Les méthodes visant l’amélioration des clichés défectueux
appartiennent à deux catégories d’interventions utilisant des moyens
différents : les unes sont strictement opératoires ; les autres
reposent sur l’habileté manuelle de celui qui les met en œuvre, s’il fait
preuve d’un goût éclairé, et s’il possède quelques rudiments du dessin au
crayon, à l’estompe ou au pinceau.
Parmi les premières, qui sont à la portée de tous les
amateurs, figurent notamment le renforcement et l’affaiblissement, qui sont
pratiqués, selon le cas, sur toute l’étendue des clichés, ou bien localement
(c’est-à-dire sur telle partie ou zone présentant exceptionnellement le défaut
auquel il s’agit de remédier). À elle seule, cette subdivision de notre
programme est suffisamment étendue pour faire l’objet d’une étude séparée ;
aussi, croyons-nous préférable de remettre à plus tard l’examen des méthodes de
la deuxième catégorie.
Les papiers sensibles au gélatino et au chloro-bromure se
font en sortes suffisamment variées pour que leurs gradations échelonnées
s’adaptent à tous les besoins courants ; aussi, les opérations de
renforcement et d’affaiblissement sont-elles devenues très rares, et pour ainsi
dire exceptionnelles. Il peut arriver cependant qu’un négatif, susceptible de
fournir des images satisfaisantes avec un papier de gradation donnée, soit, par
ailleurs, si sombre que son tirage soit très laborieux, et, dans ce cas, il est
tout indiqué de l’éclaircir dans un affaiblisseur pour en faciliter
l’impression. Dans un même but de normalisation, on peut être amené à renforcer
un cliché trop léger, trop ténu, parce que son développement a été écourté.
Enfin, il faut prévoir l’obligation de procéder à des interventions locales qui
s’inscrivent en marge des procédés réguliers de tirage direct.
Exposons donc les méthodes courantes d’interventions
auxquelles on pourra avoir recours, le cas échéant. (Mais, auparavant, on se
sera mis à l’abri de toute surprise désagréable, en imprimant avec tout le soin
désirable une bonne épreuve-témoin, qui, en cas d’insuccès ou d’accident de
manipulations, pourra fournir par reproduction à la chambre noire un nouveau
négatif indemne de toute tare originelle.) La principale difficulté que
présente la mise en pratique de ces méthodes réside dans le choix des moyens
auxquels on doit avoir recours dans chaque circonstance ; en effet, c’est
du diagnostic, que découle la médication. L’amateur soigneux et attentif, après
quelques essais méthodiques pratiqués sur des clichés de rebut, acquerra une
connaissance suffisante des ressources dont il dispose et des résultats qu’il en
peut tirer.
Renforcement.
— C’est une opération nécessitée par un manque de
vigueur du cliché, qui se traduit au tirage par une image plate et sans
relief ; cette intensification complémentaire permet de revigorer les
clichés anémiques, soustraits trop tôt à l’action du révélateur. Mais elle ne
donne son plein effet qu’en l’absence de toute trace de voile ; s’il en
existait, il faudrait auparavant le faire disparaître par un léger
éclaircissement pratiqué comme nous le verrons plus loin.
Les bains de renforcement utilisent les propriétés de
diverses substances exerçant sur l’image négative des influences assez
complexes, dans le détail desquelles nous ne pouvons pas entrer quant à
présent. Pour ses débuts dans cette voie, l’amateur adoptera tout d’abord le
renforcement au bichlorure de mercure et ammoniaque, que l’on considère comme
le plus pratique et le plus constant. Voici en quoi il consiste :
On prépare à l’avance la solution :
Eau |
250 centimètres cubes. |
Bichlorure de mercure |
5 grammes. |
Acide chlorhydrique |
1 gramme. |
Le cliché, supposé bien lavé et débarrassé complètement des
résidus du fixage, est immergé dans ce bain, versé dans une cuvette et tenu en
mouvement pour égaliser son action. On l’y maintient jusqu’à blanchiment plus
ou moins complet du dépôt d’argent constituant l’image ; l’expérience
indique le degré de chloruration nécessaire pour obtenir une valeur donnée
d’intensification, dont on juge en examinant le cliché par transparence. On lave
à fond le cliché, puis on le porte dans une solution à 4 ou 5 p. 100
d’ammoniaque liquide, dans lequel il reprend sa coloration normale, mais plus
foncée, avec une intensité sensiblement accrue. Dès que l’aspect opalin a
disparu, le noircissement est achevé ; il ne reste plus qu’à rincer avant
séchage. Si l’intensification était insuffisante, on pourrait renouveler la
double opération, en observant de laver copieusement en sortant de chacun des
bains.
Affaiblissement.
— L’affaiblissement peut être pratiqué de différentes
façons, suivant qu’il s’agit seulement d’éclaircir un négatif très dense et
sans oppositions, ou bien de baisser proportionnellement à leur intensité
toutes les valeurs d’un cliché trop poussé au développement, ou encore
d’atténuer les conséquences d’une insuffisance de pose aggravée d’un
développement trop prolongé, ce qui se traduit par un négatif exagérément
contrasté.
1° Dans le premier cas, l’éclaircissement s’obtient en
soumettant le cliché à l’action du bain suivant :
Eau |
100 centimètres cubes. |
Hyposulfite de soude |
10 grammes. |
Ferricyanure de potassium |
0gr,5. |
L’action de ce bain doit être surveillée ; le cliché
doit être porté au lavage, avant d’avoir atteint le degré requis de
transparence relative. Dans la pratique courante, on préfère préparer
séparément une solution d’hypo à 20 p. 100 et une solution de ferricyanure
à 1 p. 100, que l’on mélange, au moment de l’emploi, en volumes égaux si
l’on ne cherche pas à modifier le caractère du cliché au point de vue du
contraste.
L’opération peut être complétée par un renforcement, si le
négatif éclairci est devenu trop léger pour fournir des épreuves suffisamment
vigoureuses, un lavage soigné séparant les deux opérations ;
2° L’affaiblissement des clichés de la deuxième catégorie
peut être obtenu par un traitement identique au précédent, surtout si l’on
possède une certaine pratique des modifications qu’il est possible de réaliser
en réduisant, soit la dose d’hyposulfite, soit celle de ferricyanure :
moins d’hyposulfite donne dur ; moins de ferricyanure pousse à la douceur,
à l’harmonisation.
Mais on préfère assez souvent utiliser le permanganate acide,
en préparant pour l’usage les deux solutions :
A. |
Eau |
250 centimètres cubes. |
|
Permanganate de potasse |
1 grammes. |
B. |
Eau |
250 centimètres cubes. |
|
Acide sulfurique |
5 grammes. |
Au moment de l’emploi, on mélange dans un verre :
Eau |
250 centimètres cubes. |
Solution A |
10 centimètres cubes. |
Solution B |
10 centimètres cubes. |
que l’on verse sur le cliché. On suit attentivement l’action
du bain pour l’arrêter un peu avant d’avoir obtenu le résultat cherché. Si
l’opération se prolongeait, il conviendrait de rejeter le bain épuisé et de le
remplacer par du bain neuf. On termine en passant dans une solution à 10 p. 100
de bisulfite de soude, qui enlève les colorations résiduelles ;
3° Les négatifs de la troisième catégorie sont améliorés par
un traitement au persulfate d’ammoniaque, qui offre cette particularité d’agir
principalement sur les plus grandes opacités de l’image négative, il s’emploie
en solution, à 3 ou 4 p. 100, avec addition (facultative) de 1 p. 100
d’acide sulfurique. Le cliché plongé dans ce bain ne change pas d’aspect
immédiatement ; mais cette apparente inaction fait bientôt place à une
activité qu’il importe de contrôler, afin d’être en mesure d’éviter qu’elle ne
dépasse le but cherché. On interrompt son action en plongeant le cliché dans une
solution à 6 ou 8 p. 100 de bisulfite, de soude, où il demeure quelques
minutes ; on lave et on sèche.
Les traitements d’ensemble s’effectuent habituellement dans
des cuvettes réservées à cet usage ; ils ne présentent aucune difficulté.
Il n’en est pas tout à fait de même pour les interventions locales, car il
importe qu’elles soient exécutées avec le souci qu’aucune ligne de démarcation
ne puisse être relevée après coup entre les parties traitées et celles qui les
avoisinent. Il faut donc, dans la plupart des cas, que les renforcements et les
affaiblissements soient « fondus » insensiblement pour se raccorder
avec la tonalité des parties limitrophes. Cela s’obtient en travaillant au
pinceau à lavis (pour les petites surfaces), ou à l’éponge fine (pour les
autres), humectés de réactifs assez dilués, après avoir imbibé d’eau pure la
couche de gélatine. On opère par affusions ou touches successives, séparées par
des lavages énergiques, en s’appliquant à équilibrer toutes les parties de la
composition sans laisser de traces visibles de l’opération, sous forme de
cernes, coulures, etc. ...
Jacques BÉRYL.
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