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Travaux à effectuer en avril au jardin fruitier.
Travaux à effectuer en avril au jardin d’agrément.
Peut-on employer la suie au jardin ?
Pour multiplier les œillets.
Les noms des fleurs.

Travaux à effectuer en avril au jardin fruitier.

La saison est maintenant trop avancée pour permettre d’effectuer des traitements d’hiver, sauf cependant sur quelques pommiers à végétation très tardive.

Quant à la taille et au palissage, ils sont, sinon complètement terminés, du moins fort avancés. Il importe, en tous cas, de les achever au plus vite pour éviter les pertes de sève dues aux déplacements des réserves de sève élaborée dans les parties à supprimer lors de la taille.

Au fur et à mesure que les premières fleurs s’ouvrent, on effectue maintenant les traitements de printemps contre la tavelure et contre les chenilles mangeuses de feuilles (chenilles arpenteuses de la cheimatobie ou fileuses de l’hyponomeute). Les meilleures pulvérisations sont celles effectuées au moyen des bouillies cupro-arsenicales.

C’est l’époque où la protection contre les gelées blanches ou les gelées noires tardives devient une éventualité à envisager. Aussi, si l’on dispose de ce matériel, ne faut-il plus tarder à mettre en place les réchauds, et faut-il surveiller de près le thermomètre, afin d’intervenir au moment opportun et d’arriver ainsi à sauver la récolte.

C’est aussi en Avril que l’on procède au regreffage en couronne des arbres déjà âgés qui, pour une raison ou pour une autre, ne donnent pas satisfaction. Le rabattage de ces arbres ayant été effectué dès le mois de janvier, il n’y a qu’à recouper les branches de quelques centimètres et à aviver les plaies à la serpe, afin que la cicatrisation en soit plus facile.

Il n’y a plus guère de poires au fruitier. Les pommes sont plus nombreuses. Il faut continuer à exercer une surveillance active, afin d’enlever à temps les fruits altérés ainsi que ceux qui sont parvenus au terme de leur maturation.

E. D.

Travaux à effectuer en avril au jardin d'agrément.

Pour le jardin d’agrément, comme pour le potager. Avril est un mois très important.

On peut, en effet, faire, en plein air, beaucoup de semis. Mais il est nécessaire, même s’il survient une période particulièrement clémente, de ne pas en déduire prématurément que l’on peut risquer au dehors toutes sortes de semis et de se servir plutôt, pour effectuer ceux-ci, sinon de couches, du moins de châssis froids, afin de préserver les jeunes plantes des gelées blanches qui pourraient leur être nuisibles.

Semis.

— En plein air, on sèmera les clarkias, godetias, coréopsis, cosmos, le lavatera, le lin à grande fleur, les œillets de Chine, le réséda odorant, le souci à fleurs doubles, le chrysanthème à carène, le chrysanthème des jardins, l’adonis goutte de sang, la campanule Miroir de Vénus, le Collinsia bicolor, l’Eschcholtzia de Californie, etc., toutes ces plantes étant susceptibles de fleurir dans le cours de la belle saison. On sèmera aussi un grand nombre de plantes vivaces, dont la floraison ne peut être escomptée que pour l’année suivante : Asters, Benoite écarlate, Galendrinie en ombelle, Chrysanthèmes vivaces, Digitale pourpre, Galéga officinal, Pieds-d’alouettes vivaces, Potentilles, Saponaire officinale double, Silène Schafta, etc.

Éclatages.

— La première quinzaine d’avril se prête encore à la multiplication des plantes vivaces fleurissant à la fin de l’été et à l’automne : hélianthus, asters, héléniums, chrysanthème des lacs, solidagos, anémone du Japon, etc. Celles-ci sont éclatées en un certain nombre de quartiers, dont chacun forme une nouvelle touffe, et qui sont plantés à part.

Plantations.

— Au cours de la deuxième quinzaine, on divise les souches de dahlias, jusque-là conservées à la cave ou au cellier, et on les met en place. On continue également la plantation des glaïeuls hybrides, montbretias, anémones et renoncules qui fleuriront pendant l’été.

Multiplication des plantes d’été.

— Dans les serres et sur les couches, on poursuit très activement la multiplication et l’élevage des plantes molles qui serviront, dans la deuxième quinzaine de Mai, à la plantation des corbeilles. Il est encore possible de bouturer, en Avril, certaines de ces plantes qui se développent rapidement : ageratums, coleus, salvias, tandis qu’on place sur couche les bégonias à végétation continue de semis, ainsi que les fuchsias, ageratums, gnaphaliums, héliotropes, bouturés en Février-Mars, dans la serre à multiplication, et rempotés en godets de 7 à 8 centimètres.

À partir du 15 Avril, les géraniums et les anthémis peuvent fort bien être sortis de la serre et placés dans un endroit bien exposé où l’on enterre les pots. Comme les gelées et la grêle sont, à cette époque, encore à redouter, on fera bien d’établir, au-dessus des plantes, un léger bâti qui permettra de les abriter, tant que le besoin s’en fera sentir, avec des claies ou des paillassons.

Dans les derniers jours du mois, on aère de plus en plus les plantes qui restent sous châssis, de façon à les endurcir progressivement. À la fin de la première semaine de Mai, on enlèvera complètement les châssis le jour pour les remettre encore quelque temps pendant la nuit. C’est seulement du 15 au 20 Mai, c’est-à-dire quelques jours avant la plantation en pleine terre des plantes, que celles-ci seront laissées à l’air libre jour et nuit.

E. D.

Peut-on employer la suie au jardin ?

— Mélangée pendant quelques mois avec de la terre végétale, la suie forme un composé excellent qui donne de la vigueur aux végétaux, aux arbres et fait périr les insectes qui ont des galeries dans le sol. C’est un engrais et un insecticide, mais il faut l’employer avec modération. Il faut la mélanger avec 50 à 60 p. 100 de terre et répandre un peu du mélange bien fait autour des plantes, à la petite volée. Employée avec excès, la suie pourrait nuire aux jeunes plantes et semis.

Mélangé au fumier, ce mélange de terre et de suie fait un fameux compost.

Pour multiplier les œillets.

— Cette belle fleur, au parfum suave, aux teintes variées, constitue des parterres de tons différents, véritables mosaïques longtemps fleuries, qui ornent agréablement les jardins ; ils fournissent, en outre, de nombreuses fleurs à couper pour ornementer nos intérieurs. Aussi le désir d’en avoir autant et même plus se fait-il naturellement toujours sentir. Voici comment procéder pour multiplier au mieux les œillets :

1° Par marcottage.

— Opérer de préférence de fin juin à fin août. Choisir deux ou trois pousses vigoureuses partant de la base, relever sur chacune d’elles un nœud très développé dont on enlève les feuilles et que l’on coupe jusqu’au centre de la branche en remontant jusque vers le sommet de la tige.

Ameublir la terre autour des pieds-mères, incliner la plante incisée, placer un petit crochet de bois au-dessus de l’incision et redresser perpendiculairement, avec précaution, le bout incisé que l’on butte alors légèrement. Arroser un peu, davantage si le sol est sec.

Les racines commenceront à se former au bout d’un mois. La nouvelle plante ne sera enlevée qu’à l’automne, ou mieux au printemps suivant ;

2° Par bouturage.

— Choisir des boutures bien saines de 7 à 8 centimètres de longueur. Les enterrer à 3 centimètres de profondeur dans des pots contenant de la bonne terre et ne recevant le soleil que deux heures environ par jour. Les racines se développent lentement : il ne faut pas recouvrir la bouture ; sous cloche ou sous châssis, les résultats sont parfaits. Procéder de fin juin à septembre, et planter les jeunes pousses, ensuite, en pleine terre, en avril, de 30 en 30 centimètres de distance. Leur mettre des tuteurs légers.

Les noms des fleurs.

— Certains noms de fleurs nous paraissent bizarres, et il arrive que l’on se demande d’où ils peuvent bien tirer leur origine.

Voici, à titre de curiosité, quelle serait l’origine du baptême de certaines fleurs bien connues :

Les bégonias doivent leur nom à un sieur Bégon, qui fut intendant à Saint-Domingue, sous l’ancien régime.

Le Père Caméli a baptisé le camélia ; le botaniste écossais Garden, le gardénia ; le botaniste français Magnol, le magnolia ; le botaniste allemand Fuchs, le fuchsia.

Une grande duchesse de Russie a donné son nom au paulownia ; la femme d’un horloger parisien à l’hortensia. Est-il besoin de dire que Bougainville fit abandon de son patronyme au bougainvilléa ?

Le Chasseur Français N°598 Avril 1940 Page 223