Accueil  > Années 1940 et 1941  > N°602 Octobre 1941  > Page 493 Tous droits réservés

Éclairage électrique

Les bâtiments d’exploitation.

Beaucoup de cultivateurs se sont contentés, quand leur contrée fut électrifiée, de faire installer l’électricité dans leur maison d’habitation, sans étendre cette installation aux communs et bâtiments d’exploitation. Jugeant sans doute la lumière électrique un luxe inutile pour les vaches, chevaux et autres animaux de la ferme, ils continuaient de se servir d’une lampe à pétrole ou d’une lanterne à huile ou à bougie, pour s’éclairer dans les étables, écuries, etc. ... Nous avons déjà indiqué que cette manière est généralement peu économique, car, en plus des dépenses de pétrole ou de bougie, on paye, pour la maison seule, les frais fixes mensuels (location de compteur, entretien du branchement, etc. ...) qui représentent souvent une partie importante des quittances de la compagnie électrique et qui ne sont pas plus élevés pour une consommation plus importante. Maintenant, d’ailleurs, la question économique passe au second plan : la pénurie des corps gras et des produits pétroliers ne permet plus de les utiliser librement pour l’éclairage, et, chaque fois que l’on dispose du courant électrique, il faut étendre l’installation à tous les locaux où la lumière est indispensable.

Une objection que les cultivateurs formulent parfois contre l’extension de l’éclairage électrique aux bâtiments d’exploitation, c’est le danger d’incendie. En réalité, le risque est très faible, certainement moindre qu’avec les autres moyens d’éclairage, si l’installation électrique est soigneusement faite; peut-être faut-il craindre que cette dernière condition ne soit pas toujours aussi scrupuleusement respectée à l’époque actuelle qu’en temps normal, non par la faute de l’installateur électricien, mais à cause du manque de matériel, qui peut obliger parfois à se contenter de ce que l’on trouve encore dans le commerce : il ne devra pourtant jamais en résulter un risque appréciable, et, en tout cas, il y a un moyen bien simple d’éviter tout danger d’incendie. Il suffit, au départ de la ligne électrique alimentant les bâtiments d’exploitation, d’intercaler un interrupteur placé dans la maison, à un endroit commode, près de la porte par où l’on gagne ces bâtiments : chaque soir, en rentrant se coucher, on manœuvre cet interrupteur, isolant ainsi les locaux où l’incendie serait le plus dangereux s’il se déclarait la nuit, sans qu’on puisse s’en apercevoir, et, par conséquent, le combattre immédiatement. Et si l’on craint encore d’oublier de manœuvrer régulièrement cet interrupteur — quoique ce soit une habitude vite prise — on peut aussi se munir d’une lampe-témoin, qui pourra même être installée dans une chambre à coucher de la famille ! Mais, alors, l’électricité n’étant certainement pas la principale cause d’incendie, surtout à la campagne, il vaudrait mieux sans doute avoir constamment sous la main un bon extincteur et une police d’assurance bien faite ...

Une fois décidée l’installation de l’éclairage électrique dans ces bâtiments, encore faut-il la réaliser le mieux possible, sans oublier que, là comme ailleurs, un équipement bien conçu, qui semble d’abord plus coûteux, permet ensuite d’obtenir de sensibles économies de consommation.

Écuries. Étables.

— Naturellement, il n’est pas nécessaire d’avoir un éclairage très intense, ni surtout des appareils bien luxueux : de simples réflecteurs en tôle émaillée, d’entretien facile, conviennent parfaitement ; toutefois, au lieu de l’abat-jour classique en forme d’assiette, on préférera une forme rationnelle, plus creuse, qui renvoie mieux vers le bas la plus grande quantité de lumière, car il ne faut pas trop compter sur l’effet réfléchissant des murs et plafonds, qui ne sont pas souvent suffisamment blancs. Comme toujours, il faut adopter un compromis entre les deux solutions : foyers lumineux puissants et peu nombreux, qui donnent la lumière au meilleur compte, les ampoules ayant un meilleur rendement, ou lampes multiples qui procurent un éclairage plus agréable, mieux réparti, avec des ombres plus douces. Pratiquement, on n’utilisera pas d’ampoules de moins de 40 ou 60 watts, et les foyers seront écartés de 4 à 6 mètres, c’est-à-dire que — sauf pour les très petits bâtiments, de deux ou trois bêtes seulement, on aura au moins deux lampes, ou davantage ; en les répartissant en deux circuits pouvant s’allumer séparément, on pourra réaliser des économies de consommation chaque fois qu’il n’est pas indispensable d’allumer tout ensemble. Notamment, si l’entrée de l’écurie sert également de passage vers d’autres bâtiments, ou pour l’échelle du grenier, il est bon que la première lampe destinée à éclairer particulièrement ce passage puisse s’allumer seule, et même qu’elle soit disposée pour ne pas trop éclairer les bêtes, de façon à éviter de les déranger chaque fois, inutilement.

Laiteries.

— C’est un local essentiellement propre et où il faut un très bon éclairage. Murs et plafond étant régulièrement blanchis, on se trouvera bien d’une ampoule de 75 ou 100 watts, enveloppée d’un diffuseur clos, de forme simple, au centre de la pièce ; si celle-ci est assez grande, on pourra ajouter contre les murs deux ou trois appliques éclairant spécialement chacun des appareils : écrémeuse, baratte, malaxeur, et qu’on allumera successivement suivant les différentes phases du travail.

Garage.

— Si l’automobile ne sert plus guère, en ce moment, cela ne durera pas indéfiniment, et il vaut mieux prévoir tout de suite l’équipement électrique du garage. Une ampoule de 60 ou 75 watts, dépolie de préférence et munie d’un bon réflecteur en tôle émaillée, sera placée, non pas au centre du garage — où elle n’éclairerait probablement que le toit de la voiture — mais nettement vers le fond, à peu près au-dessus du moteur ; d’ailleurs, c’est généralement au fond du local qu’on dispose un petit établi ; si cet établi est placé dans un autre coin, on l’éclairera indépendamment par une applique. Ne pas oublier non plus une prise de courant, qui servira soit pour une lampe baladeuse, soit pour un petit rechargeur d’accumulateurs.

J. KAEPPELIN,

Ingénieur E. S. E.

Le Chasseur Français N°602 Octobre 1941 Page 493