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Élevage

Le pansage des chevaux

La propreté, facteur de santé.

La propreté, facteur de santé.

Un des maîtres de l’art vétérinaire, le grand Bouley, ainsi qu’on l’appelait, alors qu’il était directeur de l’École d’Alfort, professait ceci : « En débarrassant la peau de tous les résidus des sécrétions épidermiques, sébacée et sudoripare, le pansage facilite les échanges avec le milieu ambiant et concourt à purifier ».

D’autre part, longtemps après, alors qu’il occupait la chaire de zootechnie, dans la même école, le professeur Raoul Baron disait du pansage qu’il était « le dressage du grand émonctoire cutané à sa fonction complexe, essentiellement dynamophile (c’est-à-dire favorable à l’énergie) ».

En fait et depuis toujours, l’opération se recommande de la consécration de la science et de la pratique la plus empirique, qui fait dire couramment, en parlant des chevaux : « Un bon pansage vaut un picotin d’avoine », ou encore : « Bien frotté, demi-nourri ». Autrement dit, l’emploi quotidien de la musette à pansage doit permettre à chacun de faire profiter ses chevaux de bienfaits très appréciables : propreté, énergie et santé, tout en sauvegardant les intérêts du propriétaire, qui y trouvera occasion d’économies de temps et d’argent.

Nous faisons grâce à nos lecteurs de la description des instruments de pansage, bien connus de tous les intéressés, et nous nous contenterons d’en faire l’énumération, à savoir : l’étrille, la brosse en chiendent, la brosse en crin, le bouchon de foin, l’époussette, l’éponge, le peigne, le cure-pied, le couteau de chaleur, les serviettes, les ciseaux et d’autres encore, mais il n’est pas absolument nécessaire d’avoir une musette aussi bien garnie pour pouvoir faire du bon travail.

Nous ne jugeons pas à propos de recommander une règle spéciale pour faire du pansage, chacun peut agir à sa guise, selon son temps, ses ressources et facilités ; l’essentiel est de faire « vite et bien » et d’avoir un cheval propre.

Brosser, étriller, épousseter, laver les membres, nettoyer les sabots, constitue une bonne et suffisante manière de procéder, sous réserve que le « panseur » a appris et connaît son métier.

Le pansage doit toujours être exécuté dehors, et en cas de mauvais temps sous un hangar à l’abri des intempéries et des courants d’air, dans l’obligation où l’on peut se trouver de panser les chevaux à l’écurie, il faut les faire retourner tête à queue dans leur stalle ou les attacher près de la porte.

Le moment le plus favorable à l’opération est le matin après le premier repas, ou bien le soir à la rentrée du travail, si on en a le loisir et si les chevaux ne rentrent pas mouillés. Dans ce cas, ils ont besoin surtout d’être vigoureusement bouchonnés sur tout le corps, avec un bouchon de paille ou de foin, pour être sèches, puis brossés et couverts, afin d’éviter tout risque de refroidissement.

Pour faire un bon pansage, un palefrenier ne doit pas être très ... habillé, pour garder toute liberté dans ses mouvements de bras, qui doivent être aussi allongés que possible.

Pas de veste, pas de gilet, pas de bretelles, une tenue sportive, légère, car le pansage bien fait réchauffe très vite, ce qui faisait dire à un auteur anglais qu’il était terminé dans de bonnes conditions « quand les pores de l’homme et du cheval étaient en même temps bien ouverts » !

Un bon palefrenier, qui n’a pas d’autre service à assurer, doit suffire à l’entretien journalier de quatre chevaux, en moyenne, car cela dépend du pansage qui est exigé.

À ce point de vue, les cultivateurs sont en général fort peu regardants, ce pourquoi ils ont tort, car il est de petites causes qui peuvent avoir de grands effets, et le pansage est justement de celles-là.

Le pansage aide déjà beaucoup à la chute du poil d’hiver et, pour que celle-ci se fasse le plus rapidement possible, ce qui est toujours désirable, on peut l’activer à l’aide d’étrilles spéciales qui, au lieu d’avoir des dents, sont munies de lamelles de caoutchouc qu’on utilise en raclant la peau dans le sens des poils. Ces instruments, dont on trouve différents modèles dans le commerce, coûtent assez cher, peuvent être remplacés économiquement par une simple lame de liège, d’un centimètre d’épaisseur et de 10 centimètres de longueur et qu’on emploie de la même manière que les lamelles de caoutchouc, après avoir pris soin de tremper dans l’eau le côté qui sera mis en contact avec la peau.

Le pansage régulièrement fait est une excellente précaution pour éviter ou pour combattre les maladies cutanées parasitaires et les démangeaisons produites par l’accumulation de la crasse, qui incitent les animaux à se gratter, soit avec les dents, soit en se frottant contre tous les objets les environnant, ce qui donne à leur robe (poils) un mauvais aspect, quand il ne se produit pas de dépilation ou des plaies plus ou moins étendues.

Grâce aux frottements ou frictions qu’il exerce sur tout le corps, il provoque des réflexes sur les organes internes, Spécialement les intestins ; les animaux y gagnent plus d’appétit, ils assimilent mieux ce qu’ils mangent, et ces avantages sont assez évidents pour que certains éleveurs n’oublient pas de faire étriller souvent les bêtes qu’ils ont à l’engraissement.

Après le pansage, surtout quand les membres ont été lavés, il faut graisser les sabots des chevaux, quand la corne est bien sèche, avec un quelconque onguent de pied, comme on en trouve couramment dans le commerce. Cette opération ne doit pas être faite seulement à la sortie de l’écurie pour le travail, car la boue ou la poussière neutraliserait l’effet des corps gras utilisés, parmi lesquels l’huile de pied de bœuf est un des plus simples et des meilleurs ... quand on peut se la procurer par ces temps de restrictions générales.

Pour reconnaître si un pansage a été bien fait, il suffit de passer la main à rebrousse-poil sur la robe ; si le cheval est propre, on n’y fera apparaître ni poussière, ni saleté.

Quand on doit panser des chevaux malades, et surtout dans les cas d’épidémie, il faut affecter des instruments de pansage particuliers à chaque sujet, parce qu’ils peuvent devenir, spécialement les éponges, les agents de contagion d’un malade à un animal en parfaite santé.

Si un pansage journalier peut suffire, il n’est pas moins certain que deux pansages, un le matin, l’autre le soir, valent encore mieux, au point qu’on a pu dire qu’ils constituent alors la moitié de la nourriture, et que la nourriture est l’autre moitié du cheval, qu’il faut toujours s’efforcer d’entretenir en beauté, force et santé.

H. BERNARD.

Le Chasseur Français N°606 Février 1942 Page 103