Après avoir entretenu nos lecteurs de l’utilisation normale
des poudres de chasse, il nous paraît utile d’examiner certaines particularités
relatives à leur contenant : nous voulons parler des douilles de chasse,
qui doivent être étudiées et choisies en relation étroite avec le type de
poudre qu’elles sont destinées à utiliser.
Nous étudierons en premier lieu les douilles en carton, nous
réservant de dire ultérieurement quelques mots des douilles métalliques. Toute
douille normale comporte essentiellement un tube et un culot en carton,
accessoirement un renfort métallique intérieur. Le culot est maintenu en
liaison avec le tube au moyen d’une mince feuille de laiton qui en épouse
exactement la forme. Tout cet ensemble doit avoir, à de très faibles tolérances
près, des dimensions telles que l’introduction et l’extraction de la douille
soient faciles.
Le renfort intérieur, caractéristique des qualités
supérieures, a un double but : augmenter la résistance de la douille et
protéger la poudre contre l’humidité. Il est indispensable, particulièrement
avec l’emploi des poudres pyroxylées, que la hauteur de ce renfort soit
déterminée de manière à ce que la charge normale puisse trouver sa place sans
compression et sans ballottement ; cette hauteur doit donc être fonction
de la forme intérieure du culot.
Dans les anciennes douilles destinées à l’usage de la poudre
noire, le culot était toujours à fond plat et, en raison des facilités
d’inflammation de ce genre de poudre, la mise à feu était obtenue avec une charge
de fulminate assez réduite.
Lors de l’apparition des poudres en lamelles, on eut
l’impression qu’il y avait un certain avantage à employer un culot à fond
conique dans lequel les lamelles s’orientaient plus avantageusement par rapport
au centre de déflagration ; en même temps, on augmenta la quantité de
fulminate de quelques milligrammes. On arriva à obtenir ainsi de très bonnes
vitesses, une régularité suffisante et surtout des pressions inférieures à
celles que donnait le culot plat.
Quelques années plus tard, la réduction des dimensions des
lamelles rendit le culot conique moins indispensable. Ce culot a toujours, en
principe, été réservé à la poudre T, les autres types de poudre pyroxylée
étant employés avec la douille à culot plat.
Mais, actuellement, on juge avec beaucoup de raison que ces
diverses formes de culot sont la source de complications dans la fabrication et
dans l’approvisionnement des stocks. On est donc revenu à une douille à culot
moyen, dont la forme est intermédiaire entre les deux profils précédents. Après
épuisement de tous les stocks existants, seule cette douille restera à la
disposition des chasseurs et leur donnera satisfaction pour les divers types de
poudre pyroxylée.
Parallèlement aux variations dans la forme du culot, nous
assistons, dans l’histoire de la douille, à un renforcement progressif du poids
de fulminate inclus dans l’amorçage, renforcement jugé indispensable avec
l’emploi des poudres pyroxylées. C’est ainsi que nous avons d’abord connu
l’amorçage dit 6,45 en laiton, de forme aplatie, qui donnait d’excellents
résultats avec les poudres noires et les poudres pyroxylées en grains. Plus
spécialement destiné aux poudres pyroxylées et à la poudre T apparut
ensuite l’amorçage fermé C. 35 et C. 40, ainsi dénommé parce que sa
charge contenait 35 ou 40 milligrammes de fulminate de mercure.
Un peu plus tard, on présenta sur le marché les amorçages S. 35
jaune et S. 40 rouge, dont la nature de la composition fulminante
différait un peu de la précédente.
La recherche de la perfection fit apparaître ensuite les
amorçages S. 37, 5 jaune pour douilles à culot plat et S. 37, 5 rouge
pour douilles à fond conique.
Enfin, la douille à culot standard à fond mi-conique
s’emploie avec l’amorçage S. 41 rouge. Pour les douilles de qualité
ordinaire, on conserve l’amorçage large 6,45 et dans la pratique nous ne
rencontrerons plus dans l’avenir que ces deux types d’amorçage qui répondent
aux besoins courants des chasseurs.
On voit donc comment, pour la douille de qualité, la
quantité de composition fulminante a été progressivement relevée de 35 à 41
milligrammes, dans le but d’obtenir une meilleure inflammation.
Dans ces divers types d’amorçage, l’ingéniosité des
fabricants s’est d’ailleurs exercée à rechercher la forme la plus parfaite au
point de vue de la propagation de la flamme à l’intérieur de la charge de
poudre, à obtenir d’une percussion normale une inflammation à la fois sûre et
sensible et à protéger le fulminate contre l’humidité. L’industrie française
des munitions peut à bon droit être fière de la qualité de ses produits, et
certaines douilles étrangères sont munies d’amorçages français.
Nous ne dirons que peu de choses du tube de carton ;
les chasseurs d’autrefois ont connu la fente longitudinale des douilles, les
ruptures au culot, tous incidents imputables au désir des fabricants de
l’époque d’offrir la marchandise au plus bas prix possible. Actuellement, on
peut dire que, même dans les qualités ordinaires, la douille est excellente et
que ces menus incidents sont inconnus.
Nous ne pouvons en terminer avec la douille sans parler du
bourrelet destiné à se loger dans l’évidement correspondant du canon, évidement
nommé drageoir. Pour le malheur des chasseurs, il y a eu plusieurs types de
bourrelets, et particulièrement à l’étranger certains types de douilles sont si
largement dimensionnées qu’elles rendent parfois pénible la fermeture de nos
armes. Inversement, un bourrelet normal, logé dans une fraisure trop grande
pratiquée en vue de l’usage d’un gros bourrelet, donne assez souvent lieu à des
ratés par suite d’une percussion insuffisante. En France, l’unification a fini
par se faire entre les fabricants sur le bourrelet dit no 2
mince, destiné à toutes les armes actuelles.
Très récemment nous avons vu apparaître sur le marché des
douilles métalliques. Nous pourrions dire réapparaître, car il y a bien
longtemps que l’étui en métal a été proposé, essayé et ... abandonné. En
raison de sa faible épaisseur, il permet, pour un calibre donné, de surcharger
la cartouche : ce n’est pas d’ailleurs un avantage certain,
l’échelonnement des calibres usuels offrant un choix très suffisant pour ne pas
créer de types intermédiaires. L’étui métallique nécessite, en outre, des
bourres spéciales, un sertissage particulier et son prix n’a rien d’avantageux.
Nous croyons que, cette fois encore, il ne supplantera pas l’étui carton.
Pour les chasseurs qui recherchent une protection
particulièrement assurée contre les intempéries, la douille carton entièrement
recouverte de laiton mince donne l’avantage d’une protection parfaite et d’un
sertissage normal. On a créé également pour les colonies des douilles
métalliques réamorçables qu’il ne faut pas confondre avec les douilles
minces ; elles sont en effet au calibre intérieur normal des douilles carton.
Elles rendent de grands services aux chasseurs qui ne peuvent facilement
s’approvisionner de ces dernières.
Enfin, signalons que l’on a remplacé dans certaines qualités
de douilles le couvre-culot extérieur en laiton par un couvre-culot en métal
blanc d’un prix moins élevé et d’un aspect convenable.
Nos lecteurs estimeront certainement à la lecture de ces
quelques notes que l’industrie des munitions a amplement rempli sa tâche, en
mettant à leur disposition des douilles standardisées, d’excellente qualité, et
parfaitement appropriées aux diverses variétés de poudres.
M. MARCHAND,
Ingénieur E. C. P.
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