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Éclairage électrique

La salle à manger.

— Pour le principal, l’éclairage de la salle à manger obéit au même souci que celui de la salle commune (étudié le mois dernier) : c’est toujours la table où l’on se groupe pour les repas qui doit être particulièrement bien éclairée. Mais ici, cette table est toujours au centre de la pièce, et l’appareil électrique se fixe au milieu du plafond, sans hésitation.

Par contre, la salle à manger comporte un ameublement plus luxueux ou, en tout cas, moins hétéroclite, qui exige un appareil d’éclairage également un peu plus luxueux ou fantaisiste. On adoptera donc un lustre plus ou moins compliqué, d’un système semi-indirect (si le plafond est blanc ; avec un plafond de teinte sombre, on est réduit à l’éclairage semi-direct). Toutefois, on a remarqué que, pour faire scintiller agréablement les cristaux et l’argenterie — et même les bijoux des dames — il est bon que la lumière contienne une partie de rayonnement direct, au moins pour les repas de cérémonie ! Un genre d’appareil, qui a eu beaucoup de succès et qui est encore très répandu, répond bien à ces conditions : il comprend une coupe translucide (en pâte de verre dépoli, plus ou moins ornementée), entourée de trois tulipes ouvertes vers le bas. On équipe la coupe avec une seule ampoule assez puissante (60 watts, par exemple) qui, le plus souvent, sera seule allumée ; les trois tulipes ont des ampoules dépolies, plus faibles (25 watts) : l’une, pouvant s’allumer seule, procurera l’éclairage le plus économique, suffisant lorsqu’il s’agit seulement de circuler dans la pièce ; et enfin, les jours de réception, on allume tout ensemble. Beaucoup d’autres dispositifs procurent des résultats analogues, également satisfaisants, à condition d’avoir au moins deux ou trois ampoules s’allumant séparément, et d’être placés de sorte que les lampes donnant un éclairage direct ne risquent pas d’éblouir : il faut donc, ou bien qu’elles soient assez haut pour être normalement hors de la vue des convives, ou, au contraire, qu’elles soient assez bas pour que les tulipes ou abat-jour qui les entourent s’interposent entre le filament lumineux et les yeux des personnes assises à table.

On peut aussi combiner soi-même un ensemble, dont les divers éléments sont fixés séparément au plafond. Par exemple, on placera au milieu un appareil relativement simple, une petite coupe, ou une boule de verre dépoli, ou une simple plaque de verre dépoli, avec une ampoule au-dessus : et on laissera pendre autour, à une certaine distance, deux ou plusieurs tulipes — suivant les dimensions et la forme de la pièce — accrochées directement au plafond par une petite longueur de fil souple torsade, ou mieux, par une cordelière ou une chaînette spéciales dissimulant les fils conducteurs, ou, encore, par un petit tube métallique, prélevé dans une tringle de brise-bise. Dans cet ordre d’idées, l’imagination et le goût d’un bricoleur adroit peuvent se donner libre cours, en ne négligeant pas un isolement électrique soigné de ces dispositifs fantaisistes.

En dehors des repas, la table de la salle à manger est souvent utilisée pour l’exécution de certains travaux fins (coupe et couture, pour la ménagère ; étude des leçons et devoirs, pour les écoliers) exigeant un éclairage intense, mais localisé : si l’on recherche l’économie, on pourra obtenir le résultat voulu par une lampe portative, qui, sans éblouir, ne devra pourtant pas laisser l’ensemble de la pièce trop obscur : il faut choisir un abat-jour translucide, et non pas complètement opaque.

Dans les logements les plus modestes, où l’on veut simplifier l’installation à l’extrême, dans une pièce généralement petite, on se contentera d’équiper l’unique lampe centrale avec une suspension à tirage. Il en existe de nombreux modèles, dont certains sont assez coquets, sans être bien coûteux : soit avec un contrepoids central et un large abat-jour entourant bien l’ampoule (qui sera dépolie), soit avec un enrouleur à ressort et une boule opale formant diffuseur.

Le salon.

— Le salon est la pièce essentiellement luxueuse, pour l’installation de laquelle on bannit tout souci d’économie. D’ailleurs, une lumière très intense n’y est pas nécessaire. On réalise d’abord un éclairage général très doux, par des appareils indirects : soit un lustre accroché au plafond, soit plutôt des appareils d’une conception plus originale, torchère à long pied reposant sur le sol, petit appareil posé sur le sommet d’un meuble, ou, simplement, réflecteur spécial dissimulé dans une potiche, dans le haut d’un meuble ou derrière une corniche fixée aux murs. Les appareils visibles doivent être, dans une certaine mesure, assortis au style de la pièce ; tandis que les systèmes entièrement dissimulés ne risquent pas de jurer, même avec un ameublement ancien homogène.

En plus de cet éclairage de base, on n’hésitera pas à multiplier d’autres sources de lumière, qui, munies d’ampoules relativement peu puissantes et s’allumant indépendamment, fourniront d’ailleurs un éclairage économique, quand une ou deux personnes seulement se tiennent dans la pièce. Avec un ameublement ancien, on choisira des appliques de style assorti, équipées de fausses bougies, et fixées aux murs de chaque côté d’une glace, par exemple, au-dessus de la cheminée, etc. Dans un salon moderne, on montrera plus de variété et de fantaisie, avec des lampes portatives posées sur les meubles, ou avec des appliques à éclairage semi-indirect (genre : demi-coupes) ; on peut aussi dissimuler une ampoule pour éclairer spécialement, dans un coin du salon, soit une plante verte, soit un aquarium ou une cage d’oiseaux, etc. Le seul principe qu’il faut toujours respecter soigneusement, répétons-le, c’est d’éviter tout risque d’éblouissement, même indirect, par réflexion du rayonnement d’une ampoule dans une glace, ou sur le panneau trop brillant d’un meuble verni ; s’assurer notamment que les tableaux, peintures ou autres, ne deviennent pas complètement invisibles, par suite de reflets éblouissants.

(À suivre.)

J. KAEPPELIN,

Ingénieur E. S. E.

Le Chasseur Français N°599 Mai 1940 Page 299