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Lettres de mon perchoir

Revenons à la coccidiose
Un élevage projeté de pondeuses
Une lettre de Belgique
La bouteille à l’encre
La pareille au même
La hernie ombilicale

Revenons à la coccidiose.

— Un abonné de Charlieu (Loire) écrit :

Depuis deux ans que j’élève des lapins, j’en perds beaucoup du gros ventre, malgré les soins (propreté, drogues, nourriture, etc.). Que faire pour empêcher cette mortalité désastreuse ?

La coccidiose hépatique et intestinale des lapins est la plaie des élevages. Cette maladie, à elle seule, cause quatre fois plus de décès que toutes les autres ensemble. La multiplicité des remèdes préconisés est une preuve qu’aucun d’entre eux ne possède une efficacité absolue et que, pour enrayer cette affection morbide, ou pour la prévenir, il faut appliquer des mesures curatives et préventives rigoureuses. Car les parasites (Coccides), cause initiale du gros ventre, se transmettent des sujets contaminés aux sujets sains avec la plus grande facilité, simplement par le contact des excréments aux aliments ou à l’eau de boisson. Le traitement doit être donné en observant les mesures prophylactiques.

Aussitôt que, dans un clapier, on voit des animaux au poil hirsute, à l’œil cave, aux muqueuses pâles, ayant l’abdomen distendu et les muscles émaciés, on distribuera, à tous les sujets d’un même clapier, le matin, un repas de son additionné d’un peu d’huile thymolée au dixième, une cuillerée à café pour trois ou quatre lapereaux. Le soir, on donnera un deuxième repas de son, légèrement humecté avec une solution d’extrait de cachou à 2 p. 100. Continuer le traitement pendant cinq à six jours. Le répéter au bout de huit jours, si, dans l’intervalle, il se produit encore des décès.

On pourrait également employer une poudre spéciale obtenue en mélangeant ensemble, en quantités décroissantes, les substances pulvérulentes ci-après : thym, fougère mâle, quinquina, gingembre, cannelle, en y ajoutant une très petite quantité de sulfate de fer et d’iodure de potassium.

Un élevage projeté de pondeuses.

— Une lectrice écrit :

Je possède en Limousin une propriété de 5.000 mètres carrés, en pente du côté nord, mais en terrain fertile et sain. Puis-je créer un parquet de 300 à 400 poules pondeuses. Quelle race préconisez-vous, voulant produire en même temps de la chair ?

Dans un terrain sain et en pente, il vaut souvent mieux une orientation nord qu’une exposition en plein midi, où les volailles risquent d’être incommodées par la surchauffe durant l’été. D’ailleurs, ce qui peut nuire le plus aux pondeuses, c’est le froid aux pattes, quand elles pataugent dans la boue, éventualité nullement à craindre chez vous, le terrain étant sablonneux et s’égouttant naturellement, de par son inclinaison. Mais n’oubliez pas de fournir à vos poules des poulaillers confortables, complétés par des annexes ou abris rustiques.

Malgré les conditions favorables, je vous engage à ne pas dépasser sur vos 50 ares l’effectif de 200 poules, après avoir divisé votre propriété en deux parties égales, de manière à pouvoir les faire passer alternativement d’un compartiment dans l’autre, aussitôt que l’herbe aura repoussé.

Comme race convenant à la fois pour la ponte et la chair (poulets et poules de réforme), je vous recommande la Gâtinaise, la Bresse blanche et la Wyandotte blanche, ou plutôt des métis Gâtinais et Wyandotte, qui vous fourniront à la fois une ponte abondante et des poulets appréciés.

Une lettre de Belgique.

— Pensez-vous qu’il soit possible de vivre en France en exploitant un petit domaine rural ? Mon mari étant Français, notre intention serait d’acheter une propriété en Vaucluse. Où faut-il s’adresser, quels ouvrages consulter pour avoir des directives et dans quoi se spécialiser ?

On peut toujours vivre sur un domaine rural, plus ou moins bien, il est vrai, suivant que l’on sait plus ou moins bien s’y prendre, à condition de disposer des capitaux nécessaires et suffisants pour faire valoir. Mais le bénéfice net d’une propriété peut varier à l’infini, au-dessus et au-dessous du zéro théorique, suivant la capacité de celui qui tient la « queue de la poêle ».

Pour l’achat d’un domaine dans une région déterminée, vous pouvez vous adresser à une agence ou passer des annonces dans les journaux locaux, ou dans les périodiques à grand tirage comme le Chasseur Français. Toutefois, en ce qui concerne les spécialités d’élevage qui seraient le mieux dans vos cordes, il m’est difficile d’être affirmatif, ne connaissant ni vos aptitudes, ni l’importance des capitaux que vous avez l’intention d’engager dans votre future exploitation. Même remarque en ce qui concerne les ouvrages à consulter, puisque vous ne savez toujours pas dans quelles branches vous allez vous lancer. Cependant je puis toujours vous indiquer un livre de chevet, c’est le Mémento Agricole (onze ouvrages en un seul), qui traite de toutes les branches agricoles, cultures, élevages, engrais, industries agricoles, etc., intéressant tous les ruraux (1).

La bouteille à l’encre.

— Je voudrais m’installer dans une région tranquille et agréable du Midi, pour m’adonner à l’élevage. Vos articles m’intéressent beaucoup et je pense pouvoir réussir dans ce nouveau métier. Voudriez-vous me guider dans mes débuts et quelle mise de fonds pour commencer ?

Votre lettre n’est pas assez explicite pour que je puisse vous fournir les directives qui vous conviennent. D’abord le Midi comprend beaucoup de départements et, dans chacun d’eux, il y a des situations très différentes, comme climats et terrains, l’altitude, l’orographie, l’hygrométrie, l’agrologie, etc., devant entrer en considération. Il faut, en outre, tenir compte des débouchés et des ressources diverses propres à chaque région.

Avant donc de planter des jalons, il faut avoir une propriété en vue, puis l’étudier au point de vue cultural et des élevages, en tenant compte de la nature du terrain et de son état de fertilité. C’est seulement après que l’on peut déterminer le meilleur moyen de l’exploiter pour en tirer parti. Autrement, on perd son temps en recherches et en verbiages inutiles.

Un autre facteur à considérer, c’est la question des disponibilités. Comme il faut généralement plus de capitaux pour mettre en valeur une grande propriété qu’une petite, on en tiendra compte avant d’acheter ou d’affermer un domaine. Enfin, il ne faut pas oublier que la question compétence joue un rôle primordial sur la réussite. En effet, une personne ou un ménage travailleur, ayant des connaissances professionnelles et des aptitudes variées, obtiendra de meilleurs résultats dans les petits, les moyens et les grands élevages, que les novices aux idées préconçues, faisant fi du travail manuel. Par-dessus tout, on se méfiera des calculs erronés dans le genre de ceux-ci : du fait qu’une poule, une lapine portière, une brebis, une truie, une vache, etc., peuvent rapporter respectivement 50, 200, 400, 1.000 et 3.000 francs de net en une année, quand elles sont bien conduites, il ne s’ensuit pas nécessairement que 100 poules, 100 lapins, 100 brebis, 100 truies, 100 vaches devront rapporter 5.000, 20.000, 40.000, 100.000 et 300.000 francs, tous frais payés. En matière d’élevage, il faut se méfier de l’arithmétique.

La pareille au même.

— Une lectrice demande : Combien de bêtes (poules, canes et lapins) dois-je avoir pour pouvoir compter sur un bénéfice net de 2.000 francs par mois ? Quelle race de poules est la meilleure pour la ponte et pour la chair ?

Pour les raisons déjà exposées, il n’est pas possible de préciser le nombre de volailles ni de lapins à entretenir dans un élevage combiné, pour gagner 2.000 francs par mois ou plutôt 24.000 francs l’an, parce que les mensualités de basse-cour n’ont pas la régularité des emplois salariés.

Je ne dis pas que, sachant s’y prendre pour élever, nourrir et soigner ses pensionnaires, il ne soit pas possible de réaliser 24.000 francs net, mais il s’agit là d’un travail absorbant et assujettissant, représentant beaucoup plus de quarante heures par semaine, sans loisirs, même dominicaux, ni vacances payées. Il faudrait au bas mot entretenir 250 poules et 100 canes pondeuses, plus de 30 lapines portières et leur progéniture pour obtenir un tel revenu.

Mais il peut arriver que le bénéfice supputé se solde par un gros zéro, et même moins, si on s’y prend mal, ou si on veut se payer la fantaisie de se décharger sur les autres pour l’exécution des travaux. L’aviculture pratiquée sur une petite échelle est un gagne-petit qui s’accommode mal de la main-d’œuvre étrangère surtout si celle-ci est mal surveillée.

Si vous voulez produire conjointement beaucoup d’œufs et obtenir des poulets à la chair délicate, précoces et de bon poids, prenez comme poules des Wyandottes blanches que vous ferez cocher par des coqs Faverolles. Les métis obtenus sont remarquables.

La hernie ombilicale.

— Je perds mes lapines et mes lapereaux d’une drôle de manière. Il leur vient sous le ventre une sorte de tumeur grosse comme une noix. Ayant prêté un mâle à ma voisine, la même mortalité se reproduit chez elle. Qu’est-ce que ça peut bien être et connaissez-vous un remède ?

Il s’agit d’une affection plutôt rare et assez mal définie qui revêt chez vous un caractère nettement épizootique. Le traitement de la hernie ombilicale simple peut se faire par réduction suivie d’une contention par pansement, ce qui est d’ailleurs assez peu pratique. Mais dès l’instant que la maladie est contagieuse, il n’y a pas à tergiverser : sacrifiez pour la cuisine sans exception tous les lapins qui vous restent. Désinfectez ensuite votre clapier à fond et repeuplez-le avec des reproducteurs indemnes de cette affection. Par la suite, ne prêtez pas de mâles pour éviter la contagion, car elle est sûrement d’origine microbienne.

Mondiages d’ARCHES.

(1) Ouvrage cartonné, illustré de 600 gravures, en vente à la Manufacture Française d’Armes et Cycles de St-Étienne. Envoi franco contre 42 francs.

Le Chasseur Français N°603 Novembre 1941 Page 551