Suggestions.
— J’ai lu, dans le numéro d’octobre du Chasseur
Français, le texte concernant la réorganisation de la chasse. Je me
réjouis, comme tous les chasseurs sérieux, de ce commencement d’organisation. Évidemment,
tous les disciples de saint Hubert ne seront pas contents, mais la majorité
reconnaîtra que l’absence presque totale de réglementation, question chasse, ne
pouvait durer plus longtemps. En effet, s’il reste encore quelques chasses
giboyeuses, combien sont maintenant presque désertiques. La chasse se meurt et
il est grand temps d’apporter un remède à ce moribond que nous voudrions tant
voir revivre. Je pense pourtant que le remède constitué par la réglementation
actuelle, pour excellent qu’il soit, n’est pas énergique. Il est vrai que le conseil
supérieur de la chasse travaille, sans doute, à élaborer d’autres textes,
étudie probablement bien des suggestions.
Je vous communique ci-dessous les grandes lignes d’un projet
que, depuis longtemps, j’aurais voulu voir réalisé. Peut-être y retrouvera-t-on
quelques idées justes qui, par la voix du journal, pourront toucher les
personnalités intéressées.
1° Conseil supérieur chasse et pêche.
— Divisé en deux bureaux (un bureau chasse, un bureau
pêche) et sous les ordres duquel seraient directement placés des centres
d’élevage et une école des gardes. Ce bureau serait chargé de présenter au
ministère de l’Agriculture les réorganisations nécessaires et s’occuperait
également, en cas de nécessité, de l’importation de gibier étranger.
2° Sociétés départementales chasse et pêche.
— Divisées en deux sections comme le conseil supérieur.
Ces sociétés percevraient sur leurs adhérents, sociétés communales ou
particuliers, une taxe proportionnée à l’étendue des chasses ou des lots de
pêche des affiliés.
3° Une société de chasse dans chaque commune.
— Obligation pour tous les propriétaires dont la
propriété est inférieure à 200 hectares de louer leur droit de chasse à
cette société, moyennant une redevance fixée à x francs par hectare. Tous
les chasseurs de la commune seraient admis dans la société en payant une
cotisation annuelle (montant à déterminer en tenant compte des dépenses de la
société et du nombre de chasseurs) et en s’engageant à observer les statuts.
Les chasseurs étrangers à la commune acquitteraient une surtaxe supplémentaire.
De plus, un certain nombre de cartes journalières seraient mises à la
disposition des propriétaires leur permettant de recevoir un invité de temps à
autre (nombre de cartes proportionnel à la surface louée à la société). Pour les
propriétaires de plus de 200 hectares, faculté de louer à la société
communale, soit d’adhérer à la société départementale.
4° Sociétés de pêche.
— Organisation analogue à celle des sociétés de chasse,
chaque propriétaire étant dans l’obligation soit de faire partie d’une société
de pêche (cas d’un propriétaire ne possédant qu’une portion de rivière), soit
de s’affilier à la société départementale. Les rivières faisant partie du
domaine public seraient louées par lots, soit à des sociétés de pêche, soit à des
particuliers, qui feraient partie des sociétés départementales dans les mêmes
conditions que les propriétaires.
5° Brigades départementales garde-chasse et garde-pêche.
— Une section de gardes par arrondissement commandée
par un garde chef. À la tête de chaque brigade départementale se trouverait un
inspecteur chargé de la surveillance des gardes. Chaque garde serait muni, par
les soins de la société départementale, d’un fusil, d’un chien de
contre-braconnage, d’un matériel de piégeage simple, mais assez complet, d’un
carnet duplicateur servant à relater l’emploi du temps de chaque jour. En fin
de mois, chaque garde ferait parvenir les doubles de ce carnet à l’inspecteur
départemental, qui les classerait dans le dossier de l’intéressé avec la
récapitulation des captures et des contraventions. En plus d’un salaire fixe,
les gardes recevraient une rétribution supplémentaire proportionnelle au
travail fourni et aux résultats obtenus. Ces résultats seraient appréciés par
l’inspecteur départemental, d’après les doubles reçus, les captures, les
procès-verbaux et les rapports des présidents des sociétés de chasse
communales. J’insiste sur le fait que l’organisation de cette brigade, son
esprit de discipline auraient une importance capitale. Les candidats devraient
faire l’objet, avant leur admission à l’école des gardes, d’un examen très
sérieux. Qualités à exiger : moralité parfaite, amour de la chasse et
bonne volonté, esprit d’observation et bonne santé. Éliminer impitoyablement
les ivrognes et les paresseux.
6° Centres d’élevage de gibier de repeuplement.
7° Centres d’alevinage.
8° École d’instruction professionnelle des gardes.
9° Constitution des réserves de chasse : chaque
société communale constituerait en réserve le dixième de son territoire.
Cette organisation devrait être complétée par quelques
textes réglementant l’exercice de la chasse :
A. Dates d’ouverture fixées par le conseil supérieur de la chasse ;
B. Interdiction de tirer le lièvre et le faisan en septembre ;
C. Interdiction d’utiliser le furet, sauf autorisation de l’inspecteur départemental des gardes ;
D. Autorisation de destruction de nuisibles accordée (après réelle justification de nécessité) par l’inspecteur des gardes ;
E. Simplification de la demande de permis, augmentation de son prix et assurance-chasse automatique du fait de la possession du permis.
Par exemple, pour obtenir son permis, le chasseur devrait
joindre à une demande sur papier libre un mandat de 150 francs, accompagné
d’une photo ou de l’ancien permis. Sur ces 150 francs, une partie serait
ensuite versée au conseil supérieur de la chasse, une autre partie à la société
départementale, une troisième partie à un fonds commun d’assurance en cas
d’accidents, le reste revenant à l’État.
Je termine ce rapide exposé en rappelant que les meilleurs
lois ou décrets ne seront réellement utiles que dans la mesure où la mentalité
des chasseurs évoluera vers un esprit plus sportif. Cette éducation des
chasseurs est un des rôles de notre journal qui mérite la reconnaissance de
tous par la façon dont il s’acquitte de cette tâche.
R. MAROUZE, Abonné.
Lièvres à front blanc.
— Un chasseur de la commune de Monfaucon (Dordogne) a
tué l’année dernière un lièvre qui portait une raie blanche partant du nez et
aboutissant à la naissance des oreilles.
Cette année, dans les mêmes parages, il a été abattu un mâle
de six livres, présentant les mêmes caractéristiques. Le fait paraît être assez
rare pour être signalé.
COSTE, Abonné.
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