Puisque la vente des pantoufles est soumise à la même
réglementation que celle de la plupart des chaussures, pourquoi ne pas
fabriquer nous-mêmes celles de toute la maisonnée ? Elles ne nous
coûteront rien qu’un peu de travail, car la matière première en sera prise dans
le sac aux chiffons, où vont échouer les vieux vêtements trop usés pour être
remis au Secours national, et destinés à finir leurs jours comme torchons de
lustrage.
Pour nos débuts, démontons soigneusement une paire de
vieilles pantoufles, dont la semelle et le dessus nous serviront de patron.
Taillons, dans de vieux morceaux de drap, ou même dans de vieux bas de laine
hors d’usage, huit ou dix paires de semelles sur le patron. Si les morceaux
d’étoffe ne sont pas assez grands, nous les assemblons à grands points pour
obtenir une surface suffisante. Il est cependant recommandé, dans ce cas, de
placer ces semelles à l’intérieur de l’ensemble, et de réserver pour les faces
apparentes des semelles d’une seule pièce, prises dans le meilleur tissu.
Dans les plus grands morceaux de drap, nous prélèverons les
deux dessus de nos pantoufles et nous leur taillerons une doublure dans une
étoffe de coton encore solide (fig. 1).
Les semelles étant soigneusement appareillées, on les coud
en utilisant une grosse aiguille et du fil très solide (cordonnet à tricoter,
fil pour filets de pêche, voire ficelle fine). Commencer par la ligne médiane
et continuer par lignes concentriques, en allant vers l’extérieur (fig. 2).
La couture se fait à points de piqûre très serrés, de façon à donner de la
tenue à la semelle future.
Si nos vieilles semelles peuvent encore être utilisées,
fixons-les aux nouvelles en les piquant tout autour à points très serrés (fig. 3).
Il est très important à chaque piqûre de tirer fortement sur le fil, afin qu’il
s’enfonce bien dans le tissu ; il s’usera moins à la marche.
Nos semelles terminées, parons-les sur les bords, ôtons les
effilochures, qu’elles soient aussi nettes que possible. Procédons maintenant
au montage.
Le dessus de la pantoufle s’assemble à l’envers, de façon à
masquer les points. Fixer par une épingle la pointe du dessus à la pointe de la
semelle et le coudre au bord intérieur de la semelle, au moyen d’un point de
surjet très solide. Le surjet terminé, faire par-dessus une seconde couture à
grands points, au plus près du bord, l’aiguille perçant la semelle ;
l’ouvrage en sera plus solide, et la finition bien meilleure (fig. 4).
Il reste à faire la couture du dos de la pantoufle, simple
piqûre que l’on aplatira au fer, et à fixer la doublure à la semelle par un
surjet identique à celui à l’aide duquel vous avez déjà cousu le dessus. Faire
enfin la couture du dos de cette doublure, en ayant soin de la placer bien en
face de celle du dessus.
Rabattre la doublure sur le dessus et donner quelques points
de faux fil pour maintenir les deux étoffes en place. Retourner alors la
pantoufle à l’endroit ; travail assez mal commode, mais que l’on mène à
bien assez facilement, en commençant par la pointe. La pantoufle a sa forme
définitive.
Il ne reste plus qu’à lui donner une petite note personnelle
d’élégance, en la bordant d’une ganse ou d’un biais en laine ou en soie de
couleur contrastante (fig. 5). Avoir soin de faire soutenir légèrement le
tissu.
On peut aussi fixer à grands points invisibles une semelle
supplémentaire à l’intérieur, pour masquer les points de couture et donner plus
de fini.
Des pantoufles d’hiver plus confortables seront obtenues à
peu de frais en les doublant de fourrure taillée dans une peau de lapin tannée à
la maison suivant les indications que vous avez pu trouver à diverses reprises
dans cette Revue.
Nous sommes d’ailleurs sûre que votre ingéniosité saura
agrémenter cette chaussure d’intérieur économique de pompons, nœuds, boucles ou
autres colifichets tirés du fond de la corbeille à ouvrage, voire de broderies
qui utiliseront les petits morceaux de laine ou de coton à broder sans emploi.
H. V.
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