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Le cormoran

Le cormoran est caractérisé par un bec long, droit, terminé en pointe crochue et acérée, la face et la gorge nues, les jambes emplumées ; les pieds courts avec l’ongle du doigt médian dentelé en scie. Il a la queue courte composée de pennes raides à baguettes élastiques.

C’est un oiseau qui mesure entre 70 et 80 centimètres de longueur ; il a la tête, le cou et le bas du dos vert foncé, le dos cendré foncé, le dessous du corps noir, la membrane gutturale jaune, les joues et les paupières verdâtres, le bec noirâtre, ainsi que les pieds, l’iris vert. De loin, il paraît noir, et, quand il vole, son corps a la forme d’une bouteille.

Il se nourrit exclusivement de poissons qu’il prend avec agilité. En Chine, par exemple, il est dressé à la pêche : les Chinois en ont plusieurs dans leur barque, qui plongent tour à tour et prennent le poisson qu’ils ne peuvent avaler, car on leur met, pour les en empêcher, un anneau assez serré au cou.

Cet oiseau habite toute l’Europe ; il est sédentaire sur presque toutes les côtes de France, Nord et Midi, où on le voit souvent en vols très nombreux. On le rencontre principalement aux embouchures ; mais en somme tout le long de la côte, sur les falaises, dans les endroits agités, les bancs.

Par une anomalie singulière, cet oiseau, qui vit presque tout le temps dans l’eau, n’a pas le plumage ad hoc ; il se mouille, ce qui fait que, quand il vient de pêcher, il est obligé de se faire sécher ; on le voit, alors sur les bancs de sable, les ailes étendues à la bise, debout, appuyé sur sa queue rigide.

Le cormoran perche quelquefois sur les arbres, il y établit même quelquefois son nid. Ce nid est composé de racines, de brins de bois, de roseaux, de tiges vertes de colza solidement entrelacés et garni d’herbes vertes à l’intérieur ; la femelle y dépose trois à quatre œufs allongés d’un blanc légèrement verdâtre, recouverts d’une matière crétacée blanchâtre.

Cet oiseau, qui est, en somme, assez commun, se fait souvent tuer en compagnie des foulques ou des canards, aux affûts du soir ou du matin ; les cormorans se déplacent souvent et vont d’un étang à l’autre. Comme ils plongent avec une grande rapidité, ils se prennent quelquefois dans les filets des pêcheurs. C’est un beau coup de fusil, mais il lui faut une bonne charge, car il porte bien le plomb.

J.-B. S.

Le Chasseur Français N°599 Mai 1940 Page 260