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L’arachide

Description.

— L’arachide est une légumineuse herbacée annuelle à tiges dressées ou rampantes, formant des touffes plus ou moins importantes, suivant la variété, le climat et le mode de culture.

Feuilles alternes, composées de deux paires de folioles ovales, fleurs de deux sortes : les unes grandes, jaunes, se montrant à l’extérieur de la touffe, sont stériles ; les autres, petites et cachées, s’inclinent vers le sol et s’y enfoncent progressivement pour former et développer le fruit qui mûrit ainsi à 5 ou 6 centimètres sous terre. La gousse d’arachide, ou cacahuète des terrasses de cafés, est donc un véritable fruit, bien que d’une apparence et d’une provenance particulières, et non pas un tubercule, ainsi que nous l’avons souvent entendu baptiser par des profanes.

Nous ne décrirons pas la gousse, qui est connue de tous, et qui contient deux ou trois graines gorgées d’huile.

Végétation et culture.

— La durée de végétation oscille entre trois et six mois suivant la variété et la nature du climat. On distingue habituellement deux types culturaux, l’africain aux tiges rampantes, fruits dispersés et à cycle végétatif minimum ; et l’asiatique aux tiges dressées, fruits groupés et à végétation plus prolongée.

La culture de l’arachide est facile et peut se comparer à celle du maïs, en ce qui concerne les façons culturales. Mais, du fait que l’ovaire fécondé doit s’enfoncer en terre pour y former le fruit, il y a lieu de réserver à cette légumineuse un sol léger et bien ameubli sous une certaine épaisseur ; la récolte en sera d’ailleurs d’autant facilitée, puisqu’il s’agit d’un arrachage de gousses. Les terres sableuses ou silico-argileuses sont donc à rechercher.

Par contre, l’arachide est peu exigeante pour le climat puisqu’elle est cultivée aussi bien dans des régions presque sèches comme le Sénégal, avec 25 ou 30 centimètres de pluie annuellement, voire l’Égypte, — mais ici à l’irrigation, — que dans des contrées humides comme l’Extrême-Orient, Indes néerlandaises notamment.

L’arachide se sème en lignes, à raison de deux à trois graines par poquet, à des écartements variant de 40 à 60 centimètres. Il faut environ 45 à 50 kilogrammes de graines par hectare. Levée à six-huit jours. Floraison à partir du 35 à 45e jour. Dès que les tiges se fanent, on laisse ressuyer les touffes, qu’on met ensuite en meules. Séparation des gousses à la main ou à la batteuse.

Rendements culturaux et produits utiles.

— Le rendement des gousses à l’hectare peut varier de 500 kilogrammes à plusieurs tonnes (moyenne courante 1 à 2 tonnes) suivant le climat, la variété et les soins culturaux apportés. Les fanes représentent 50 à 80 p. 100 du poids des gousses ; c’est un fourrage de premier ordre, comparable à la luzerne. La gousse comprend quantitativement les parties suivantes : cosses, 25 p. 100 ; amande, 70 p. 100 ; pellicule et germe, 5 p. 100.

En moyenne, la graine contient 40 à 50 p. 100 d’une huile comestible, actuellement connue et employée partout. Cette huile est même employée pour la fabrication de beurres d’oléo-margarine et de fromages cuits à pâte dure, genre hollande (tête de maure) et gruyère. Elle a enfin des usages industriels (éclairage, savonnerie, graissage). Le tourteau d’arachide, même non décortiqué, est un aliment riche donnant d’excellents résultats pour l’élevage des jeunes et l’engraissement de tout bétail.

Aire de culture et possibilités nouvelles.

— L’arachide est principalement cultivée au Sénégal, au Soudan, dont elle fait la fortune, aux Indes et aux États-Unis.

C’est une culture facile qui pourrait être profitablement entreprise dans des régions plus septentrionales : Afrique du Nord et même Midi et Sud-Ouest de la France. Elle est d’ailleurs cultivée en Espagne (région de Valence principalement), où elle donne d’excellents résultats. Mais il importe de remarquer que l’arachide de Valence est plutôt la véritable cacahuète de consommation courante (après une légère torréfaction), tandis que les trois pays cités plus haut cultivent l’arachide industrielle, beaucoup plus petite, moins présentable, mais plus riche en huile. C’est une distinction, dont il y a lieu de tenir compte avant de se lancer dans une culture de quelque importance. En France, notamment, l’arachide pourrait être cultivée dans la zone Sud de production du maïs, où la somme thermique est suffisante pendant les quatre à six mois d’été, et, d’après les essais déjà effectués, il faudrait compter sur un rapport brut de 4 à 5.000 francs par hectare.

En Afrique du Nord, les mêmes régions du maïs pourraient convenir. Nous ne parlons pas des colonies tropicales et équatoriales, où l’arachide est partout cultivée et utilisée.

Il s’agit donc d’une plante véritablement intéressante, qui ne doit être nulle part négligée, étant donnés ses faibles exigences et les débouchés nombreux offerts par l’industrie oléicole.

R.-Louis JOLY.

Le Chasseur Français N°604 Décembre 1941 Page 631