Cette belle race de Setter a été introduite en France, il y
a plus de soixante ans. Ces chiens proviennent d’une race écossaise, créée par
le duc de Gordon, qui lui donna son nom. C’est en 1865 que l’un d’eux
« Kent », fit son apparition à l’Exposition de Paris où il obtint la
grande médaille d’or.
Les Setters Gordon étaient, il y a quelque quarante ans,
très répandus en France, car un certain nombre d’amateurs éclairés avaient
contribué à leur élevage. Puis, cette belle race est tombée en dégénérescence,
abandonnée par les chasseurs au profit du Setter anglais ; mais
aujourd’hui, grâce aux efforts de quelques éleveurs, elle paraît devoir se
reconstituer, ce qui serait très heureux, car c’est là un beau et bon chien.
Voici ce que dit, au sujet de la race des Gordons, M. P. Caillard,
qui les connaissait mieux que personne :
« Moins vite dans les allures, elle s’approprie mieux
qu’aucune autre à la chasse française, qui se développe dans la même journée
sur des terrains si différents. Qualité de nez égale à celle des autres
Setters, résistance à la chaleur presque égale à celle des Pointers, quête
facilement modérée, et, selon la nature des terrains où ils chassent, aussi
bons chiens de bois que chiens de plaine et de marais ; nageurs
intrépides, faciles au dressage du rapport du gibier ; tels sont les
éléments qui constituent le Setter Gordon de race pure. »
Ce Setter est toujours désigné en Angleterre sous le nom de Gordon-Setter ;
sur le continent, par la dénomination de Setter noir et feu.
Le Club Français du Setter noir et feu a ainsi défini
les points du chien qu’il patronne : tête plus forte que celle de
l’English Setter, un peu massive même chez le mâle, sans lourdeur ; crâne
légèrement arrondi, bien développé dans tous les sens, mais sans exagération de
largeur, ni rétrécissement brusque entre les yeux grands, bruns, intelligents,
doux au repos, mais très expressifs ; nez plutôt un peu long, mais large,
aux narines très ouvertes et noires, séparé du front par une brisure nettement
distinguée ; oreilles bien attachées, à peu près dans la ligne de l’œil,
larges, plutôt un peu longues, tombant à plat contre le haut des joues. La tête
de la chienne a plus de finesse et de légèreté. Cou fort et plutôt long que
court, sans fanon. Épaules musclées, longues et très inclinées. Jambes fortes
et droites, canons courts. Poitrine extrêmement profonde. Rein fort et harpé.
Les flancs sont courts chez le chien, plus longs chez la chienne. Cuisses bien
jambonnées, obliques et musculeuses. Pieds ronds, forts, compacts, garnis de
poils entre les doigts, ongles forts. Fouet attaché haut, gros à la naissance,
très mince vers le bout, assez court et porté droit avec une légère
inflexion ; toutefois, le fouet long en forme de cimeterre, étant conforme
à celui d’anciens et bons spécimens de la vraie race, est également admis. Poil
demi-fin, soyeux, un peu moins long sur le corps que le poil du Setter anglais,
assez court sur le crâne, ras sur les joues et le museau. Il doit être plat,
mais il peut avoir quelques ondulations sur les cuisses et l’arrière-train. Il
forme aux oreilles, de longues franges soyeuses et fines, qui ondulent aussi
très légèrement. Sous le fouet, tombent de belles soies, qui vont en
s’allongeant jusqu’au milieu de l’appendice et diminuent ensuite graduellement
jusqu’au bout.
Couleur : noir bleu très brillant et tan riche
tirant sur le rouge acajou et non sur le jaune. Le tan doit former deux petites
taches ovales très nettes au-dessus des yeux. Il doit garnir, en partie,
l’intérieur des oreilles ; quelques soies tan forment intérieurement
bordure à la partie supérieure des pendantes. Le tan doit couvrir entièrement
les lèvres et les joues jusqu’au pouce environ au-dessous des yeux, la mâchoire
inférieure et la naissance de la gorge ; il doit couvrir la saillie
antérieure des épaules de deux grandes taches régulières reliées entre elles
chez les sujets bien marquées par une barre de même couleur qui traverse le
poitrail. Le tan doit aussi couvrir les pieds, les pattes de devant
jusqu’au-dessus de la première articulation, et toute la partie interne
jusqu’au coude, ainsi que l’intérieur des cuisses et des jarrets, en débordant
sur toute l’arête des membres postérieurs. Il s’étend également aux franges des
jambes et des cuisses, où il prend une teinte dorée. De longues soies d’un tan
pâle garnissent le haut des cuisses, près de l’anus et en dessous du fouet. Le
blanc étant une des couleurs primitives du Setter Gordon et son élimination
systématique ayant pour effet d’altérer le type, le Gordon Setter Club déclare
expressément qu’il ne considère pas le blanc à la poitrine ou à l’extrémité des
pieds, ni la présence des poils blancs disséminés dans le noir de la robe,
comme une faute de couleur.
Taille : de 59 a 64 centimètres chez le chien, et de 56
à 61 centimètres chez la chienne.
Le Setter soir et feu étant fortement charpenté, mais
systématiquement construit, son apparence est celle d’un chien puissant, sans lourdeur
et vigoureux. Une vive intelligence, beaucoup de docilité naturelle, une grande
finesse d’odorat et une remarquable endurance constituent les qualités
essentielles de la race.
Les chiens que l’on rencontre aujourd’hui dans les rings
d’exposition sont de plus en plus conformes au type historique. Des apports de
sang de Hollande, Norvège, et surtout d’Écosse, berceau de la race, ont
contribué chez nous, depuis la guerre, à sa reconstitution. Nous retrouvons de
plus en plus ces beaux chiens un moment disparus, sous l’influence de la mode
et de théories erronées, dont la proscription du blanc au poitrail, le goût du
volume, toutes choses condamnées par Paul Caillard.
J.-B. S.
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