté » nous revienne d’Amérique,
pour qu’elle paraisse vraiment intéressante aux auditeurs français !
Les cadres adoptés aujourd’hui ne sont pourtant pas
semblables aux premiers cadres des débuts de la T. S. F. Ce sont des
enroulements plats, peu encombrants, de dimensions assez faibles pour trouver
place dans le boîtier du récepteur lui-même, même s’il s’agit d’un modèle
réduit ; ils comportent surtout un montage destiné à accroître leur
pouvoir antiparasite.
L’idéal consisterait à supprimer complètement l’action des
perturbations parasites sur le cadre, à ne laisser agir sur lui que les ondes
radiophoniques provenant de l’émetteur ; ce résultat peut être atteint,
comme nous le montrent les techniciens, avec des cadres équilibrés, des cadres
compensés, ou des cadres blindés.
Les modèles généralement employés aux États-Unis sont du
type blindé. Ils comportent des écrans électrostatiques protecteurs formés par
des plaques métalliques, ou des enroulements protecteurs, reliés à la terre, et
supprimant toute capacité, par rapport aux objets extérieurs, de manière à ne
plus laisser subsister que les effets purement électromagnétiques.
Dans ces appareils de T. S. F. américains, le
système protecteur est constitué, par exemple, par deux disques métalliques
horizontaux avec des montants verticaux, disposés suivant les génératrices d’un
cylindre. Un seul de ces montants réunit le disque supérieur au disque
inférieur, de manière à ne pas constituer de court-circuit qui empêcherait
toute réception. L’écran est réuni au sol par l’intermédiaire d’une capacité de
5/100 de microfarad, et l’appareil peut également servir sur antenne. Le cadre,
en forme de prisme vertical, est placé au centre.
La sensibilité est réduite; mais l’effet directif permet
d’éviter certaines actions parasites particulières, telles que les
perturbations des lignes à haute tension, et les effets des étincelles des
contacteurs. Le dispositif n’est pas universel, mais l’amélioration est déjà
notable.
Le cadre protecteur est maintenu à l’aide d’un tissu fixant
les tiges verticales, et protégeant l’enroulement de la poussière.
La plupart du temps, dans ces postes américains, le cadre
est cependant constitué par un enroulement en fond de panier très plat, et le
blindage par deux nappes de fils verticaux soudés ensemble à une extrémité,
libres à une autre, maintenus par un filet de cordes à mailles très larges.
L’antenne est presque toujours également utilisable, le
cadre servant alors de bobinage d’accord, avec bobinage d’antenne séparé ou
prise intermédiaire.
Ces modèles, construits en grand nombre, semblent donner de
bons résultats, et ont déjà été introduits en France.
Comme les cadres sont de petites dimensions, et, par
conséquent, ne recueillent que peu d’énergie, les résultats sont évidemment
meilleurs pour la réception des émissions lointaines, lorsque le montage est
assez sensible, c’est-à-dire comporte un assez grand nombre de lampes. Ces
différents modèles, dont nous verrons sans doute, en des jours meilleurs qu’il
faut espérer prochains, des types analogues européens, pourront être également
accueillis avec faveur, par les sans-filistes français.
P. HEMARDINQUER,
Ingénieur-conseil.
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