Dans des causeries antérieures, nous avons dit quelques mots
des manipulations conduisant à l’obtention d’un négatif, puis à l’impression
des épreuves positives ; nous avons même abordé — un peu
prématurément peut-être — l’examen des moyens permettant de faire
« virer » la coloration des dépôts pulvérulents constituant
l’image ; mais nous n’avons épuisé aucune de ces questions primordiales,
qui feront l’objet d’études de plus en plus serrées à mesure que progressera
l’initiation du lecteur. C’est ainsi que nous revenons aujourd’hui sur l’impression
des épreuves sur papiers au bromure, d’abord pour insister sur ce fait que
l’amateur perd trop souvent de vue l’amélioration considérable résultant de
l’adaptation judicieuse de la sensibilité et surtout de la gradation de
l’émulsion positive au degré de contraste du cliché, qui peut, par aventure,
être mou, normal, dur, etc., suivant les circonstances de son exécution.
Bien que cela ne soit pas d’obligation absolue, il est
habituel de réserver aux papiers de moindre sensibilité (chloro-bromure ou gaslight)
les impressions par contact, alors que l’on utilise plus volontiers les papiers
de grande rapidité dans les opérations par agrandissement. Toutefois, la
condition de rapidité n’a qu’une influence bien minime sur la qualité des
images, lorsque les manipulations sont effectuées correctement, tandis que la
gradation propre au papier exerce au contraire une action prépondérante sur la
traduction des valeurs du sujet, action d’autant plus marquée que le négatif
s’écarte davantage de ce que l’on considère comme un bon cliché.
Une autre possibilité d’interprétation se trouve dans
l’appropriation du révélateur à l’exposition reçue par la couche sensible. Bien
que le secours qu’on en peut attendre ait été souvent révoqué en doute, il est
facile de prouver expérimentalement qu’il permet de parer aux pires accidents
dans des cas de surexpositions massives ou d’insuffisances notoires. Il n’est
pas jusqu’au sage révélateur au diamido-phénol qui ne puisse être assoupli dans
une assez large mesure et se prêter à l’obtention d’images bien équilibrées
présentant une juste distribution des valeurs et un effet correct d’opposition
et de relief.
C’est ainsi que, partant du révélateur classique et d’emploi
universel :
Eau |
250 |
centimètres cubes. |
Diamidophénol |
1 |
gramme. |
Sulfate de soude anhydre |
6 |
grammes. |
on évite l’effet heurté des sous-expositions caractérisées
par une simple addition de deux à trois volumes d’eau pure, ou bien par
addition de quelques centimètres cubes de solution concentrée de sulfite de
soude. Dans le cas où l’on viserait particulièrement l’obtention d’une image
très douce, dans les conditions habituelles du cliché et d’exposition, il
conviendrait d’entreprendre le développement avec un bain composé comme
suit :
C’est ainsi que, partant du révélateur classique et d’emploi
universel :
Eau |
250 |
centimètres cubes. |
Sulfite de soude anhydre |
8 |
grammes. |
Diamidophénol |
1/4 |
(0gr,25). |
Au contraire, on combattrait la surexposition en recourant
aux retardateurs, par exemple le bromure de potassium à raison de 3 à 5 centimètres
cubes de solution à 10 p. 100 par 100 centimètres cubes de bain.
L’addition d’une certaine dose de diamido, qui a été recommandée dans le même
but, retarde la venue de l’image, mais n’a pas beaucoup d’influence sur
l’opposition, pas plus d’ailleurs que le bisulfite de soude.
À la rigueur, la dilution raisonnée du révélateur au diamido
suffirait à contrôler le développement des épreuves présentant des écarts
notables dans les durées d’exposition.
L’influence de l’énergie du révélateur sur la constitution
de l’image ne semble plus pouvoir être mise en discussion après que l’on a
répété sans parti pris des expériences comme celles de M. K. Turner, que
nous allons résumer. Elles reposent sur le dosage raisonné de deux bains de
développement à l’hydroquinone dont l’un pousse à la vigueur, au contraste,
tandis qua l’autre « donne doux », grâce à l’addition au premier
d’une certaine proportion de génol, soit :
A. — |
Eau chaude ayant bouilli |
200 |
centimètres cubes. |
|
Sulfite de soude anhydre |
20 |
grammes. |
|
Hydroquinone |
10 |
— |
|
Soude caustique |
10 |
— |
B. — |
Même composition, avec addition de 5 grammes de génol. |
Au moment de l’emploi, on prélève quantité suffisante de
bain de réserve A, que l’on additionne de 8 à 16 volumes d’eau, et on
ajoute une assez forte dose de bromure en solution à 10 p. 100. Ce
bain, qui ne renferme pas de génol, convient au traitement des épreuves
provenant de clichés mous et sans vigueur, ou dont l’exposition a dépassé la
normale. S’agit-il, par exemple, d’une épreuve ayant reçu par erreur une
exposition trois ou quatre fois supérieure à la normale, on développe dans le
bain A, largement dilué et bromuré, nous le répétons, en débutant avec une
préparation voisine de la suivante :
Révélateur A |
8 |
centimètres cubes. |
Solution de bromure à 10 p. 100 |
2,5 |
— |
Eau pure |
100 à 120 |
— |
C’est seulement lorsque l’on a la certitude que l’image peut
gagner à être traduite par des oppositions moins tranchées, que l’on fait
intervenir le bain B contenant du génol. Au cours même du développement,
on peut être amené à remplacer le bain ci-dessus par un bain de dilution
normale, mais dans lequel les deux solutions de réserve sont associées dans
certaines proportions, soit 6 à 8 parties de A pour 2 à 3 de B. C’est
l’expérience qui, d’après l’aspect de l’image naissante, enseigne le meilleur
dosage des deux composants dans chaque cas. Assez souvent, la composition qui
donne les résultats les plus réguliers avec des épreuves normalement exposées se
rapproche de celle-ci :
Solution A |
9 |
centimètres cubes. |
Solution B |
3 |
— |
Solution de bromure à 10 p. 100 |
4 |
— |
Eau pure |
250 |
— |
En interprétant judicieusement ces quelques indications
générales, on arrive à obtenir du même cliché et sur le même papier des séries
d’épreuves présentant un degré de contraste et de vigueur sensiblement
équivalents, bien qu’elles résultent d’expositions dont la durée varie dans la
proportion de 1 à 5. Cela revient à dire qu’on atteindrait une semblable
régularité dans des épreuves provenant de clichés différemment contrastés ou
inégalement exposés, si le dosage du révélateur était adapté aux circonstances
de l’opération.
Nous ne ferons aucune difficulté pour reconnaître que, dans
tous les cas où la gradation du papier et l’exposition répondent aux conditions
du problème, il est possible d’obtenir d’excellents résultats en utilisant un
révélateur de composition invariable, qu’il ait été acheté dans le commerce ou
préparé par l’opérateur lui-même. On nous accordera toutefois que l’usage d’un
révélateur « adapté » donne une garantie supplémentaire et constitue
une assurance contre toute éventualité fâcheuse d’insuccès irrémédiable.
Jacques BERYL.
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