Le film standard, utilisé dans l’industrie cinématographique
et dans l’exploitation des salles publiques, a une largeur de 35 millimètres,
et les images ordinaires de ce film ont une dimension de 18 x 24
millimètres (pour le film « muet »).
Les films adoptés par les amateurs ou les
semi-professionnels, pour la prise de vues, et plus encore pour la projection,
sont plus étroits, d’où leur nom de films étroits ou de films réduits.
On peut ainsi employer le film de 16 millimètres, c’est-à-dire de 16 millimètres
de largeur, le 8 millimètres, qui est en réalité un film de 16 millimètres
coupé en deux suivant l’axe, et, enfin, le film 9mm,5 spécialement
utilisé en Europe, et surtout en France.
Cette division des formats n’a rien d’anormal ; il
existe bien de nombreux formats en photographie, et il y a des modèles de 9 x 12
centimètres, ou plutôt de 6 x 9 cm représentent désormais les
appareils de grand format, et des modèles de 6 x 6 centimètres, de 4 x 4,
ou de 24 x 36 millimètres qui constituent les appareils de petit
format. En cinématographie, le 16 millimètres, de même, est le grand
format ; les petits formats sont le 9mm,5 et le 8 millimètres.
Plus la largeur du film est grande, plus les dimensions des
images à enregistrer sur sa surface sont importantes, et moins le film compte
évidemment d’images distinctes, pour une même longueur, puisque la hauteur de
chaque image est plus grande. Les images portées sur le film servent ensuite à
la projection, mais la cadence de projection, c’est-à-dire le nombre d’images
projetées par seconde, est la même pour tous les formats.
Il y a évidemment intérêt, au point de vue de l’économie, à
obtenir la plus longue durée de projection, avec le minimum de longueur de
film ; c’est là une raison pour choisir le format le plus réduit, si l’on
cherche l’économie. Plus le film est réduit, d’autre part, plus les appareils
correspondants, de prise de vues et de projection, sont eux-mêmes réduits, et,
par suite, moins coûteux et plus faciles à employer.
Le film de 16 millimètres porte une image de 7mm,8 x 10mm,5 ;
le film de 9mm,5, une image de 6mm,5 x 8mm,5 ;
et enfin, le film de 8 millimètres, une image de 3mm,7 x 5
millimètres. Mais il ne suffit pas de comparer les largeurs du film et les
formats des images, si l’on veut effectuer une étude comparative exacte des
trois formats.
Lorsqu’on examine une bande de film, on remarque sur cette
bande des perforations de petites dimensions, de formes
approximativement rectangulaires ; ces perforations sont disposées à
droite et à gauche des images, pour le film de 16 millimètres, sur un côté
seulement pour le film de 8 millimètres, et, suivant l’axe, pour le film
de 9mm,5.
À quoi servent ces perforations ? Pour obtenir la
projection cinématographique, le film doit se déplacer d’un mouvement saccadé
mais régulier, dans l’appareil de prise de vues, comme dans le projecteur, à l’aide
d’un mécanisme autrefois actionné à la main, mais qui est maintenant
automatique, et mis en action par un moteur à ressort ou électrique.
L’entraînement ne peut se faire par pression, car on
risquerait de détériorer les images placées à la surface du film ; les
perforations permettent aisément cet entraînement, à l’aide de dents et de
griffes mobiles venant engrener dans les ouvertures.
Les perforations sur le film de 16 millimètres occupent
une certaine surface, à droite et à gauche des images, ce qui restreint
la surface disponible pour les images elles-mêmes.
Dans le film de 8 millimètres, les perforations ne se
trouvent que d’un seul côté ; la surface du film occupée est donc plus
faible, et une plus grande partie du film peut servir efficacement à porter les
images.
L’entraînement ne s’effectue que d’un côté ;
mais le procédé n’a pas d’inconvénient pratique, et la régularité du mouvement
demeure satisfaisante.
Dans le 9mm,5, les perforations sont disposées suivant
l’axe du film, de telle sorte qu’elles ne réduisent pas la surface disponible
des images, et seulement très peu la hauteur de celles-ci.
Pour le film de 16 millimètres, la surface d’une image
est de 80 millimètres carrés : la surface totale du film
correspondante étant de 122 millimètres carrés, le coefficient
d’utilisation, ou rapport de la surface des images à la surface totale du film,
est de 0,65.
Pour le film de 8 millimètres, la surface d’une image
est de 18mm2,5, la surface de film correspondante de 30mm2,5,
et le coefficient d’utilisation de 0,60.
Pour le 9mm,5, enfin, la surface d’une image est
de 55mm2,2, la surface de film correspondante est de 71mm2,6
et le coefficient d’utilisation de 0,77.
C’est donc ce film qui présente le plus grand coefficient
d’utilisation, et qui peut être considéré comme le format le plus économique du
monde.
Malheureusement, cette disposition des perforations suivant
l’axe du film et dans l’intervalle horizontal des images, peut présenter
parfois quelques inconvénients pour la régularité de l’entraînement et offre
surtout des dangers de rayures très gênantes de la surface de l’image, si l’on
n’a pas à sa disposition une caméra et un projecteur parfaitement étudiés au
point de vue mécanique et soigneusement entretenus.
Notons encore qu’il est un format plutôt destiné au
semi-professionnel, et à la petite exploitation qu’aux amateurs, mais encore
très employé pour la projection en France, le 17mm,5, réalisé en
coupant de moitié un film de 35 millimètres, et dont l’entraînement est
assuré par des perforations latérales. Le format de l’image du film muet est de
9 x 13 millimètres.
Le film le plus réduit et de meilleur rendement, le 9mm,5,
est ainsi le plus économique ; pour ceux qui craignent les inconvénients
des perforations centrales, le 8 millimètres, format le plus récent,
d’origine américaine, constitue, par excellence, le format d’amateur. Mais ce
film très réduit porte des images vraiment minuscules, de surface quatre fois
inférieure, évidemment, à celle du 16 millimètres ; cette
réduction des dimensions de l’image n’offre-t-elle pas de graves
inconvénients ?
Malgré les progrès des émulsions, des appareils de prise de
vues et des projections, des procédés de développement et de tirage, on ne peut
tout de même obtenir avec une image aussi réduite une projection de surface
aussi grande qu’avec un film de 16 millimètres, ou un film standard ;
le grossissement nécessaire serait tel qu’il ferait apparaître les moindres
défauts, et même le « grain » de l’image, et nécessiterait des
procédés de refroidissement complexes, pour éviter la détérioration du film.
Avec un film de 8 millimètres, il faut donc normalement
se contenter d’une largeur d’écran de l’ordre de 1 mètre ; c’est très
suffisant pour la projection d’amateur normale, et cela ne pourrait être gênant
que pour des grandes salles, pour l’enseignement, la documentation, la petite
exploitation, dans les écoles, les patronages, les foyers du soldat, les
cantonnements, dans ces multiples installations, si nombreuses aujourd’hui.
Pour augmenter la surface de la projection, obtenir des
images de 2 à 4 mètres de base, il faut alors avoir recours, d’abord au 9mm,5
puis au 16 millimètres, à défaut du 17mm,5.
Le 16 millimètres paraît actuellement le format idéal,
aussi bien pour la projection que pour la prise de vues, et ne présente qu’un
seul inconvénient : son prix élevé, particulièrement sensible lorsqu’on
effectue des prises de vues.
Il n’y a pas que les dimensions de la projection qui soient
limitées, en principe, par l’adoption, d’un film de format très réduit ;
il y a aussi plus ou moins le sujet des images choisies, surtout à
l’enregistrement.
Si la largeur et la surface des images sont très réduites,
il devient moins facile d’y faire figurer, d’une façon agréable, des vues très
larges et très détaillées de paysages, des monuments, des panoramas, des
foules, comportant un grand nombre de personnages ; les meilleurs
résultats sont obtenus avec des gros plans de portraits en buste ou en pied et
la difficulté provient essentiellement de la réduction de l’image projetée.
Ceci ne signifie pas que l’adoption d’un film très réduit,
comme le 8 millimètres, limite exclusivement le champ des possibilités du
cinéaste, mais simplement que les dimensions de la projection, pour obtenir des
résultats vraiment agréables et artistiques, doivent être adaptées au format
même du film, si l’on ne veut pas, en voulant toujours améliorer le résultat
final, diminuer réellement la qualité des résultats obtenus.
En résumé, et d’après ces indications, quel format faut-il
choisir ? Si l’on a les moyens suffisants, tant pour l’achat des appareils
de prises de vues et de projection que pour celui des films, aucune hésitation
ne paraît possible. Le 16 millimètres, dont il existe des émulsions
variées et remarquables, aussi bien en noir qu’en couleurs, constitue un
véritable format universel substandard, se prêtant à la représentation de tous
les sujets.
Le prix élevé du 16 millimètres est moins gênant pour
la projection seulement, lorsqu’on se contente de louer des films édités
industriellement ; là encore, il offre toutes les possibilités, aussi bien
pour constituer des programmes récréatifs, que pour l’enseignement et la documentation
scientifiques.
Mais, si l’on considère le problème de la prise de vues plus
spécialement, et même, en général, celui de la projection pour l’amateur moyen,
en ces temps difficiles, le facteur économique prend une importance qui n’est
pas à négliger ; les prix des bobines de film vierge sont très élevés, et,
malheureusement, il ne faut guère espérer des diminutions de prix. Aussi,
l’amateur porte-t-il plutôt son attention vers un format économique, permettant
d’utiliser avant tout un appareil de prise de vues très léger et très réduit,
un projecteur extrêmement simple, et de faibles dimensions. Il porte donc ses
préférences vers le 8 millimètres, qui constitue, à l’heure actuelle, le
film idéal du débutant et de l’amateur moyen.
Quant au 9mm,5, l’image qu’il porte est plus
grande que celle du 8 millimètres, et presque aussi haute que celle du 16 millimètres,
ce qui permet, en particulier, d’établir des projecteurs bi-films servant à
volonté pour le 16 ou pour le 9mm,5 ; on peut certainement
obtenir avec le 9mm,5 de bonnes projections, de surface relativement
grande ; l’inconvénient réside, comme nous l’avons montré, dans
l’entraînement par perforations centrales, qui exige de grandes précautions,
pour la construction des dispositifs d’entraînement, et leur entretien. Les
émulsions des films vierges, destinés à la prise de vues, sont également moins
variées que pour le 8 millimètres, et il n’existe pas encore d’émulsions
en couleur pratiques. Malgré tout, ce format conserve, avec raison, de nombreux
partisans en France.
P. HÉMARDINQUER,
Ingénieur-conseil.
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