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Au jardin d’agrément

Quelques oignons à fleurs de printemps

Les temps sont évidemment durs et obligent chacun à songer surtout à l’utile. Mais il n’est pas interdit, croyons-nous, de chercher, malgré tout, à conserver au jardin une certaine note de gaieté. Si le chef de famille s’adonne davantage à la production de beaux et bons légumes, la maîtresse de maison, en venant, au fur et à mesure de ses besoins, récolter ceux-ci, ne sera pas fâchée de trouver aussi, dès le premier printemps, quelques jolies fleurs dans la partie, évidemment bien plus restreinte qu’à l’habitude, qu’on leur aura réservée au jardin.

Au premier rang des plantes de culture facile, dont la floraison a lieu au printemps, se placent les oignons à fleurs.

L’époque moyenne de cette floraison varie quelque peu selon l’année. Mais, en général, février voit fleurir le perce-neige et quelques variétés de crocus ; mars, les scilles de Sibérie, narcisses des poètes, narcisses bicolores ; fin mars, début avril, les scilles penchés à fleurs campanulées, bleus, blancs, roses, les jacinthes de Hollande à fleurs simples, la frétillaire pintade, la couronne impériale, les tulipes précoces à fleurs moyennes et un peu odorantes ; fin avril-mai : les iris de Hollande hâtifs, les tulipes doubles ; mai : les renoncules, les iris d’Espagne et iris d’Angleterre.

Les jacinthes, les tulipes, les crocus, les narcisses sont, parmi toutes ces plantes, les plus employés.

Les jacinthes de Hollande, de beaucoup les plus belles, comportent d’innombrables variétés dans tous les tons du bleu, du rose, du rouge, du blanc, du jaune, les unes simples, les autres doubles.

Ne venant vraiment bien que dans les jardins bien aérés et éclairés, elles ont l’inconvénient de dégénérer vite, d’où nécessité de se procurer de nouveaux oignons chaque année ou au moins tous les deux ans.

Les simples sont plus précoces et moins délicates. Elles sont aussi de bonne tenue et c’est à tort qu’on les néglige souvent.

Les jacinthes parisiennes, beaucoup moins belles, mais très rustiques, sont laissées en place et ne se relèvent que tous les trois ou quatre ans. Elles conviennent bien dans les jardins encaissés, qu’on ne peut guère soigner, et ne dégénèrent pas.

Les tulipes se divisent en simples et en doubles, chacun de ces groupes se subdivisant en hâtives et tardives.

Les simples hâtives sont surtout recherchées pour la culture forcée et en appartement, tandis que les simples tardives et les doubles font plus d’effet, durent plus longtemps et conviennent bien pour la pleine terre.

Pour les jacinthes de Hollande et les tulipes, le fumier de vache bien décomposé constitue le meilleur engrais. On lui associe avec avantage un engrais phosphaté : phosphate de chaux ou scories de déphosphoration.

Il convient de bien bomber les corbeilles et plates-bandes destinées à la plantation des bulbes pour en chasser l’humidité et de n’en travailler le sol que lorsqu’il est parfaitement assaini.

On plante en octobre-novembre, à 0m,15 de distance. Les bulbes sont d’abord disposés sur le terrain où l’on a tracé les lignes, puis on les enfonce en terre en couvrant la partie supérieure du bulbe de 3 à 4 centimètres environ.

La floraison terminée, on laisse, si possible, les bulbes encore quelques semaines en terre pour qu’ils achèvent de mûrir. On les arrache en juin, on les laisse, sécher à l’ombre avant de les rentrer pour les conserver, dans un local sain et sombre jusqu’en octobre-novembre.

Les narcisses conviennent bien pour faire des touffes, des bordures, voire des taches dans les gazons. Les plus belles variétés rustiques sont :

    Les narcisses bicolores Trompette major ;
    Le narcisse incomparable Orange Phénix ;
    Le narcisse des Poètes à fleur double.

On peut fort bien se dispenser de les relever chaque année et ne faire cette opération que tous les trois ou quatre ans, pour limiter les touffes ou pour changer les plantes de place. On opère, dans ce cas, de septembre à novembre.

Les crocus ou safrans printaniers s’emploient aussi en bordures ou en taches dans les pelouses et plates-bandes. Pour eux, il est préférable de relever les bulbes tous les ans, en mai-juin, pour les replanter en novembre. Au cours de la conservation, comme aussi lorsque les bulbes sont plantés, il faut se défier des souris et des mulots, qui en sont extrêmement friands.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°603 Novembre 1941 Page 542