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Semis, plantations et travaux en mai au jardin potager.
Travaux à effectuer en mai au jardin fruitier.
Travaux à effectuer en mai au jardin d’agrément.
Un arbuste précieux.
L’action fertilisante de la pluie.

Semis, plantations et travaux en mai au jardin potager.

Au point de vue légumier, le mois de mai n’est que la répétition du mois d’avril, avec la traîtrise des gelées tardives en moins. On peut donc compter sur une meilleure levée des graines, la température étant généralement plus douce, à condition que la sécheresse ne sévisse pas, ou que l’on puisse arroser.

Les cultures de pleine terre, mentionnées en avril, sont absolument les mêmes en mai, dans les jardins mal exposés, constitués par des terres fortes, froides, manquant d’humus et de calcaire, lesquelles ont largement quatre semaines de retard sur les jardins ensoleillés, établis en terre légère et chaude.

Les semis et plantations étant les mêmes qu’en avril, le lecteur voudra bien se reporter au calendrier des travaux publiés le mois précédent. En terrain amendé et ameubli, on sèmera ; betteraves rouges, carottes, céleris à côtes et raves, cerfeuils, chicorées, choux pommés, choux-fleurs, de Bruxelles, choux-raves, cressons alénois et de fontaine, épinards, haricots, laitues, navets, oignons à graines, oseille, panais, persil, pissenlits, poireaux, poirées, pois, pommes de terre, radis, salsifis, tétragones, tomates.

C’est toujours en mai que l’on effectue les cultures légumières d’approvisionnement, pour la cave et le silo, notamment les semis de carotte nantaise, de rave d’Auvergne, de quintal d’Alsace (chou à choucroute), de haricots pour le grain sec, Soissons, Flageolets et Rognons de coq, à grains blancs, verts et rouges. Pour hâter la levée des haricots, on les sème dans des rayons creusés à la serfouette, puis on les arrose copieusement à la pomme, avant de les recouvrir de terre au râteau.

Semer des pois sucrés de Knight, pour la consommation courante d’août-septembre, et le Roi des Conserves pour la mise en bocaux. Planter plusieurs variétés de pommes de terre à chair fine, et quelques farineuses à grand rendement, pour la consommation d’hiver : Ersterlingen, Abondance de Montvilliers, Fluke géante de Saint-Malo, Quarantaine de la Halle, Quenelle de Lyon, Rosa et Saucisse.

A. L.

Travaux à effectuer en mai au jardin fruitier.

Dès les premiers jours de mai, les sautes de température deviennent bien moins sensibles. Aussi, un grand nombre de parasites, insectes surtout, reprennent leur activité.

C’est le moment où les chenilles de l’hyponomeute du pommier commettent leurs principaux dégâts avant de se nymphoser.

Les larves du bombyx livrée, bien connues des arboriculteurs sous le nom de chenilles à tête bleue, se répandent sur les pommiers, poiriers et en dévorent avec une grande avidité le feuillage.

Le rhynchite conique ou coupe-bourgeons du poirier commence ses ravages ; l’un des principaux moyens de protection consiste à ramasser, pour les brûler, les jeunes pousses à demi-séchées qui, coupées partiellement, pendent avant de se détacher complètement et de tomber sur le sol.

L’anthonome du pommier pond dans les fleurs, encore en boutons, à mesure qu’elles apparaissent, ce qui a pour effet de faire roussir les pétales et d’empêcher le bouton de s’ouvrir, alors que la larve en dévore l’intérieur.

Contre cet insecte, et contre les chenilles des bombyx et de l’hyponomeute, les bouillies arsenicales sont efficaces. On a avantage à préparer des bouillies mixtes, cupro-arsenicales, permettant de lutter à la fois contre la tavelure et contre ces divers parasites.

Vers la fin de mai, on commence à bien distinguer, des fruits restés sains, les poires atteintes par la cécidomyie noire. Ces dernières, en effet, affectent déjà une forme plus ventrue que les fruits sains, ce qui leur fait donner le nom de calebasses et, en les coupant, on trouve, à l’intérieur, un certain nombre de petites larves blanches. Le seul remède est d’enlever les fruits calebassés avant qu’ils ne tombent à terre, c’est-à-dire avant fin mai, et de les brûler aussitôt.

E.D.

Travaux à effectuer en mai au jardin d'agrément.

Mai est un mois de grande activité au jardin d’agrément.

Au début du mois, les corbeilles et les plates-bandes sont en plein effet, la floraison des Tulipes tardives, de beaucoup les plus belles, s’alliant à celle des Pensées, des Pâquerettes, des Myosotis, des Giroflées et formant une gamme de teintes du plus heureux effet.

Renouvellement des garnitures florales.

— Mais, le soleil prenant de plus en plus de force, l’effet de ces plantes printanières s’atténue bientôt, et il devient nécessaire de les remplacer par des végétaux beaucoup plus résistants à la chaleur. Ce sont, soit des plantes vivaces non rustiques, dites plantes molles, conservées en serre l’hiver et bouturées en serre, ou sous châssis et sur couche, soit des plantes annuelles, semées sous châssis et sur couche vers la mi-mars et repiquées une ou deux fois sous verre.

Dès le début du mois, ces plantes sont peu à peu habituées à l’air libre, en tenant compte de leur rusticité plus ou moins grande.

La plantation, dans les corbeilles, se fait, autant que possible, en s’inspirant des mêmes considérations, c’est-à-dire en commençant par les plus résistantes au froid : Fuchsias, Géraniums, Abutilons, Lantanas, Pyrèthre doré, Cinéraire maritime, Pentstemons, Santoline ; en continuant par celles de rusticité moyenne : Ageratums, Héliotropes, Salvias, Gnaphaliums, Œillets d’Inde, Zinnia du Mexique, pour terminer par celles dont la sensibilité aux intempéries est très grande : Coleus, Achyranthes, Alternantheras, Amarantes, Célosies à panache, etc. Ces dernières ne seront plantées que vers la fin du mois dans le Centre et la région parisienne. Ce sont, d’ailleurs, pour la plupart, des plantes utilisées pour les bordures ou pour les mosaïques, que l’on a l’habitude de planter en dernier.

Il n’est cependant pas toujours aisé d’observer l’ordre de plantation ci-dessus indiqué, en raison de la nécessité de mêler des plantes relativement résistantes, et d’autres plus délicates, dans les mêmes compositions florales. Dans ce cas, il vaut mieux, pour les corbeilles où ce mélange est obligatoire, retarder de quelques jours la plantation que de s’exposer à voir les plantes endommagées par un retour offensif du froid.

Semis.

— On peut encore semer, en mai, beaucoup de plantes annuelles que l’on n’a pu, en raison de l’aridité et du froid, semer en avril. Bien entendu, ces plantes ne commenceront à fleurir que plus tard, en juillet-août. Cependant, il sera encore possible d’avoir un effet satisfaisant avec les Clarkias, Coréopsis, Lupins annuels, Cosmos, Œillets d’Inde, Œillets de Chine, Godetias, Reines-Marguerites précoces, Zinnias, etc.

C’est aussi le moment de semer un certain nombre de plantes bisannuelles : Campanule pyramidale, Giroflée quarantaine et Giroflée jaune, Mufliers, Roses trémières, Violette cornue, Auricules, et de plantes vivaces dont certaines fleuriront dès l’année suivante, tandis que la floraison des autres se fera attendre plusieurs années : Pivoines, Roses de Noël, Fraxinelle, etc.

E. D.

Un arbuste précieux.

— Voulez-vous faire des bordures d’allées, de massifs, des ombrages pour d’autres cultures, des haies, des massifs de verdure, plantez du troène du Japon.

Cet arbuste vient bien dans tous les terrains, se contente de n’importe quel coin, du soleil comme de l’ombre, de l’humidité et de la sécheresse. Sous les arbres assez élevés, il croît également d’autant mieux qu’il supporte bien les tailles renouvelées qu’on est obligé de lui faire subir en ces endroits.

Cette faculté de bien supporter la taille fait du troène l’arbuste idéal pour constituer des bordures et des haies décoratives d’un beau vert, persistant même en hiver quand le froid n’est pas trop vif, et que l’on peut entretenir très régulières.

Il faut ajouter, pour énumérer toutes les qualités du troène : il se reproduit bien, les boutures prennent facilement et la croissance en est rapide, la floraison est abondante, le feuillage d’un beau vert brillant est fourni et il garnit bien.

L’action fertilisante de la pluie.

— Un bon arrosage ne remplace pas la pluie, disent les vieux cultivateurs. Ils ont raison, en partie, car il est indéniable que l’action de la pluie paraît plus efficace, plus fertilisante.

Certains ont attribué cette action à l’azote apporté par la pluie, mais il a été démontré que le contingent d’azote apporté par la pluie est trop infime. Par contre, elle est saturée d’oxygène.

Il semble plus probable que les propriétés fertilisantes de la pluie sont dues davantage à cet oxygène qui apporte au sol l’aération nécessaire pour la décomposition rapide du sol et l’assimilation accélérée par les racines des plantes des principes nutritifs qui en résultent. De là, une végétation plus vigoureuse.

Le Chasseur Français N°599 Mai 1940 Page 284