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Pour un meilleur rendement de nos clapiers

Le retour prochain du printemps ranime la vie au clapier.

Grâce à nos travaux prévoyants de l’automne (préparation de culture, semailles, etc. ...), nous pouvons, cette année, entreprendre notre élevage sur une plus vaste échelle, certains de pouvoir le mener à bonne fin.

Équilibrons notre cadence de production.

— Pour éviter le gaspillage, nous ne ferons reproduire que le nombre de bêtes strictement nécessaire à notre approvisionnement, comprenant :

    1° Renouvellement du cheptel ;
    2° L’alimentation familiale.

Au bout d’un certain temps, et à un âge qui varie selon les races, les lapins consomment, en effet, plus qu’ils ne rapportent ; il est donc intéressant de ne les élever que tout juste autant qu’il est nécessaire pour les amener à une taille comestible, à une maturité de chair suffisante.

Des lapins communs, par exemple, doivent être sacrifiés entre trois mois et demi et cinq mois au plus tard.

Renouvellement et amélioration du cheptel.

— Quelle que soit la qualité de vos reproducteurs ou l’attachement que vous pouvez avoir pour eux, il est nécessaire de les renouveler.

Un mâle peut remplir son office trois ans au maximum, mais, dans les petits élevages, il est souvent plus avantageux de le changer tous les un ou deux ans, afin de supprimer tous risques de consanguinité dans leur descendance (reproduction de père à fille, ou entre frère et sœur).

Les femelles peuvent être conservées quatre ans ; lapines donnant évidemment toute satisfaction au point de vue santé, précocité des jeunes et, s’il s’agit de bêtes de race, conformité au standard.

Sélection par le poids.

— Le contrôle exact d’une ou deux portées vous permettra une sélection première, à renouveler à chaque génération.

Notez, avant l’accouplement, le poids et la référence exacte du père et de la mère.

Le lendemain de la naissance, vous pèserez l’ensemble de la portée, dénombrerez les petits et choisirez parmi eux les quatre ou cinq plus forts.

Les sujets triés seront repesés (tous ensemble) et vite remis dans le nid tiède que vous refermerez aussi correctement que possible avant de ramener la mère dans la cage.

Au bout d’un mois, nouvelle pesée, renouvelée dès lors tous les quinze jours jusqu’au quatrième mois ; le poids de chaque sujet (marqué) étant noté sur une fiche spéciale.

La comparaison des différentes courbes de croissance obtenues vous permettra de choisir, sans erreur possible, les sujets ayant eu le développement le plus rapide, le plus réguliers, et ayant atteint le plus fort poids en un même laps de temps (compte tenu des sexes des postulants).

Dans deux ou trois générations, par cette méthode d’élimination successive, vous vous serez constitué une excellente souche, robuste, précoce, donnant un maximum de poids en un minimum de temps.

La sélection par le poids agit sur la descendance.

La sélection par la santé est immédiate et élimine les têtes de lignées incapables de donner de bonnes souches.

Sélection par la santé.

— Celle-ci est de toute première importance pour les mères, car la plupart des maladies des lapins sont d’origine parasitaire, et une mère malade contamine presque à coup sûr ses enfants pendant les deux mois qu’ils passent ensemble avant le sevrage.

Un animal en bonne santé est vif, a le poil brillant, l’œil vif ...

OREILLES : Examinez l’intérieur des oreilles pour dépister la gale.
YEUX : Les yeux doivent être vifs, à la muqueuse rouge vif.
MUSEAU : Doit être sans souillure, ni jetage suspect.
REINS : Sans maigreur excessive.
CROTTES : Luisantes et de consistance normale.
POIL : Luisant dans son ensemble.

Sélection par le caractère.

— Si le mâle doit être vif et vigoureux, il ne doit être ni trop sauvage ni méchant.

Préférez des femelles douces et familières, que n’effraie pas votre approche et qui se laisseront « manier » par vous sans essayer de se défendre.

La fécondation.

— Celle-ci n’est évidemment possible que si la lapine est en chaleur.

Vous reconnaîtrez cet état favorable (il dure trois à cinq jours et se renouvelle à une cadence qui varie de huit à dix jours) à ce que la bête semble inquiète, agitée, s’allonge lorsqu’on veut la saisir.

Prenez votre lapine avec adresse (voir croquis ci-contre) portez-la dans la cage du mâle choisi, toujours prêt à bien l’accueillir.

Opérez, de préférence, tôt le matin ou dans la soirée, et, dès que l’acte cherché est accompli, reprenez la lapine et réinstallez-la seule dans sa cage, devant un bon repas.

Nous verrons dans un prochain article les soins élémentaires à donner pendant la gestation et le premier élevage. Cependant, si, quelques jours après la présentation, vous surprenez une femelle s’efforçant déjà de confectionner son nid, soyez à peu près certain que l’accouplement n’a pas été fructueux ... Provoquez-en un nouveau sans plus attendre.

C. PRADON.

Le Chasseur Français N°606 Février 1942 Page 106