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Lettres de mon perchoir

Homéopathie galline.
Mémorandum sur les lapins.
Remarque pathologique.
Les lapins angoras.
La réforme des pigeons.
Nourriture de 200 poules.

Homéopathie galline.

— Mme Brabant, rue des Marais, à Haubourdin (Nord), m’écrit :

« La note du Dr Bibent (décembre 1939) m’a beaucoup intéressée. Comme je soigne ma famille par homéopathie, je voudrais traiter de même mes poules, qui sont atteintes de diphtérie. Ayant reçu du vaccin à inoculer par piqûre, je désirerais comparer son action avec celui du Dr Chavanon qui me paraît beaucoup plus simple ... »

Je ne puis qu’encourager Mme Brabant à réaliser son projet, et il serait à souhaiter que d’autres expérimentateurs collaborent aux mêmes recherches. Car la diphtérie aviaire n’est pas une entité morbide bien définie, puisqu’elle peut être engendrée par trois agents : le bacille de Loeffler, le bacille colombarum et le virus filtrant Bordet, lesquels font payer un lourd tribut aux aviculteurs. À ce jour, de nombreux remèdes ont été préconisés : le vaccin Panisset, l’antidiphtérin Lissot, le sérum Pasteur, le diphtérovaccin, l’uroformie, etc., sans oublier le procédé homéopathique Chavanon, qui compte aussi ses partisans.

Je reçois d’ailleurs, au sujet de ce dernier traitement, une lettre élogieuse de M. Godart, éleveur à Sarlat (Dordogne) ayant eu 95 p. 100 de ses poules sur 2.000, atteintes de diphtérie.

« Ayant traité partie de mes poules à l’uroformie, par piqûres, deux à vingt-quatre heures d’intervalle, répétées quatre fois en six semaines et le reste à l’héomonis du Dr Chavanon, j’ai constaté un relèvement de la ponte de 30 p. 100 chez les premières, et de 60 p. 100 chez les deuxièmes, pour une dépense sensiblement moindre ... »

Voilà une attestation troublante, qui paraît mettre en valeur la théorie de Hahnemann sur la puissance thérapeutique de l’eau d’Évian et celle des ions. Sans mettre en doute la valeur antidiphtérique du traitement homéopatique, il est utile néanmoins de recevoir d’autres confirmations d’éleveurs, ayant appliqué comparativement le procédé des inoculations, ou simplement la distribution du grain plâtré et aussi la méthode Chavanon. C’est une affaire d’intérêt général qui mérite d’être tirée au clair, si l’on veut arriver à combattre efficacement la diphtérie.

Mémorandum sur les lapins.

— Mlle H. Parès, de Perpignan, me pose un certain nombre de questions concernant la création et la conduite d’un clapier. Je regrette que l’encombrement de « Mon perchoir » ne m’ait pas permis de répondre plus vite à Mlle Parès.

« Quelle race choisir entre géant normand, lapin bélier et lièvre belge ? Où trouver un bon manuel sur l’élevage des lapins ? Voudriez-vous m’envoyer le Chasseur Français qui traite de l’élevage de 60 lapins ? Où m’adresser pour avoir des reproducteurs en confiance ? »

Le choix d’une race dépend de l’objet que l’on a en vue (viande, fourrure, poil, reproducteurs, etc.). En principe, pour la vente des sujets de consommation, il vaut mieux adopter une race moyenne, à l’exclusion des géants, généralement moins rustiques et moins prolifiques. Des trois races précitées, le gros normand, pas trop poussé du côté du gigantisme, serait celui qui aurait mes préférences.

L’ouvrage le plus récent, et l’un des mieux documentés sur les lapins, est celui de mes collègues MM. Arnould et Morel. Le livre traite de toutes les races et de toutes les productions, de la construction et de l’ameublement des clapiers, de la nourriture, de la conduite des divers élevages, des maladies, etc. (1).

Vous pouvez vous procurer le numéro de juin 1939 qui vous intéresse, en le demandant à votre libraire, ou en adressant 2 fr. 50 au Chasseur Français. Enfin, pour le peuplement de votre clapier en reproducteurs de choix, le plus simple est de vous mettre en rapport avec les annonceurs faisant de la publicité dans les pages vertes du journal. Si vous ne trouvez pas votre affaire ainsi, passez à votre tour une annonce, et vous recevrez certainement des offres.

Remarque pathologique.

— Un abonné doyen du Chasseur Français, depuis bientôt cinquante ans, M. R. Oury, à Valognes (Manche), vient de faire une constatation assez curieuse.

« Ayant capturé dernièrement à la main, dans un bois, un pigeon ramier paraissant voué à une mort prochaine, je crus d’abord qu’il avait reçu du plomb. Mais, ayant ouvert le bec qu’il tenait légèrement entr’ouvert, je m’aperçus que sa gorge portait des traces avancées de diphtérie, assez commune chez les pigeons domestiques. Je fus fort surpris, ne me doutant pas que cette affection pouvait atteindre les oiseaux sauvages ... »

La diphtérie, hélas ! n’est pas l’apanage exclusif de nos oiseaux domestiques. Les espèces sauvages n’en sont pas exemptes, et c’est là une cause fréquente d’infection ou de transmission de la terrible maladie qui fait tant de victimes dans nos basses-cours. Aucun physiologiste ne peut admettre que la diphtérie puisse apparaître spontanément. C’est donc qu’elle a été apportée clandestinement, lorsqu’on la voit apparaître subrepticement dans un poulailler clos, non accessible pour les autres volailles domestiques. Le bacille provient des excréments d’oiseaux contaminés, pigeons domestiques ou sauvages, moineaux ou autres passereaux venus en maraude. Et voilà pourquoi les invasions diphtériques sont fréquentes, même dans les basses-cours isolées, ce qui nécessite une attention soutenue des éleveurs et leur intervention immédiate à l’apparition des premiers symptômes.

Les lapins angoras.

— « Ayant quelques bouts de champ, et disposant d’un grand hangar, pensez-vous que je puisse gagner quelque argent en élevant des angoras pour le poil ? Comment débuter ? »

Cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Les « soies » du lapin angora possèdent des propriétés thérapeutiques de plus en plus appréciées. Aussi les emploie-t-on couramment pour la fabrication des tissus protecteurs, sportifs et médicaux, recherchés par les aviateurs, les explorateurs, les rhumatisants et les personnes débiles. Aussi, les cours du poil sont-ils toujours bien tenus.

Quelqu’un d’actif et de débrouillard doit donc pouvoir gagner sa vie. Car, enfin, en partant d’un rendement de 100 grammes de soie par « plumée », ce n’est pas la mer à boire que de produire annuellement une vingtaine de kilogrammes de cette soie appréciée, qui rapportera un brut d’une dizaine de mille francs au moins.

Notez que l’on peut faire beaucoup mieux, surtout dans les familles nombreuses, disposant d’une main-d’œuvre gratuite et abondante. Bien entendu, il s’agit de partir du bon pied, et d’éviter les bévues, d’abord pour construire et aménager le clapier, ensuite pour le peupler, le conduire et savoir nourrir économiquement et rationnellement ses pensionnaires. Pour plus de détails, voyez l’article sur la « Production du poil », paru sur le Chasseur Français de mai 1940.

La réforme des pigeons.

— Un abonné de Loire -Inférieure, qui élève des pigeons en liberté, sans leur donner quoi que ce soit à manger, obtient de chaque couple une moyenne de 18 pigeonneaux, ce qui est tout à fait extraordinaire. Un tel rapport ne peut être obtenu que grâce à l’étendue et à la nature du parcours non dommageable, une lande de 40 hectares, riche en graines et en fruits sauvages de toutes sortes, sous un climat tempéré. C’est ce que l’on peut appeler une situation spéciale privilégiée. L’heureux propriétaire de cet élevage libre demande :

« À quel âge faut-il réformer les pigeons, et les mâles peuvent-ils être conservés plus longtemps que les femelles ? »

La question de la réforme des reproducteurs a été souvent discutée et controversée, tous les colombophiles étant loin d’être d’accord. Quoi qu’il en soit, il est couramment admis que les sujets naturellement prolifiques, et ceux que l’on stimule par une nourriture appropriée, gagnent à être réformés après leur troisième saison d’élevage. Qu’il s’agisse de mâles ou de femelles, on n’a pas intérêt à les garder plus longtemps, cela pour deux raisons. En effet, passé cet âge, la ponte diminue sensiblement ; en outre, à mesure qu’ils vieillissent, la chair des pigeons perd de sa qualité, sous le rapport de la saveur et de la tendreté.

L’idéal, avec les colombins, serait de pratiquer la réforme triennale, par promotion entière, l’une d’elles étant supprimée tous les ans, puis remplacée par le même nombre de jeunes élèves. Pour s’y reconnaître, les reproducteurs porteront un signe distinctif différent : une année, une bague à la patte droite ; l’année suivante, une bague à la patte gauche ; ensuite, on leur laissera les pattes nues.

Nourriture de 200 poules.

— « J’ai 200 Sussex. Comment dois-je les nourrir pour que ce soit le plus économiquement possible ? »

Il serait utile de connaître les conditions dans lesquelles on opère. S’agit-il d’un élevage en liberté ou en parquet ? Doit-on acheter partie ou la totalité de la nourriture ? Enfin, dispose-t-on ou non de verdures ? Chaque cas particulier peut exiger une solution différente. Mais supposons que l’on se trouve dans les conditions les moins favorables, c’est-à-dire que l’on soit obligé d’acheter la totalité de la nourriture, y compris les verdures, les Sussex se trouvant dans un parquet privé d’herbes.

Pour établir un rationnement approprié à la ponte, les volailles précitées devront recevoir journellement, dans leur provende, 9 grammes de protides, 25 grammes de glucides, et 1gr,5 de lipides, sans oublier les vitamines des grains germés. Pour les 200 poules, je proposerais la ration quotidienne ci-après en temps normal :

Provende du matin : Farine d’orge 5,0 kilogrammes.
  Son de froment 3,0
  Tourteau de soya ou autre 2,5
  Farine de viande ou de poisson 2,5
  Minéraux composés 1,0
Repas du midi : Avoine germée 3,0
Repas du soir : Mais et riz 6,0
 
Total
 
 
———
23,0
 
kilogrammes.

Mondiage d’ARCHES.

(1) En vente à la Manufacture française d’Armes et Cycles de St-Etienne. Prix : 14 f. 50 franco.

Le Chasseur Français N°601 Septembre 1941 Page 426