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Au jardin d’agément

Quelques arbustes à fleurs

Les massifs d’arbres et d’arbustes d’ornement constituent l’un des principaux éléments de la décoration du jardin paysager.

Beaucoup d’arbustes sont intéressants par leur floraison. Mais c’est surtout parmi ceux dont les feuilles tombent en hiver que l’on en trouve le plus grand nombre. La floraison a lieu, pour certains, au printemps et au début de l’été ; pour d’autres, à la fin de l’été et en automne ; pour d’autres encore, au cœur même de l’hiver. Plusieurs peuvent fournir des fleurs coupées pour la confection de gerbes et de bouquets susceptibles d’être utilisés dans la décoration des appartements.

Parmi ces arbustes à fleurs, les Rosiers occupent incontestablement le premier rang. Aucun jardin ne se conçoit s’il ne comporte au moins quelques rosiers. Dans les propriétés importantes, on fait même des jardins composés entièrement de rosiers, ce qui permet de mettre en valeur, de façon parfaite, les diverses catégories ; rosiers nains, rosiers à haute tige, grimpants ou pleureurs.

Les Lilas sont aussi très populaires. À côté de variétés à fleurs simples, de coloris extrêmement vifs et variés, on a aujourd’hui des variétés doubles de toute beauté dont les inflorescences énormes ne ressemblent plus en rien à celles des races anciennement cultivées. Citons seulement, parmi beaucoup d’autres : Souvenir de L. Spath, simple pourpre violacé ; Madame Lemoine, double blanc ; Charles Joly, double rouge très foncé ; Michel Buchner, double bleu porcelaine, etc.

Quelques autres arbustes, à floraison de printemps ou du débat de l’été, sont presque aussi intéressants, par exemple les suivants :

Le Cognassier ou Pommier du Japon, charmant buisson aux rameaux étalés se couvrant, en avril, de fleurs aux couleurs voyantes variant, suivant les variétés, du blanc rosé au rouge écarlate très foncé ;

Les Deutzias, originaires de la Chine et du Japon, dont il existe de nombreuses espèces : les unes très naines, comme le Deutzia gracilis aux nombreux rameaux effilés ; les autres plus grandes, comme le Deutzia crenata dont les magnifiques grappes de clochettes blanches ou roses font l’ornement des massifs en juillet ;

Les très nombreuses Spirées et, parmi elles, le Spiræa Bumalda, espèce naine à fleurs roses, disposées en larges corymbes, s’épanouissant de juin à août, et le Spiræa Van Houttei, autre espèce fort ornementale avec ses innombrables petits bouquets de fleurs blanches disséminés sur des rameaux fins et gracieusement recourbés qui donnent à la plante, par leur ensemble, lors de la pleine floraison, l’impression d’un buisson entièrement couvert de neige ;

Les Seringats et, notamment, le Seringat odorant, arbuste vigoureux qui se plaît assez bien à l’ombre des grands arbres et produit à profusion, en mai-juin, de très jolies fleurs blanches douées d’un parfum agréable ;

Les Forsythias, surtout l’un des plus précoces, le Forsythia Fortunei, dont les très nombreuses fleurs jaune vif, en clochettes pendantes, paraissent, dès le mois de mars, avant les feuilles, et durent un mois environ ;

Les Diervillas ou Weigetias, qui fleurissent tout de suite après les lilas et donnent une seconde floraison vers la fin de l’été et dont les coloris, très variés, s’échelonnent du blanc au rouge foncé en passant par tous les tons du rose ;

Les Groseilliers d’ornement et, particulièrement, le Ribes atrosanguineum, à fleurs rouge éclatant, et le Ribes Gordonianum, superbe espèce très florifère dont les grappes de fleurs orangées sont des plus ornementales en avril-mai.

Nécessairement, la taille des espèce qui précèdent doit s’effectuer seulement lorsque la floraison est terminée, afin de ne pas nuire à celle-ci. Cette taille consiste en un rabattage des rameaux qui viennent de fleurir. Elle permet la formation, dans le cours de la belle saison, de nouvelles pousses vigoureuses, aptes à fleurir au printemps suivant sur toute leur longueur.

Parmi les arbustes qui fleurissent a la fin de l’été et en automne, il est possible de recommander tout spécialement quelques espèces :

Les Altheas ou Hibiscus syriacus, intéressants par la grande variété de leurs coloris blancs, roses, rouges, violets, et aussi par leur abondante floraison qui se prolonge de fin juillet aux gelées ;

Le Caryopteris mastacanthus, très joli arbuste nain et touffu donnant à profusion, de juillet à octobre, de jolies fleurs bleues disposées en petits bouquets axillaires ;

Les Céanothes, dont il existe aussi beaucoup de variétés, à fleurs en grappes légères, blanches, bleu pâle, rose carné ou carmin lilacé ;

L’Hydrangea paniculata qui donne, d’août à octobre, d’énormes panicules de fleurs blanches à l’extrémité de longues tiges dressées ;

Le Tamarix hispida, au feuillage plumeux et aux jolies fleurs roses en légers épis qui font un merveilleux effet en septembre et octobre, surtout dans les endroits un peu frais et ombragés ;

Le Buddleia variabilis Weitchiana, arbuste de grande vigueur, donnant, d’août jusqu’aux gelées, de très longues grappes violet mauve d’un joli effet décoratif.

La taille des arbustes de ce dernier groupe s’effectue en hiver. Il n’y a aucun inconvénient, il n’y a même qu’avantage à tailler court, les rameaux qui naissent donnant, au terme de leur végétation, des fleurs d’autant plus belles qu’ils se sont développés avec plus de vigueur.

La plantation des arbustes à feuilles caduques, dont il est question ci-dessus, s’effectue d’octobre à mars, dans les parties du jardin qui ont été, dans ce but, défoncées, sur toute leur étendue, à une profondeur de 40 à 50 centimètres. Dans les jardins de campagne, les arbustes intéressants par leur floraison peuvent entrer, pour une grosse part, dans la composition des massifs. Tout au plus doit-on y comprendre un tiers d’arbustes qui conservent leurs feuilles en hiver.

La, situation est très différente dans les petits jardins de ville destinés surtout à être visités pendant la mauvaise saison et devant, en conséquence, conserver une note de verdure plus accusée durant cette période. Il est indiqué de faire entrer, dans la plantation de ces derniers, au moins moitié, et même souvent les deux tiers d’arbustes à feuilles persistantes.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°600 Juin 1940 Page 351