Le jardin est, maintenant, pour de longs mois, d’aspect bien
morne. En effet, à part quelques arbustes à feuilles persistantes de couleurs
variées et parfois assez vives, à part aussi quelques autres à fruits
décoratifs, le reste est à peu près dépourvu de tout attrait.
Aussi, apprécie-t-on davantage, en cette saison déshéritée,
les plantes dites « d’appartement » qui apportent dans le home
familial un peu de la gaieté que procurent toujours la verdure fraîche et les
fleurs.
Assez nombreuses sont les plantes susceptibles de séjourner
quelque temps en appartement en y conservant bel aspect. Toutefois, ce n’est
qu’avec des précautions spéciales, à vrai dire assez faciles à observer, que
l’on en pourra profiter pendant une période assez longue et que l’on sera ainsi
dispensé de faire trop fréquemment des remplacements coûteux. Il sera également
possible ainsi de s’attacher à des végétaux dont la présence dans l’appartement
nous remettra en mémoire soit tel événement heureux, soit telle personne amie
et momentanément éloignée qui nous en aura fait hommage.
On ne peut nier, d’ailleurs, que le séjour prolongé en
appartement soif néfaste à la plupart des plantes. Très nombreuses sont, en
effet, les causes de dépérissement rapide contre lesquelles il est indispensable
d’agir. Ces causes sont, en général et par ordre d’importance, les
suivantes :
a. Défaut de régularité des arrosages qui sont
rarement proportionnés aux besoins de la plante.
b. Température très variable, chaude et sèche
l’hiver, lorsque l’appareil de chauffage fonctionne à plein rendement,
s’abaissant brusquement, lorsque l’on aère l’appartement par temps de gelée.
c. Éclairage insuffisant, dont le résultat est
de déterminer un ralentissement notable des fonctions essentielles de la
feuille au détriment du végétal lui-même.
d. Mauvaise qualité du sol qui devient, à la
longue, et pour des causes diverses, acide ou impropre à la végétation.
e. Présence de poussières sur les organes verts,
entravant les fonctions de respiration de ceux-ci en bouchant les stomates par
lesquelles ces fonctions s’accomplissent.
f. Défaut de proportion entre la capacité du
pot qui contient la plante et le système radiculaire de celle-ci, ce pot étant
parfois trop petit, mais bien plus souvent beaucoup trop grand.
Voici, à l’usage de nos lecteurs, quelques conseils relatifs
aux possibilités, qui s’offrent à eux, d’écarter les effets néfastes de ces
diverses causes de dépérissement.
a. Arrosages.
— Ils devront être d’autant plus fréquents et copieux
que la saison sera plus chaude, la lumière plus vive, la végétation de la
plante plus rapide. Plus nécessaires en été qu’en hiver, ils pourront, en cette
dernière saison, être d’autant plus réduits que la plante ne poussera plus.
Il est assez aisé de se rendre compte, à première vue, si
une plante a besoin d’eau par l’examen de la terre et du pot.
Lorsque la terre paraît sèche, que la paroi externe du pot
l’est également et que celui-ci, frappé légèrement, rend un son clair,
l’arrosage est nécessaire. Il faut le donner copieusement, en remplissant d’eau
la cuvette de un centimètre à un centimètre et demi laissée vide entre la
surface de la terre et le bord supérieur du pot. Un autre arrosage ne sera
nécessaire que lorsque les conditions ci-dessus indiquées se représenteront.
Si, la terre étant devenue très sèche, l’eau se pénètre pas
ou si elle passe rapidement pour s’écouler en presque totalité par le trou
ménagé au fond du pot, c’est que l’on a trop attendu pour arroser. Il faut
alors tremper le pot, pendant quelques instants, dans un bassin rempli d’eau où
on le maintient immergé.
b. Température.
— Les courants d’air froid, provoqués par l’ouverture
simultanée de plusieurs baies placées des cotés opposés d’une pièce de
l’appartement, sont nuisibles à toutes les plantes, mais surtout aux plantes à
fleurs obtenues par forçage. Il faut donc les éviter.
De même, éviter de placer les plantes près des radiateurs ou
des appareils de chauffage.
En un mot, s’efforcer de maintenir une température régulière
se rapprochant le plus possible de la température optimum qui, pour la plupart
des plantes, varie entre 12 et 15 degrés centigrades.
c. Éclairage.
— En endroit insuffisamment éclairé, les pousses des
plantes s’allongent beaucoup et prennent une teinte vert pâle presque blanche,
elles s’étiolent, perdant, de ce fait, beaucoup de leur résistance.
Pour obvier à cet inconvénient, il convient de placer la
plante dans l’endroit de l’appartement le mieux éclairé naturellement et de la
tourner, de temps à autre, afin de présenter alternativement chacune de ses
parties à la plus vive lumière.
d. Mauvaise qualité du sol.
— Au tout d’un temps variable, le sol artificiel dans
lequel vit la plante s’épuise ou s’acidifie et, sans que l’humidité soit
excessive, la plante cesse de pousser et jaunit. Il faut alors procéder à un
rempotage, en changeant la terre.
e. Poussières.
— Pour les plantes d’appartement à feuilles épaisses et
coriaces, comme l’aspidistra, le ficus elastica (caoutchouc), la
plupart des palmiers, quelques fougères, il est utile de laver les
feuilles, aussi fréquemment que possible, avec une éponge imbibée d’eau de
pluie, en évitant soigneusement de les déchirer. Pour les plantes à feuilles
molles, de bons résultats seront obtenus au moyen de bassinages effectués à
l’aide d’un pulvérisateur à main ou d’un simple vaporisateur.
De temps à autre, pour permettre de lutter contre différents
parasites : cochenilles, pucerons ou autres, on additionnera, à l’eau des
lavages ou des bassinages, soit de la nicotine, à la dose de 1 gramme par
litre d’eau, soit un insecticide du commerce, soit du savon pyrèthre, soit même
du savon blanc, à raison de 10 grammes par litre d’eau.
f. Dimension des pots.
— On a généralement tendance, lorsque l’on change une
plante de pot, à la remplacer dans un vase de diamètre très nettement
supérieur. Les racines, ne se trouvant plus alors au contact ou à la proximité
immédiate de la bordure du pot, manquent d’air et, pour peu que l’humidité soit
trop considérable, pourrissent.
Donc, sur ce point, il faut se garder de toute exagération
et, lorsqu’on procède à un rempotage, n’utiliser qu’un pot de même calibre ou
d’un calibre légèrement supérieur à celui que quitte la plante.
Il convient, en outre, de n’employer que des pots à paroi
poreuse, à l’exclusion de ceux en poterie vernissée, que l’on pourrait être
tenté d’utiliser, parce que plus décoratifs.
E. DELPLACE.
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