Nous allons voir aujourd’hui les procédés de stabilisation
du moût, c’est-à-dire les procédés permettant d’empêcher le moût de fermenter.
1° La chaleur.
— Depuis fort longtemps on a utilisé la cuisson pour la
conservation de produits altérables. Plus récemment, Pasteur a mis au point par
ses travaux sur les générations spontanées (!) l’action de la chaleur sur les
microorganismes.
Le moût ne peut supporter la stérilisation proprement dite
où la température dépasse 100° C. ; ses principes vitaux, que la science
moderne nomme vitamines, sont tués et son sucre, partiellement caramélisé,
donne un goût de lait qui déprécie considérablement le produit.
La pasteurisation, par contre, ne présente pas les
inconvénients que nous venons de citer ; elle consiste à porter le liquide
à une température bien inférieure à 100°, mais suffisante toutefois pour
détruire les micro-organismes qu’il renferme et parmi lesquels les levures
alcooliques sont ceux qui nous préoccupent le plus. De plus, la durée de
pasteurisation relativement courte, comme nous allons le voir, permet de
conserver au moût toutes ses propriétés primitives chimiques, physiologiques et
organoleptiques.
Les levures alcooliques sont tuées :
À 55° si le chauffage dure deux heures ;
À 60° si le chauffage dure trente minutes ;
À 72° si le chauffage dure quinze minutes.
Pour le moût, on peut atteindre sans aucun inconvénient 75°
C. Les levures sont ainsi détruites, mais les spores de celles-ci (organes de
reproduction) restent indemnes. Au bout de dix à douze jours, quand ces spores
ont évolué et sont devenus levures, une nouvelle pasteurisation est nécessaire
pour les détruire.
Ces deux pasteurisations consécutives à une quinzaine de
jours d’intervalle sont généralement suffisantes pour stériliser le moût. Si
celui-ci a été pasteurisé en bouteilles bien bouchées, il se conserve
indéfiniment. Si, au contraire, il est mis en bouteille après pasteurisation,
on devra au préalable stériliser bouteilles et bouchons à la vapeur et prendre
beaucoup de précautions pour la mise en bouteilles, à cause des risques
d’ensemencement par les levures véhiculées par les poussières de l’air. Quand
le bouchage se fait par bouchon de liège, il est prudent de paraffiner le
goulot et le bouchon et de conserver les bouteilles inclinées pour éviter le
dessèchement du bouchon.
On trouve dans le commerce différents types de
pasteurisateurs ; tous sont bons, à la condition de suivre les indications
du constructeur. Nous n’aborderons pas leur étude qui nous conduirait beaucoup
trop loin.
2° La concentration.
— Ce procédé consiste à évaporer une partie de l’eau
constituant le moût et, par le fait même, à concentrer ses constituants. Parmi
ceux-ci, le sucre, parvenu à une certaine concentration, joue le rôle
d’antiseptique et empêche toute fermentation. On atteint ainsi des densités de
35° à 37° Baumé, nécessaires pour une longue conservation. Au-dessous de ce
degré de concentration, les levures et les moisissures peuvent se
développer ; au-dessus le sucre cristallise partiellement dans la masse
sirupeuse. Le bitartrate de potasse cristallise partiellement et diminue ainsi
l’acidité du moût. Ce moût ainsi concentré trouve certains débouchés dans le
commerce : il sert en effet à la fabrication de marmelades, bonbons,
sirops et peut être par addition d’eau dans des proportions convenables
dépendant de son degré de concentration ramené à la constitution du jus de
raisin normal, moins acide et dépourvu de vitamines. Depuis quelques années, on
opère cette concentration par le vide et une température ne dépassant pas 25°
C. ; néanmoins, on ne retrouve pas la finesse et l’arôme du jus de raisin
frais.
En dehors de l’emploi des moûts concentrés en
œnologie : relèvement du degré alcoolique des vins, fabrication de vins
dans des pays éloignés (diminution des frais de transport par volume moindre),
fabrication de mistelles et vins liquoreux, la concentration nous semble moins
intéressante que la stabilisation du jus de raisin par la pasteurisation.
3° Le procédé Martzka.
— Ce procédé est basé sur l’action combinée de la
chaleur et de l’électricité. D’après l’auteur, le moût à stabiliser serait
soumis à des ondes très courtes, longueur d’onde d’origine cosmique fournie par
des éléments de pile constitués par des tubes d’argent et d’aluminium.
4° Le procédé Hatadyne.
— Ce procédé utilise le pouvoir stérilisant de certains
métaux tels que l’argent. L’incorporation au liquide de ce métal provoque une
précipitation des colloïdes et une stérilisation du milieu ; l’excès de
métal est ensuite éliminé par des moyens physiques, chimiques ou
électrolytiques.
H. PAU.
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