Comment débuter ?
— Pour faire de l’apiculture, il faut, naturellement,
des abeilles et des ruches. Les ruches se trouvent partout, chez les fabricants
d’outillage apicole. Quant aux abeilles, on peut s’en procurer de différentes
manières.
On cite de grands apiculteurs qui ont commencé par un essaim
de fortune qui est venu s’offrir à eux. Inutile de dire que c’est là une
exception et qu’il ne faut pas s’attendre à pareille aubaine pour se mettre à
l’apiculture.
D’autres dénichent des essaims dans de vieux troncs
d’arbres. La chose n’est pas facile, surtout pour un débutant, et, le plus
souvent, on y perd sa peine et son temps.
Le plus grand nombre achètent des essaims à des apiculteurs
voisins ou à un éleveur. Mais beaucoup installent ces essaims mal ou trop
tard ; mal, lorsqu’ils n’aménagent pas comme il faut la ruche ; trop
tard, lorsqu’ils les mettent en ruche après la miellée et ne leur donnent pas
les soins voulus.
D’aucuns préfèrent acheter des ruches peuplées. C’est fort
bien, pourvu que la ruche soit d’un bon modèle et parfaitement construite, et
que la population soit saine, nombreuse et bien approvisionnée.
D’autres enfin, et c’est peut-être la méthode la plus
économique, achètent des essaims sur cadres, quelques semaines avant la miellée
principale, puis les nourrissent et élargissent le nid au fur et à mesure
qu’ils se développent.
On peut aussi acheter des paniers ou ruches vulgaires
peuplées et les installer au rucher pour les transvaser en ruches modernes, ou
pour en recueillir des essaims qui serviront à peupler les ruches à cadres.
Mais le débutant n’est pas encore expérimenté, et, à moins qu’il fasse faire
ces opérations par un praticien, on ne saurait lui conseiller les
transvasements et les essaims anticipés. Quant à attendre des essaims de ruches
vulgaires, ce n’est pas non plus à souhaiter pour débuter, parce que les
essaims, s’il s’en produit, arriveront trop tard pour profiter de la miellée
principale.
On peut également peupler des ruches avec des essaims nus,
mais là encore se présente plus d’un écueil pour les novices. Pour que ces
essaims donnent de bons résultats, il faut qu’ils soient mis en ruche de bonne
heure dans la saison et avant la miellée. Il faut aussi qu’ils soient assez
forts, et enfin il faut les nourrir pour qu’ils se développent, trois
conditions qui ne se réalisent pas souvent, parce que le novice s’imagine que
les essaims se tireront d’affaire seuls.
Que tous se souviennent qu’un essaim ne doit pas être
abandonné à lui-même, mais qu’il doit être secouru, même en année favorable.
C’est le point capital pour réussir, et c’est le point le plus négligé.
Une fois en possession d’une ou deux ruches, — et nous
ne conseillons pas d’en avoir davantage au début, — le jeune apiculteur
gagnera beaucoup à observer au trou de vol l’activité de ses ouvrières. Il
apprendra ainsi à se familiariser avec elles et à étudier leurs mœurs, car il
cherchera dans son manuel l’explication de ce qui lui paraîtra intéressant ou
anormal. Toutefois, il s’abstiendra, sauf en cas de nécessité, d’ouvrir les
ruches, ce qui jette plus ou moins le trouble parmi les colonies.
Pour éviter le désappointement de nombreux novices qui sont
consternés de voir leurs essaims périr l’hiver ou au printemps, le débutant
instruit et avisé aura soin de préparer ses ruches à l’hivernage, en complétant
les vivres en août-septembre. Après quoi, il n’aura qu’à bien protéger les
ruches contre les intempéries de l’hiver et à attendre leur réveil au
printemps.
C’est pour n’avoir pas donné à leurs abeilles les soins
voulus que nombre de novices, voyant leurs ruches périr, sont déçus, découragés
et abandonnent l’apiculture. Il importe de bien commencer.
Lorsqu’on achète des ruches peuplées, il y a lieu de se
rendre compte de la force de la population et des provisions.
L’apiculteur expérimenté sentira, en soupesant un panier,
s’il est suffisamment lourd pour que les provisions ne fassent pas défaut, mais
un novice pourra s’y tromper.
On peut alors, pour estimer le miel d’une bonne colonie, se
baser sur les données suivantes de M. Collin, pour une ruche de 18 à 20 litres.
Poids brut : 8,300 kilogrammes.
Ruche vide |
3,000 |
kilogrammes |
Abeilles |
1,000 |
— |
Cire |
0,700 |
— |
Couvain |
0,300 |
— |
Miel |
3,300 |
— |
Total |
—— 8,300 |
kilogrammes |
Pour un panier de trois à quatre ans, les rayons, sans
contenir plus de cire, sont plus lourds de moitié, à cause des nombreuses
pellicules que chaque abeille, en naissant, a laissées au fond des alvéoles et
aussi d’un vieux stock de pollen dont les populations vigoureuses savent seules
se débarrasser en rongeant les cellules qui le contiennent. Il faut ajouter la
propolis dont les abeilles se servent pour consolider des points de jonction,
boucher les interstices, polir leurs passages, etc.
Il y aurait donc lieu d’établir le poids des ruches à vieux
gâteau de la façon suivante :
Poids brut : 8,500 kilogrammes.
Ruche vide |
3,000 |
kilogrammes |
Cire et pollen |
1,500 |
— |
Abeille |
1,000 |
— |
Couvain, environ |
0,300 |
— |
Miel |
2,700 |
— |
Total |
—— 8,500 |
kilogrammes |
Pour les vieux paniers jaugeant de 50 à 60 litres, on a
donné les chiffres suivants :
Poids brut : 15,500 kilogrammes.
Ruche vide |
5,000 |
kilogrammes |
Cire et pollen |
4,000 |
— |
Abeille |
2,000 |
— |
Couvain, environ |
1,500 |
— |
Miel restant |
3,000 |
— |
Total |
—— 15,500 |
kilogrammes |
En prenant pour base ces données, le débutant pourra mieux
se rendre compte de la valeur des ruches vulgaires qu’il achète. Il est très
important pour lui de commencer avec des colonies fortes et bien pourvues de
miel. Autrement, il éprouvera des pertes et des déceptions qui pourraient le
décourager pour toujours.
P. PRIEUR.
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