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Lettres de mon perchoir

Élevage de circonstance.
Comment j’ai nourri mes poules cet hiver.
Abris pour volailles.
Accouplement.

Élevage de circonstance.

— Un lecteur m’écrit : je suis extrêmement gêné pour nourrir mes volailles et mes lapins, en raison de la pénurie actuelle des grains, et ne sais comment faire pour conserver seulement mes reproducteurs. Que me conseillez-vous ? ... Je dois répondre à mon correspondant que la majeure partie des aviculteurs non-cultivateurs sont logés à la même enseigne. Pour conserver mon cheptel poule, j’ai dû combiner une ration à base d’herbes que j’indique un peu plus loin. Enfin, je conclus qu’il est plus pratique, pour quiconque veut produire de la viande, de se spécialiser du côté des herbivores, les oies et les lapins.

En effet, pendant une bonne partie de l’année, les oies peuvent se contenter du régime du pâturage. Il suffira, durant l’hiver, de confectionner une pâtée grossière, à base de choux ou d’autres verdures hachées enrichies de quelques petites pommes de terre écrasées. Évidemment, ce n’est pas là un régime d’accroissement bien fameux, mais c’est tout ce que l’on peut faire de mieux pour l’instant.

Quant aux lapins, je rappelle qu’on peut les alimenter exclusivement avec de l’herbe, sur la base de 400 à 450 gr. par kilogramme de poids vif. C’est d’ailleurs le seul régime que j’applique depuis bien des années, ce qui n’empêche pas mon clapier d’être productif. Il suffit de cultiver des choux, des betteraves, des carottes, et de transformer en foin l’herbe des talus, pour nourrir les lapins en hiver. Au point de vue nutritif, 100 grammes de foin équivalent à 100 grammes de son et à 350 grammes d’herbe. Une ration normale pour lapin, du poids de 2kg,500, peut être établie avec 600 grammes de verdures diverses et 150 gr. de foin ou de regain. On forcera quelque peu ces quantités avec les lapines en gestation, et surtout en allaitement.

Comment j’ai nourri mes poules cet hiver.

— N’ayant ni grain, ni son, ni provende, ni farine animale, et ne disposant pas d’un moulin à marteaux pour pulvériser de la luzerne, j’ai nourri mes volailles avec une pâtée grossière, obtenue en faisant passer dans un hachoir de ménage 3 parties de choux, 5 parties de petites pommes de terre cuites, 1 partie de fenasse ou fond de grenier et 1 partie de coagulum de lait écrémé, partiellement égoutté. Pour finir, j’ajoutais le sérum de lait et les meilleures eaux grasses, chauffées au préalable. Deux distributions de pâtée chaude, à la dose de 200 grammes environ par repas, ont suffi pour maintenir mes volailles en forme et, si mes poulettes ont donné quelques œufs de moins qu’à l’ancien régime, elles n’ont jamais cessé de pondre, même par les plus grands froids.

Abris pour volailles.

— Les volailles sont des animaux à sang chaud, qui souffrent davantage des accès de chaleur que du froid. Aussi est-il instamment recommandé d’installer quelque part, dans leur parquet, un abri quelconque, où les poules se réfugieront pendant la saison estivale, pour y goûter un peu de fraîcheur, lorsque le soleil darde ses rayons perpendiculaires sur un terrain dépourvu d’ombrage et souvent incliné du côté du midi. Les volailles haletantes y respirent plus à l’aise en été et, durant l’hiver, elles pourront s’abriter du vent, des giboulées et des courants d’air.

Cette annexe, indépendante du poulailler, peut être édifiée à peu de frais, sous forme de cabane rustique en pisé ou en clayonnage enduit de pourget, protégée par une couverture en chaume, la plus isolatrice de toutes. On peut également l’établir en appentis, suspendu ou sur appui, fermé aux deux bouts par des galandages, en chons, ou dosses. Les abris rustiques peuvent, en outre, servir de réfectoire en toute saison, pour le placement des mangeoires, des abreuvoirs et des bottillons de verdure, qui ne seront pas exposés à la pluie ni au soleil. Enfin, on fera bien d’y installer un poudroir, fosse contenant des cendres, de la sciure de bois et un peu de soufre pour les bains de poussière, si favorables à la ponte.

Les clayonnages se font sur une ossature de piquets fichés en terre, soit rectangulairement (cabanes), soit circulairement (huttes), avec des gaulettes de débroussaillement que l’on fait passer d’arrière en avant des montants, puis on termine par une application, à la taloche, d’un mortier confectionné en pétrissant, en parties égales, de la terre glaise et de la bouse de vache.

Accouplement.

— Dans un parquet de pondeuses, lorsque les œufs sont destinés exclusivement à la consommation, la présence du coq est souvent plus mauvaise que bonne. En effet, contrairement à l’opinion populaire, le cochage ne favorise pas la ponte, mais il la contrarie plutôt. Il peut même nuire passablement, lorsque les coqs sont en surnombre, ce qui est fréquent dans les basses-cours de ferme.

Dans les parquets de reproduction, la fécondation des œufs laissera plutôt à désirer si on laisse trop de coqs, à cause de la concurrence qu’ils se font. En principe, on limitera le nombre des mâles à un pour huit ou dix poules de race lourde (Langshan, Plymouth, Wyandotte), suivant qu’elles sont logées dans des parquets étroits ou larges. S’il s’agit de races légères (Leghorn, Bresse), on limitera le nombre des poules à dix ou douze, suivant l’étendue du parcours mis à leur disposition.

Les canes de race lourde, Aylesbury ou autre, devront être au moins quatre pour partager les faveurs d’un mâle, tandis qu’un canard de race légère, Coureur ou Khaki, n’aura pas trop de six femelles, surtout s’ils disposent d’une pièce d’eau pour les ablutions.

Le nombre des oies à donner à un jars variera également entre quatre et six, suivant qu’il s’agit d’une race légère (commune normande), ou d’une grosse race comme celle de Toulouse.

Les dindons et les pintades mâles, étant plus ardents que les palmipèdes, n’auront pas trop de sept à huit femelles. Quant aux paons et aux pigeons, qui sont monogames, tout un chacun devra avoir sa chacune.

Mondiage d’ARCHES.

Le Chasseur Français N°607 Avril 1946 Page 162