La hulotte (Syrnium aluco), qu’on appelle chouette
des bois, est l’espèce type du genre chat-huant. C’est le chat-huant, lui-même
bien connu, et dont le nom est lié à tant de légendes tristes ou macabres,
alors que ce pauvre oiseau est aussi innocent que tous ses congénères des maux
dont on l’accuse.
Le chat-huant évoque mille légendes, et cela dans toutes les
provinces de France. Son nom est attaché à notre histoire, puisqu’il a formé
celui de chouan, qui n’en est que la corruption. On sait que les chouans
s’appelaient en imitant le cri de cet oiseau : hoho, hoho, hoho, qui
ressemble à un appel. C’est aussi le cri qu’emploie l’oiseleur, lorsqu’il veut
à la pipée attirer les petits oiseaux.
La hulotte, ou chat-huant, est un véritable
nocturne ; elle ne sort que la nuit, elle est de mœurs sauvages, elle
craint le voisinage de l’homme et gît aussi loin de lui qu’elle le peut. C’est
dans les grands bois qu’elle fixe sa résidence et s’y reproduit.
L’espèce est sédentaire dans toutes les forêts
d’Europe ; elle est commune en France dans les régions boisées ; elle
craint les bois isolés, mais elle aime les futaies de chênes ou de
châtaigniers. Elle installe son nid dans un trou d’arbre, où elle dépose trois
ou quatre œufs arrondis, d’un blanc pur ou lustré. Elle se nourrit de rongeurs,
d’écureuils, de chauve-souris, de mulots, de reptiles et de gros insectes.
C’est, par conséquent, un oiseau très utile, qu’il est
fâcheux de tuer ; il faut au contraire le protéger. Il est vrai qu’on ne
le rencontre pas souvent, car, étant tout à fait nocturne, il ne se laisse que
très rarement surprendre par le jour hors de ses demeures.
La hulotte est un peu plus grande que le hibou commun, avec
lequel elle ne saurait être confondue, car elle n’a pas de cornes ; elle a
la tête ronde et grosse, aplatie d’avant en arrière, un disque facial complet,
une queue courte et arrondie, des tarses courts et emplumés jusqu’au bout des
doigts ; sa taille est de 0m,40.
Son plumage varie beaucoup, assez même pour avoir trompé
quelques amateurs. En tous cas, il n’a rien de stable, puisque certaines
femelles ont le plumage des mâles.
Sa robe est grisâtre, marquée de brun au centre des plumes
avec dentelles latérales ; sur le dos et les ailes existent de nombreuses
taches blanches et rousses ; le dessous du corps est gris parsemé de
flammèches brunes, la face d’un gris bleuâtre, avec des raies circulaires
brunes, le bec jaunâtre, l’iris brun foncé, la pupille dilatée et l’œil
saillant. La femelle, plus grosse que le mâle, a le fond du plumage d’un roux
ferrugineux avec la face rousse.
Les mœurs de la hulotte sont sauvages, mais douces ; on
peut très facilement l’apprivoiser. Nous en avons possédé une avec laquelle
nous tuâmes beaucoup d’alouettes et bien d’autres oiseaux.
J.-B. S.
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