10° Chêne d’Espagne, Quercus hispanica Desf.
— Famille des Cupulifères. C’est le chêne yeuse à
feuilles persistantes dont une variété connue sous le nom de chêne ballote est
caractérisée par ses glands qui sont gros, toujours doux et de saveur très agréable ;
rare en France, sauf dans le Midi et en Corse, mais très répandue en Algérie et
en Espagne notamment, où elle est souvent cultivée pour ses fruits qui servent
à l’alimentation de l’homme. Se contente de sols médiocres généralement
calcaires. Fructification précoce se produisant dès huit à dix ans. Glands doux
à maturation annuelle vers octobre disposés souvent par deux.
De même, le chêne Tauzin (synonymes : angoumois,
brosse, noir, doux, des Pyrénées), produit des glands tantôt doux, tantôt
âpres, très recherchés surtout aux environs de Bayonne, pour l’engraissement
des porcs.
Le gland riche en fécule est utilisé dans certains pays pour
la nourriture de l’homme. On le fait cuire pour le manger en nature, ou bien on
le fait torréfier pour en faire une sorte de café au lait. Il est alors
désigné dans le commerce sous le nom de « gland doux ». Sa saveur se
rapproche assez de celle de la châtaigne. Il peut être consommé immédiatement
ou séché pour être conservé et utilisé plus tard concassé. Son infusion, au
contraire de celle de la chicorée, a des propriétés astringentes.
Un hectolitre de glands pèse environ 60 kilos.
On prétend qu’en Asie certains glands auraient même servi de
nourriture aux hommes avant qu’ils connussent les céréales.
Disons enfin que le terme général de « gland
doux » provient de diverses espèces de chênes : de Castille, ballote,
grec, répandus sur tout le pourtour méditerranéen, ainsi que du chêne vert ou
yeuse commun dans le Sud et l’Ouest de la France jusqu’à Quimper. En Algérie,
Corse, Espagne et Portugal, les glands doux se mangent à la façon des
châtaignes.
Le « racahout » des Arabes est une poudre grisâtre
employée en bouillie pour les enfants et composée surtout de glands doux, cacao
et sucre, avec un peu de fécule de pomme de terre et d’amidon de riz.
Pour faire un bon café de gland doux, on estime qu’il
faut 15 grammes de poudre par tasse. Les femmes turques consomment ce café
de gland sous le nom de « palamoute », pour obtenir un embonpoint
agréable, car il est tonique. C’est aussi parfois un remède prescrit dans la
coqueluche. En Turquie, on emploie parfois le gland amer de Quercus robur
L., dont on réduit l’amertume après l’avoir terré.
11° Genêt d’Espagne, Genesta juncea Lam.
— Famille des Légumineuses. Arbrisseau d’ornement à
grandes fleurs jaunes odorantes. Se multiplie de semences. Commun dans la
région méditerranéenne où le spantier forme de jolies haies. Essais de culture
effectués en France et en Italie, ayant donné des résultats intéressants pour
la production de tiges textiles.
12° Datte.
— Le dattier est un palmier des oasis sahariennes, mais
il existe une importante palmeraie en Espagne, à El Eche, près Alicante, où
nous avons eu l’occasion d’effectuer diverses études. En Afrique du Nord, nous
avons de même étudié toutes variétés de dattes indigènes, molles et sèches.
La datte doit ses grandes propriétés nutritives et
adoucissantes à la fécule, au sucre et au mucilage qu’elle contient. C’est le
pain du désert et les Arabes la mangent plus souvent sèche. On peut en faire
une boisson spiritueuse et de l’eau-de-vie. Elle est employée parfois en
décoction, à raison de 50 grammes par litre, dans de l’eau ou du lait,
comme adoucissant contre la toux. Elle faisait partie des quatre fruits
pectoraux ou béchiques de l’ancienne pharmacopée, avec les figues, les jujubes
et les raisins secs. À cette tisane pectorale on ajoute souvent du lait et on
peut même remplacer les trois autres fruits par de la pâte de dattes.
13° Souchet comestible ou amande de terre, Cyperus
esculentus L.
— Cypéracée cultivée pour ses tubercules alimentaires à
goût sucré que l’on consomme crus comme les noisettes ou grillés comme des
amandes.
14° Pois Chiche, Papilionacée, Cicer arietinum
L.
— Graine comestible à saveur délicate très appréciée
par les populations du Midi. Originaire des bords de la Méditerranée et cultivé
dans le Midi de l’Europe, le bas Languedoc, région de Montpellier. C’est un
aliment très nourrissant, apprécié notamment dans le Sud-Ouest, où il est
préparé à l’estouffade, en Espagne, où il entre dans la composition des deux
potées nationales, en Afrique du Nord. Sa composition est la suivante :
Eau |
12 |
p. 100 |
Matières azotées |
15 |
— |
Matières hydrocarbonées |
59 |
— |
Matières grasses |
4,5 |
— |
Le pois chiche torréfié est employé dans diverses régions en
infusion, en guise de café. La torréfaction doit être arrêtée à
la teinte aile de hanneton. Décoction inoffensive, mais pas toujours agréable
au goût, lorsque la torréfaction a été insuffisante.
15° Lupin à feuilles étroites, Lupinus
angustifolium L.
— Papilionacée du Midi de la France et de la Corse, de
Normandie (Eure), où il est appelé caféier, et d’Alsace. Par
torréfaction, la graine obtient un arôme agréable. C’est l’un des meilleurs
succédanés du café.
De même, les graines de lupin blanc : Lupinus albus,
torréfiées et moulues, servent à préparer, dans certaines régions, une sorte de
pseudo-café. Le lupin à café, ou lupin hirsute, produit des
graines également utilisées à la façon du café.
16° Astragale boétique, Astragalus boeticus L.
— Papilionacée dont les graines torréfiées sont surtout
utilisées en Angleterre.
Conclusion.
— Bien que nous soyons habitués depuis notre enfance à
consommer du café exotique, nous devons profiter de sa pénurie actuelle
pour rechercher, parmi les produits d’utilisation courante et ceux moins
connus, mais également indigènes ou cultivés, s’il n’en existe pas qui,
employés seuls ou en mélange, sont susceptibles de plaire à notre palais.
Mais il est nécessaire, lorsqu’on veut absorber une infusion
caféiforme nouvelle, de rechercher, par des tâtonnements répétés, le meilleur
mode de torréfaction, pour développer au mieux l’arôme latent et réduire au
minimum les principes acres. D’autre part, il n’est pas indispensable de
vouloir obtenir, dans une infusion encore inconnue, le véritable goût de café,
si son goût spécifique est aussi agréable bien que différent.
La liste incomplète que nous avons dressée prouve que
beaucoup de graines, feuilles, racines, peuvent être soumises à la torréfaction
pour être consommées comme breuvage.
Certaines dégagent, par cette torréfaction, un arôme
rappelant exactement celui du café. C’est qu’en dehors des huiles essentielles
contenues l’arôme se forme au cours de la cuisson par la caramélisation des sucres,
et le goût de café est d’autant plus prononcé que, par cette opération, les
principes amers sont éliminés.
Imitons donc les régions où ces breuvages sont déjà
consommés et nous pourrons supporter aisément la plus grave disette de café
exotique.
R.-Louis JOLY,
Ingénieur d’agronomie coloniale.
(1) Voir Le Chasseur français de septembre 1941.
Notes complémentaires.
Avoine.
— Grillée, elle dégage un parfum très voisin de la
vanille. Le principe aromatique se trouve d’ailleurs contenu dans l’enveloppe
et on le développe par la torréfaction. Elle contient dans le son un alcaloïde,
l’avénine, qui lui donne des propriétés excitantes.
Maïs.
— Les stigmates ou styles qui surmontent les jeunes
épis donnent une infusion diurétique et calmante pour les maladies du rein et
de la vessie.
Pois.
— Légume très riche en azote et en mucilage, renfermant
une forte proportion d’acide oxalique, de saveur agréable rappelant un peu
celle de la châtaigne.
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