Pour évaluer le volume entier d’une pièce de bois ronde,
avec ou sans écorce, on la considère ordinairement comme un cylindre de hauteur
égale à la longueur de la pièce, et ayant pour base la surface du cercle mesuré
au milieu ou une moyenne proportionnelle entre les cercles mesurés, au petit et
au gros bout. On obtient ensuite le cube de la pièce par un calcul, ou bien, ce
qui est plus commode et plus expéditif, à l’aide d’un tarif qui donne les
volumes cylindriques de tous les arbres dont on connaît la longueur et la
circonférence moyenne, ou la longueur et le décimètre moyen.
La longueur de la pièce et la circonférence se mesurent avec
un ruban gradué ; le mesurage du diamètre se fait avec le compas
forestier. Le résultat du cubage effectué par ces deux procédés s’exprime en
mètres et en décimètres cubes. Mais, dans le commerce, on a assez généralement
l’habitude d’exprimer ce résultat en solives. La solive n’est autre chose que
le décistère ou la dixième partie du mètre cube ; elle équivaut par conséquent
à 100 décimètres cubes.
Précédemment, nous venons d’écrire comment on évalue le
volume entier des bois ronds. En terme de cubage, on désigne ordinairement sous
le nom de volume en grume le volume cylindrique ou entier des bois ronds,
qu’ils soient ou non recouverts de leur écorce.
Mais on n’emploie guère les bois sous cette forme ; le
plus souvent, on les équarrit plus ou moins fort avant de les mettre en œuvre,
soit pour enlever l’aubier ou tout en partie, soit pour tout autre motif.
De là est venu l’usage, presque généralement admis dans le
commerce, de cuber les bois d’œuvre en grume, comme si les pièces étaient
équarries.
Il y a trois manières principales de cuber les bois ronds
comme s’ils étaient équarris, savoir :
1° Au quart sans déduction ;
2° Au cinquième déduit ;
3° Au sixième déduit.
Le cubage d’un tronc d’arbre ou d’une pièce de bois au quart
sans déduction consiste à prendre le quart de la circonférence mesurée au
milieu de la pièce, ou le quart de la circonférence moyenne entre les deux
circonférences mesurées au petit et au gros bout, à élever ce quart au carré et
à multiplier cette surface par la longueur de la pièce. Le volume que l’on
obtient ainsi est égal aux 0,78 du volume cylindrique, soit un peu moins des
4/5 du volume total de la pièce.
Le cubage au cinquième déduit consiste à retrancher le
cinquième de la circonférence moyenne, à prendre le quart du reste et à
l’élever au carré, puis à multiplier cette surface par la longueur de la pièce.
On arrive au même résultat en élevant au carré le cinquième
de la circonférence et en multipliant le produit par la longueur. Le volume au
cinquième déduit est sensiblement égal à la moitié du volume cylindrique.
Le volume au sixième déduit s’obtient en retranchant le
sixième de la circonférence, en élevant au carré le quart du reste et en
multipliant le produit par la longueur de la pièce. Le volume au sixième déduit
est sensiblement égal aux 0,54 du volume cylindrique.
Pour abréger les calculs du cubage, on se sert de tarifs qui
donnent les volumes au 1/4 sans déduction, au 1/5 ou au 1/6 déduit
correspondant à une circonférence et à une longueur données.
Tels sont les différents procédés usités dans le commerce
pour le cubage des bois ronds.
Pour que les résultats soient exacts, il faut évidemment que
le mesurage ait été fait rigoureusement avec un ruban métrique, qui ne serait
susceptible ni de s’allonger ni de se raccourcir. Or il arrive presque toujours
dans le commères que ces mesurages se font avec des ficelles préparées à
l’avance et dont la longueur est divisée en parties correspondant à des
fractions du mètre. Ces ficelles sont très hygrométriques ; elles
s’allongent ou prennent du retrait, selon qu’elles sont mouillées ou sèches, ce
qui donne souvent lieu à des fraudes assez importantes entre acheteurs et
vendeurs. Ces fraudes proviennent surtout du mesurage des circonférences dont
la fonction entre au carré dans l’expression du volume. Elles sont toujours
très faciles à commettre, alors même que l’on se servirait du ruban gradué,
soit en mesurant la circonférence obliquement à l’axe de la pièce, soit en
faisant passer le ruban sur des nœuds ou des renflements de la tige, soit enfin
en serrant plus ou moins le ruban, ou en ne donnant pas fidèlement la
graduation accusée par le mesurage.
Une autre cause de fraude encore, c’est la multiplicité et
la variété des tarifs avec lesquels on calcule le volume des pièces d’après les
mesures prises. Ces tarifs donnent le volume des pièces de toutes dimensions en
mètres et décimètres cubes ou en décistères. On trouve de ces comptes faits
dans toutes les localités forestières, et en général ils sont appropriés par
leur forme et leur construction aux usages du commerce de la contrée. Or il est
de ces tarifs qui ont été construits d’après des données très variables et qui,
pour une quantité de bois un peu considérable, conduisent à des résultats très
différents : tels sont les tarifs dont la construction a pour base les
anciennes mesures variables avec les localités. Lorsque l’on veut se servir
d’un tarif pour abréger les calculs du cubage, il faut avoir soin de l’examiner
avec attention.
Dans le commerce des bois de charpente et dans les
chantiers, le mot stère est souvent employé pour exprimer la solidité du mètre
cube plein.
Les différents procédés de cubage indiqués s’appliquent
particulièrement aux bois ronds ou en grumes, avec ou sans écorce, tels qu’ils
ont été découpés, après l’abatage dans les coupes en exploitation.
Les bois de travail ou d’industrie se vendent et se cubent
ordinairement sous cette forme. Quant aux bois de service, qui doivent être
exportés loin du lieu de production, on les équarrit ordinairement sur le
parterre des coupes, afin de rendre leur transport plus facile et moins
coûteux. Tels sont les bois de charpente de chêne qui alimentent les marchés et
commerces, tels sont les bois de chêne que l’on destine aux constructions.
Les bois de commerce sont souvent peu équarris, tandis que
les bois façonnés sur devis sont quelquefois équarris à vive arête,
c’est-à-dire de manière que les angles soient bien marqués de bois dur et
solide et sans aubier.
Par le mot équarrissage, on entend aussi, en terme de
cubage, la mesure de la largeur et de l’épaisseur d’une pièce de bois équarrie.
On dit qu’une pièce a 16 sur 32 centimètres d’équarrissage, quand elle a 16 centimètres
d’épaisseur sur 32 centimètres de largeur.
Pour cuber une pièce de bois équarrie, on la considère comme
un parallélépipède rectangle ayant pour hauteur la longueur de la pièce et pour
base le rectangle formé par les mesures d’équarrissage prises au milieu, ou par
la moyenne des mesures d’équarrissage prises au milieu et au gros bout. Les
mesures d’équarrissage se prennent avec une équerre, qui se compose d’une règle
divisée en centimètres et portant à l’une de ses extrémités une autre règle
posée à angle droit. Les bois de commerce étant souvent équarris fort
irrégulièrement, des règlements particuliers déterminent ordinairement le mode
de mesurage et de cubage de ces bois dans chaque contrée. Autour et à Paris, le
mesurage des dimensions de la base se fait de 3 en 3 centimètres pleins et
celui des longueurs de 25 en 25 centimètres pleins, tandis que, dans
d’autres contrées, la mesure d’équarrissage se prend de 2 en 2 centimètres,
et les longueurs de 20 en 20 centimètres. Le volume de ces bois se calcule
ensuite, de même que celui des bois ronds, à l’aide d’un tarif construit sur
les bases adoptées dans la localité pour le mesurage de la longueur des pièces
et des côtés d’équarrissage.
Les bois de charpente arrivent sur les marchés en pièces de
différentes sortes, en poutres et poutrelles, en solives, chevrons, poteaux et
membrures.
Les bois de travail que l’on façonne dans les coupes sont
livrés pour la plus grande partie en planches de diverses épaisseurs.
Louis TESTART.
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