Bassan est une île de la mer du Nord, en face d’Édimbourg,
que les fous habitent par milliers, ils en ont pris le nom. Et pourquoi fou !
Parce qu’on nous raconte que cet oiseau, poursuivi par des espèces plus petites
et moins fortes, comme la frégate, le goéland, les stercoraires, lâche sa
proie. Peut-être aussi parce qu’il donne follement sur les pièges qu’on lui
tend et qu’il est si brutal qu’il peut s’assommer en venant piquer un poisson
sur le pont d’un bateau.
Car le fou, qui est un oiseau essentiellement marin,
suit les bancs de poissons, maquereaux, harengs, sardines, et, lorsque les
pêcheurs tirent leur filet, il vient leur enlever le poisson, même sur le
bateau. Le fou est un grand et bel oiseau, blanc quand il est adulte, avec
seulement les rémiges noires ; il a le dessus du bec nu et jaune, de même
ses paupières et ses joues le sont également. Il a le bec plus long que la
tête, très robuste et verdâtre. Les pieds, brun verdâtre, sont entièrement
palmés, avec les doigts rayés de vert jaune. Le fou, dans sa jeunesse, est brun
clair parsemé de petites taches blanches. Ce n’est qu’à trois ans qu’il revêt
sa belle livrée. La femelle a le même plumage que le mâle. C’est un oiseau de
belle taille, qui mesure environ 0m,85.
Il vole beaucoup, d’un vol régulier et droit, et il préfère
se poser sur la mer que sur la terre. Il ne s’approche des falaises et des
rochers que rarement, et notamment pour y nicher et y déposer un œuf, rarement
deux. Il n’est pas très sauvage et se laisse assez facilement approcher. Il ne
redoute guère la présence de l’homme. On le voit même, quelquefois, en pleine
mer, se poser sur la vergue d’un bateau.
Le fou habite les régions septentrionales de l’Europe, de
l’Asie ou de l’Amérique ; il vit par colonies innombrables, mais il vient
dans nos contrées en septembre, y demeure l’hiver et repart au printemps. On le
rencontre surtout sur les côtes de la Manche et de l’Océan. Il est rare sur les
côtes de la Méditerranée. C’est un beau coup de fusil, mais il supporte bien le
plomb. S’il n’est que blessé, il est difficile de s’en emparer quand il tombe
sur l’eau.
J. B. S.
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