Les brusques variations de température se produisant pendant
ce mois interrompent souvent les travaux extérieurs. La neige, le gel, la pluie
rendent le sol inabordable aux opérations culturales dont le but est de le
remuer.
Par temps favorable, l’arboriculteur n’a pas un moment à
perdre, il doit profiter de tous les instants afin que les travaux commencés se
terminent à la fin du mois.
Travaux à effectuer par mauvais temps.
Préparation de tuteurs pour arbres en plein vent.
— Choisir des perches de châtaignier de 2 mètres
de longueur et de 3 centimètres de diamètre.
Les appointer et les écorcer pour éviter que les parasites
trouvent un abri en saison hivernale. Tremper leur base dans du carbonyle chaud
et les laisser sécher avant de les utiliser, leur durée se trouvera prolongée.
En brûlant légèrement le pied sur toute la partie qui sera enterrée, vous
obtiendrez le même résultat.
Préparation de piquets de tête, arcs-boutants et
ordinaires en vue d’établir un contre-espalier pour pêchers, poiriers, pommiers,
pruniers.
— Les piquets de tête de lignes auront de 9 à 10 centimètres
(à mi-hauteur) de diamètre et 2m,50 de longueur.
Les arcs-boutants et les ordinaires, placés sur les lignes,
seront choisis dans la même essence forestière, d’une longueur de 2m,30
et 7 à 8 centimètres de diamètre.
Tous ces piquets appointés seront trempés ou brûlés à leur
base.
Taille et triage des osiers pour attacher la tige de
plein vent, les charpentières et les prolongements des formes en surface.
— L’osier répondant le mieux aux travaux auxquels on le
destine, c’est le saule viminal. Il produit de nombreux rameaux droits, peu
ramifiés, vert grisâtre. Parmi les hybrides qui ont été obtenus, le saule Smith
a une croissance rapide de pousses robustes, souples, brun-rouge. Ce saule est
considéré comme le type parfait pour les liens nécessaires en arboriculture. Il
se multiplie par boutures de 50 centimètres de long, plantées dans un
terrain frais en mars.
Les branches de l’année sont taillées à leur naissance sur
le tronc pour former une tête. Elles sont transportées dans un local où les
ramifications sont coupées et classées selon leur grosseur en trois
catégories : grosses, moyennes et petites ; dans chaque dimension,
elles sont mises en poignées, remisées dans une cave fraîche.
Choix et conservation des rameaux greffons pour les
greffes de printemps.
— Les rameaux seront coupés sur des arbres
sélectionnés. Huit jours avant la maturité des fruits on marque sur le tronc,
avec de la peinture, les arbres dont le feuillage et les fruits reproduisent
les caractères de la variété, les pieds produisant une récolte constante,
au-dessus de la moyenne, à maturité régulière, indemnes de parasites. Ce choix
se continuera deux ou trois années de suite. Sur les individus choisis, on ne
coupera que les rameaux parfaitement aoûtés de calibre moyen.
Pour éviter le dessèchement de rameaux coupés, ils sont
placés dans un local frais, peu aéré, à basse température. Les greffons formant
les premiers leurs tissus cicatriciels ou de soudure, doivent avoir, à l’époque
du greffage, un certain retard sur la végétation du sujet ; pour cela, ils
sont placés dans un milieu plus froid et plus sec. En sable sec, dans un local
froid, les greffons peuvent se conserver jusqu’en juin. Le sable doit être fin,
provenir de rivière ; pendant l’été, il est placé au soleil, en le remuant
plusieurs fois pour l’aérer et détruire les moisissures se développant sur les
écorces. À l’automne, le sable doit être frais et sec ; à ce moment, il
est rentré dans le local où les greffons seront conservés.
Les greffons, mis en paquets étiquetés, sont placés
verticalement ou couchés horizontalement, ils sont immergés dans le sable qui
doit les envelopper entièrement sans aucune poche d’air confiné, qui, en se
saturant d’humidité, par l’eau des greffons, favoriserait le développement des
moisissures dans ces espaces vides. Les premiers jours, le sable absorbe
l’humidité émise par le bois, une fois frais, les greffons sont à l’abri de la
dessiccation.
Quatre à cinq jours avant leur emploi, les greffons sont
lavés à l’eau courante, pour entraîner le sable, qui ébrécherait le greffoir.
Les pieds à rameaux sont mis dans l’eau et le sommet est pulvérisé deux ou
trois fois par jour, afin que les tissus s’imbibent et reprennent leur
turgescence. Les greffons ayant souffert, dont l’écorce est légèrement ridée,
trempés dans l’eau tiède à 30°, reprendront rapidement leur état naturel.
On se rendra compte de la vitalité des bois conservés en
rafraîchissant les deux sections de rameaux (inférieurs et supérieurs), la base
mise dans l’eau, on doit voir, sur la section supérieure, une heure après, le
liquide perler, indice de la bonne conservation des greffons.
Travaux à effectuer par temps favorable.
Terminer les plantations d’arbres fruitiers en terres légères
sèches.
— Les hâles de l’hiver sont fréquents à cette époque,
dans les plantations importantes, il arrive que les arbres restent longtemps
hors terre. La dessiccation du chevelu des racines se trouvera évitée, tout en
facilitant son adhérence au sol en les pralinant. Toutes les racines seront
plongées dans une bouillie composée de terre argileuse et de bouse de vache en
parties égales, délayée dans l’eau où l’on a fait dissoudre 50 grammes de
sulfate d’ammoniaque par arrosoir de 15 litres.
Commencer à planter dans les terres argileuses.
— À cette période, il est quelquefois difficile de
trouver la terre dans l’état où elle serait propice à la plantation. Malgré
cela, il ne faut pas attendre trop longtemps et laisser passer l’époque. La
difficulté sera tournée de la manière suivante : le cône de terre du trou
de plantation sur lequel doivent reposer les racines de l’arbre sera constitué
avec de la terre prise à la surface du sol, plus ressuyée, plus réchauffée que
celle provenant de la confection du trou. L’arbre, habillé, installé sur le
dôme, est maintenu dans sa position verticale. Les racines distribuées tout
autour, dans leur position naturelle, seront recouvertes avec de la terre prise
en surface. On fait glisser cette terre avec la main ou un morceau de bois
entre les ramifications, évitant que les racines se ramassent en paquets ;
elles doivent se trouver séparées les unes des autres par un peu de terre. Le
trou à moitié comblé, on fera adhérer les racines au sol en appuyant le pied
d’autant plus énergiquement que la plantation est plus tardive et le sol plus
sec. Ce tassement pourra se remplacer avantageusement par un arrosage
permettant à la terre de pénétrer entre les racines, tout en fournissant
l’émission des radicelles. Cet arrosage devient indispensable dans les
plantations tardives. On achèvera le remplissage du trou en formant une légère
butte. Avoir soin, pendant toutes ces manipulations, de ne pas soulever,
ébranler l’arbre de manière à ne pas déplacer ou replier les racines.
Taille des arbres fruitiers. Époque.
— La taille en sec ou d’hiver se pratique pendant toute
la période du repos de la végétation. Cependant, elle doit être interrompue
pendant les froids, le bois gelé donne une coupe où une partie des tissus se
trouvent écrasés. Il faut aussi considérer que les réserves nutritives
renfermées dans le vieux bois se déplacent au début de la végétation pour se
mettre à la disposition de tous les jeunes bourgeons de rameaux. Donc, une
taille tardive retranchera une partie de rameaux gorgée de réserves
alimentaires. Il résultera que les yeux laissés par la taille auront à leur
disposition une quantité réduite d’aliments, d’où croissance faible. Au
contraire, une taille précoce accumulera autour des deux ou trois yeux de
taille toutes les réserves qui devaient se répartir sur tous les bourgeons des
rameaux.
En application de ce qui précède : taille tardive pour
les arbres vigoureux, peu fertiles, leur croissance sera diminuée et leur
période de fructification se trouvera avancée. Taille précoce pour l’arbre
faible, grâce à l’abondance des réserves que chaque bourgeon recevra, leur
croissance sera favorisée et les pousses seront vigoureuses.
Taille d’arbres fruitiers à pépins.
— La taille fruitière d’arbres à pépins est
individuelle. Elle doit être fonction de la capacité fonctionnelle et
productive du sujet, il est donc utile de la connaître avant de procéder à la
taille. La réaction produite par l’arbre taillé l’année précédente donnera les
renseignements précis pour équilibrer ensuite ses diverses capacités. L’examen
sommaire d’un arbre indiquera l’opération rationnelle à exécuter pour tendre
vers une production maximum.
Premier cas. — Un arbre dont les rameaux à bois
taillés à 2, 3, 4 yeux a produit 2, 3, 4 pousses à bois, sans aucune
transformation (brindilles, dards, bourgeons fructifiés). Résultat d’une taille
trop courte. Sa capacité fonctionnelle n’a pas été atteinte. Il faut
tailler tardivement les rameaux et le prolongement des charpentiers plus longs.
Conserver 5 à 6 rameaux flexibles de 20 centimètres par charpentier pour
leur faire subir l’épreuve.
Deuxième cas. — Un arbre ayant subi la même
taille que le cas précédent a donné sur les rameaux à bois taillés 2 à 3 pousses,
les yeux de la base sont restés latents. Taille trop longue. Donc diminuer
le nombre d’yeux et raccourcir le prolongement aux deux tiers de sa longueur.
Troisième cas. — Un arbre traité comme
précédemment a produit des rameaux à bois, des brindilles, des dards et des
bourgeons fructifères. Donne la taille à appliquer sur les arbres de la même
vigueur, même variété, placés dans un milieu identique.
Quatrième cas. — Arbre donnant peu de rameaux à
bois, quelques brindilles, quelques bourgeons fructifères, de nombreuses
bourses avec des prolongements n’ayant pas 10 centimètres de longueur. Cet
arbre a dépassé sa capacité productive. Appliquer une taille courte, diminuer
les bourses, ne laisser qu’un seul bourgeon fructifère à chaque coursonne,
couper les brindilles à moitié et les rameaux à bois à deux yeux. En outre,
pour augmenter sa vigueur, pratiquer une taille précoce et épandre un engrais
complet où les éléments azotés, potasse et acide phosphorique, dominent.
A. DEAUX.
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