La réforme de l’enseignement public

Quand, il y a de nombreuses années, nous avons commencé nos causeries, nous nous sommes d’abord attachés à faire connaître à nos lecteurs, tout au moins dans ses grandes lignes, le fonctionnement à tous ses degrés de l’enseignement public en France. Par une série de lois, décrets et arrêtés publiés entre le 15 et le 18 août 1941, de profonds bouleversements ont été apportés dans cette organisation. Il nous a paru indispensable de présenter aux parents d’élèves qui veulent bien lire nos causeries les principales dispositions de cette réforme.

C’est peut-être l’enseignement secondaire qui connaît les plus grands changements, et nous aurons à y insister. Mais occupons-nous tout d’abord des plus jeunes, et voyons ce que devient l’enseignement primaire élémentaire.

Les études primaires élémentaires comprennent désormais deux cycles. La constitution de ces deux cycles est obligatoire dans toutes les écoles. Toutefois, après autorisation de l’inspecteur d’Académie, il pourra être constitué un deuxième cycle d’études commun à deux ou plusieurs écoles.

La durée des études se répartit comme suit :

Premier cycle : section préparatoire (un an, de six à sept ans) ; cours élémentaires (deux ans, de sept à neuf ans) ; cours moyens (deux ans, de neuf à onze ans).

Second cycle : trois ans, de onze à quatorze ans.

À la fin des études primaires du premier cycle, il est institué un diplôme d’études primaires préparatoires auquel pourront se présenter les enfants âgés de onze ans au 31 décembre de l’année de l’examen. Des dispenses d’âge n’excédant pas six mois pourront être accordées à titre exceptionnel aux candidats qui ont demandé leur inscription dans une classe de sixième de lycée ou collège ou dans une année préparatoire de cours complémentaire d’enseignement général. Aucun candidat ne peut être autorisé à se présenter à l’examen s’il a plus de douze ans au 31 juillet de l’année en cours.

À la fin de chaque année scolaire, une session d’examen est ouverte dans tous les départements. À l’époque et dans les délais prescrits par l’inspecteur d’Académie, chaque instituteur dresse, pour son école, l’état des élèves qui font acte de candidature à l’examen du diplôme d’études primaires préparatoires. Les pères de famille dont les enfants ne fréquentent aucune école fournissent aux maîtres les mêmes indications. La liste des candidats de chaque commune, visée et certifiée par le maire, est transmise à l’inspecteur primaire. Celui-ci inscrit en vue de l’examen les enfants de sa circonscription qui réunissent les conditions réglementaires.

En principe, chaque chef-lieu de canton est le siège d’une commission d’examen. L’examen comprend une seule série d’épreuves : une rédaction sur un sujet simple se rapportant à la vie personnelle de l’enfant (scolaire ou familiale) ou à des événements dont il a pu être témoin : durée, cinquante minutes.

Une dictée de dix lignes environ, suivie de trois questions, dont deux relatives à l’intelligence du texte et la troisième à la connaissance de la langue. Durée : quarante minutes.

Une série de trois questions d’arithmétique limitées à l’usage d’une opération dans un cas concret ou à la résolution d’une question élémentaire ; un problème très simple d’arithmétique pratique avec solution raisonnée. Durée : quarante minutes.

Un exercice de lecture courante d’un texte ayant un sens complet. Des questions portant sur l’intelligence du texte seront posées. Le texte sera remis au candidat cinq minutes avant l’épreuve. Sont déclarés admis les candidats qui, n’ayant pas de note éliminatoire, ont obtenu la moyenne pour l’ensemble des épreuves. Le diplôme d’études primaires préparatoires est décerné d’office aux candidats admis à l’examen des bourses (1^re série).

Les élèves qui demandent leur inscription dans la classe initiale des enseignements classique, moderne ou agricole ou dans un cours complémentaire d’enseignement général devront avoir obtenu le diplôme d’études primaires préparatoires.

Les élèves qui ne se destinent pas à l’enseignement secondaire entreprennent un deuxième cycle d’études primaires à la fin duquel est décerné un certificat d’études primaires élémentaires. Le nouveau diplôme, qui conserve le nom de son prédécesseur, en diffère cependant assez sensiblement.

Les candidats au certificat d’études primaires doivent avoir atteint l’âge de quatorze ans révolus au 31 décembre de l’année où ils se présentent. Tous ceux qui ont suivi la classe préparatoire sont obligatoirement présentés. L’ouverture d’une session et les conditions d’inscription sont les mêmes que celles que nous avons précédemment données pour le diplôme d’études primaires préparatoires.

L’examen comprend deux séries d’épreuves. Épreuves de la première série : une rédaction sur un sujet simple dans le cadre des programmes du second cycle. Durée : cinquante minutes. La rédaction servira d’épreuve d’écriture.

Un problème comportant, autant que possible, l’utilisation de documents (plans, séries de prix, tarifs, barèmes, catalogues, documents officiels, etc.) et se rapportant à la vie pratique. Durée : trente-cinq minutes.

Une question de sciences portant, pour les filles, sur l’enseignement ménager, l’hygiène, la puériculture, l’horticulture et, pour les garçons, suivant le milieu, sur les sciences appliquées à la vie urbaine. Durée : quarante minutes.

Une interrogation écrite d’histoire et géographie comportant quatre questions qui n’exigent que des réponses brèves. L’une des questions de géographie pourra être l’exécution d’un croquis. Durée : vingt minutes.

Une dictée de douze lignes suivie de trois questions relatives à l’intelligence du texte et à la connaissance de la langue. Durée : cinquante minutes.

Épreuves de la deuxième série : pour les garçons, un exercice de dessin (croquis coté, tracé géométrique élémentaire ou levé de plan simple, ou dessin à vue) ; pour les filles, un exercice de couture et lingerie ou un dessin à vue. Durée : quarante-cinq minutes.

Pour les garçons et suivant le milieu, un exercice pratique de travail manuel. Pour les filles, un exercice pratique d’enseignement ménager (cuisine, blanchissage, raccommodage, repassage), d’hygiène ou de puériculture.

Un exercice de lecture courante d’un texte ayant un sens complet. Des questions portant sur l’intelligence du texte seront posées. Le texte sera remis aux candidats cinq minutes avant l’épreuve.

L’exécution d’un chant choisi sur une liste d’au moins cinq morceaux.

Indiquons toutefois que des mesures transitoires sont prévues. C’est ainsi, par exemple, que l’exercice de travail manuel ci-dessus ne sera introduit à l’examen qu’à la session de 1945.

Nous ne pouvons songer à entrer ici dans le détail des horaires et programmes de ce nouvel enseignement primaire élémentaire ; notons simplement qu’il se rapporte à un triple objet : éducation morale, civique et patriotique, éducation intellectuelle, activités d’éducation générale à base d’éducation physique.

Ainsi, entend-on préparer, comme l’a déclaré, dans un discours radiodiffusé, M. le Secrétaire d’État à l’Éducation nationale et à la Jeunesse, l’avenir de la France, dans lequel une jeunesse non seulement plus instruite que la précédente, mais physiquement plus robuste et moralement mieux trempée, devra travailler d’un même enthousiasme à la rénovation nationale.

Jean LE GUIDE.

Le Chasseur Français N°605 Janvier 1942 Page 53