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Le cinéma d’amateur

Pour avoir une bonne projection.

La manipulation et l’emploi des appareils de projection pour films réduits sont extrêmement simples ; on peut se servir d’un projecteur sans aucun apprentissage préalable. Pour obtenir les meilleurs résultats avec le maximum d’économie, et surtout de sécurité, il est néanmoins nécessaire d’observer quelques précautions.

La salle dans laquelle on place l’écran de projection peut être quelconque, mais une obscurité aussi complète que possible est recommandable. Sans doute, avec des appareils puissants, peut-on projeter en lumière atténuée, mais il est alors utile d’employer beaucoup plus de lumière pour une même surface d’image, d’où une dépense d’électricité et une usure de la lampe de projection, tout à fait inutiles.

Les dimensions de l’écran sont assez strictement en relation, comme nous l’avons montré dans un récent article, avec la dimension de la salle, le type de projecteur et d’objectif et, en principe, le spectateur doit être le plus possible placé dans l’axe de l’écran.

On doit chercher à reculer le plus possible le projecteur dans les projections d’amateurs, ce qui permet d’utiliser un objectif de projection de distance focale normale, de l’ordre de 50 millimètres pour un format de 16 millimètres ; le recul minimum correspondant est de l’ordre de 6 mètres.

Nous avons déjà indiqué comment on doit déterminer également la distance du projecteur à l’écran ; le réglage en hauteur présente également de l’importance. Dans une chambre d’appartement, ou une petite salle, le projecteur doit être placé à une hauteur de l’ordre de 1m,50, et l’écran à une hauteur correspondante. Le projecteur est placé sur une sellette spéciale, ou simplement sur une table, et les fauteuils des spectateurs sont disposés entre l’écran et le projecteur, en les rapprochant le plus possible de l’axe de la salle.

Il faut prendre bien garde de ne pas disposer les fauteuils sur le passage du flux de projection lui-même, de sorte que les têtes des spectateurs formeraient ombre sur l’écran.

Un éclairage normal de la salle permet la mise en place facile du film, une lumière suffisante pendant les entr’actes et les arrêts ; sur certains projecteurs perfectionnés, il existe une petite ampoule veilleuse qu’on allume pour mettre en place et manipuler le film ; il est toujours facile de disposer à côté du projecteur une petite lampe portative très réduite, destinée à cet usage. On peut adopter des dispositifs d’inverseurs plus ou moins complexes pour l’allumage de cette lampe ; on peut également se contenter d’un système à poire à bouton poussoir très simple, adapté directement au projecteur.

Dans les salles de projection publiques, la cabine est complètement isolée, dans un but de sécurité, et pour éviter les bruits à l’intérieur de la salle. Pour la projection d’amateur, ou même la petite exploitation d’enseignement ou de documentation, avec film de sécurité, le projecteur est généralement placé dans la salle même où est disposé l’écran. Bien que refroidi par ventilation, l’appareil dégage souvent une assez forte chaleur, et demeure nécessairement plus ou moins bruyant ; toutes les fois que cela est possible, il vaut donc mieux effectuer l’installation dans un local séparé. Il n’y a là nulle nécessité, mais on s’en trouvera bien.

Un cabinet de toilette, de débarras quelconque, placé à côté de la chambre de projection et mitoyen suffit pour placer le projecteur, et constituer une cabine de fortune ; une « fenêtre » est pratiquée dans le mur ou dans la porte de séparation, avec une simple vitre à 1m,50 ou 1m,80 au-dessus du plancher. En dehors des séances de projection, cette fenêtre est dissimulée à l’aide d’un tableau accroché au mur, et le projecteur est centré, de façon que les rayons envoyés par l’objectif soient bien perpendiculaires à la surface de la vitre de la fenêtre, si l’on juge utile de fermer l’ouverture.

L’entretien du projecteur est lui-même extrêmement simple ; il consiste seulement à maintenir une très grande propreté de tous les organes, et tout spécialement du couloir de passage du film. Il suffit de passer une brosse ou un tampon de velours le long des patins de projection, ou un chiffon doux, mais de préférence pas en peau de chamois, après avoir pris la précaution de retirer les griffes d’entraînement en arrière, en agissant sur le bouton moleté qui commande leur déplacement.

Il s’agit surtout d’enlever les fragments de film durcis qui peuvent séjourner normalement sur la surface du « couloir » ; on utilise généralement, à cet effet, des bandes métalliques souples, gainées, fournies par le fabricant, et de largeur correspondant à celle du couloir, en leur faisant subir un ou deux mouvements de va-et-vient, et l’on termine le nettoyage avec un chiffon doux.

Avant la projection, il est bon de faire dérouler un peu le film, en tournant le mécanisme à la main, à l’aide du bouton destiné à cet usage. La préparation de la projection consiste simplement à monter le rouleau de film sur la bobine dérouleuse du projecteur en ménageant les boucles supérieure et inférieure destinées à régulariser l’entraînement, et en disposant correctement le film sur les débiteurs dentés supérieur et inférieur et dans le couloir de projection. Si cette manœuvre est bien exécutée, l’entraînement par la griffe se fait régulièrement, et les boucles conservent constamment leurs dimensions normales. On vérifie ce fait avant la projection, de manière à recommencer un chargement défectueux, s’il y a lieu.

Le film enroulé sur la bobine débitrice est disposé normalement, la partie mate en dessous ; dans le couloir, la face brillante est dirigée vers la lanterne, la face mate vers l’objectif. Après être passé dans le couloir, et sur le tambour inférieur d’entraînement, le film est fixé sur la fente du moyeu de la bobine enrouleuse, sur lequel il doit s’enrouler régulièrement.

Cette disposition concerne, remarquons-le, les films inversibles d’amateurs ; pour les films édités industriellement, et pour les titres, la disposition inverse doit être observée ; la face brillante est placée au-dessus de la bobine dérouleuse, et dirigée vers l’objectif dans le couloir de projection et non vers la lanterne.

Avant de commencer la projection, il faut vérifier si le film est bien engagé sur le moyeu de la bobine réceptrice et si cette dernière est entraînée normalement par le mécanisme, généralement par l’intermédiaire d’une courroie métallique. Il faut également s’assurer que les joues de cette bobine ne sont pas faussées, ce qui empêcherait, évidemment, l’enroulement régulier du film sur le moyeu, au sortir du couloir et du tambour d’entraînement.

Si un tel défaut se produisait, le film ne s’enroulerait pas normalement et viendrait « s’accumuler » sur la table de projection, ou sur le sol. Si cet accident se produit au cours d’une projection, il vaut mieux laisser le film se dérouler jusqu’au bout, sans interrompre la projection. On l’enroule ensuite avec précaution, sans le manipuler avec les doigts, et en prenant garde d’emmêler les spires.

Cet incident n’interrompt pas la projection, mais il est des cas où il est absolument nécessaire de l’arrêter immédiatement dès constatation d’un bruit ou d’un phénomène anormal. Il en est ainsi lorsqu’une des boucles supérieure ou inférieure disparait brusquement, ce qui se traduit par un bruit caractéristique. Ce phénomène est dû à ce que les perforations du film sont détériorées ou ont pu échapper aux dents d’entraînement du tambour débiteur, ou aux griffes par suite d’un glissement du patin presseur ; le chargement défectueux doit bien souvent être incriminé.

Il faut arrêter immédiatement la projection ; en tout cas, si un tel accident se produit, faute de cette précaution, on détériore complètement une grande longueur du film, et on arrive finalement à bloquer le mécanisme, au risque de provoquer un échauffement du moteur, et une mise hors d’usage complète de la partie du film traversée par le flux lumineux de projection.

Dès la constatation de cette panne gênante, on coupe donc les circuits du moteur, et surtout de la lampe d’éclairage ; on dégage le film hors des tambours débiteurs supérieur et inférieur et, on dispose correctement la bande, dans le couloir et sur les débiteurs, en dépassant la partie endommagée qu’il sera généralement préférable de supprimer, pour éviter que tout le film ne se détériore davantage. Après le bobinage réalisé, après la projection, on supprime les images correspondant aux perforations déchirées, on recolle les deux bouts du film à l’aide de la colle normale à l’acétate d’amyle et à l’acétone, et d’une presse d’un modèle classique, peu coûteux, et cette suppression de courte longueur ne nuit en aucune façon à la projection.

Pour éviter un semblable mécompte, assurons-nous donc, en tout cas, avant la projection, que les dents d’entraînement des tambours supérieur et inférieur sont bien en prise dans les perforations du film, les guides presseurs du couloir bien appliqués, et l’entraînement des griffes normal, avec des boucles régulatrices, supérieure et inférieure, assez longues. Il est préférable de faire exécuter au mécanisme quelques tours à la main pour obtenir la mise en place des griffes avec le plus de douceur possible.

Cette simple précaution ne demande que peu de temps, et elle évite bien des déboires ; raison de plus pour l’observer strictement puisque c’est la plus importante à considérer avant la projection.

A. RONGÈRE.

Le Chasseur Français N°606 Février 1942 Page 125