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Aviation

Le flying control

Service encore mal connu en France, le Flying Control, après les substantiels progrès qu’il a accomplis lors de la guerre, est appelé à rendre d’énormes services, tant dans l’aviation civile que dans l’aviation militaire.

Le but principal du contrôle du trafic aérien est de régler les mouvements des avions au sol et en vol, de façon à éviter toute collision sur les pistes, dans le voisinage des aérodromes et le long des routes qu’ils suivent.

La réalisation du contrôle est faite :

Sur les aérodromes, par une tour de contrôle qui assure le contrôle local (décollage, atterrissage, déplacements au sol et contrôle en vol), par moyens radio et visuels dans un rayon de 5 kilomètres autour de l’aérodrome, et le contrôle d’approche, exclusivement à l’aide de la radio dans un rayon de 30 kilomètres autour de l’aérodrome.

Le long des routes aériennes, par un Centre de Contrôle qui, par étude des plans de vol qui lui sont soumis, assure la séparation des avions en vol et, éventuellement, effectue leur déroutement lorsque les circonstances l’exigent.

Sur un aérodrome, le bâtiment du contrôle groupe un certain nombre d’éléments indispensables pour assurer la sécurité des équipages (salle météo, salle des opérations donnant tous renseignements sur les aérodromes, les aides-radio, les aides lumineuses, les avis aux navigateurs aériens, les éléments de navigation, salle radio pour le contrôle d’approche et salle de contrôle local proprement dite).

Ces divers éléments permettent aux pilotes de préparer leur plan de vol, qui sera ensuite approuvé par le Centre de Contrôle responsable.

Le contrôleur d’aérodrome communique avec les avions au moyen de la radiophonie, le contrôleur de piste, en étroite liaison (téléphonique et radio) avec le contrôleur d’aérodrome, assure le contrôle dont il est chargé à l’aide de signaux lumineux (fusées ou projecteur de signalisation). Il a, pour s’abriter, une roulotte de piste à damiers blancs et noirs, bien caractéristique. De nuit et par mauvaise visibilité, le rôle du contrôleur de piste est capital, car souvent le bout de piste et le secteur d’approche n’est pas visible de la tour de contrôle. Enfin, tous les avions ne sont pas équipés de postes radiophoniques, et la sécurité exige qu’un élément existe au début de la piste et sur la direction d’atterrissage, pour interdire la piste à un avion qui n’a pu recevoir par radio les instructions du contrôleur d’aérodrome. Il est nécessaire, en outre, de stopper catégoriquement les véhicules qui seraient tentés de traverser la piste en service alors qu’un avion est en train d’atterrir.

L’effort actuel se porte sur la mise en place des contrôles locaux d’aérodrome. Un certain nombre fonctionne déjà, soit avec du personnel français, soit en pool avec les Alliés. Dans un avenir très proche, les tours seront équipées avec un matériel moderne, qui permettra de prendre à notre compte, sur tout l’ensemble du territoire, le contrôle de la circulation aérienne.

Les officiers français qui sortent actuellement de l’école de Flying Control vont constituer les noyaux chargés de mettre en œuvre les contrôles locaux d’aérodrome.

L’organisation de cours sur le contrôle de la circulation aérienne est prévue à l’école de Cazaux. Ces cours permettront de former des officiers contrôleurs d’aérodrome et des sous-officiers contrôleurs de piste dont nous avons un pressant besoin.

L’organisation des centres de contrôle est en voie de réalisation. Le centre de contrôle d’Orly fonctionne déjà en pool avec les Alliés.

Maintenant que nous avons étudié le fonctionnement général, voyons comment pourra s’effectuer un voyage en avion, à l’aide du contrôle de la circulation aérienne.

Tout d’abord, avant le vol, ce contrôle doit préparer la route de l’avion en s’assurant que les conditions de vol sont convenables (météo, navigation, etc. ...). Il lui indique la piste d’envol à emprunter.

En vol, le pilote reste en liaison avec l’organe de contrôle radio qui lui a été désigné : avant l’atterrissage, il appelle la tour de contrôle de l’aérodrome sur lequel il doit atterrir. Celle-ci lui indique la pression atmosphérique, la direction et la force du vent, ainsi que la piste à emprunter pour l’atterrissage. Le cas échéant, si le terrain, est impraticable du fait des conditions atmosphériques, les déroutements à effectuer pour atteindre un terrain praticable.

Enfin, le Flying Control fait une véritable interview de l’équipage qui vient d’arriver, afin de connaître les conditions de vol qu’il a rencontrées au cours de son voyage. Ceci permettra d’aider les appareils qui sont sur le point de partir et ceux qui sont en vol.

Et n’oublions pas, pour terminer, le rôle essentiel du contrôle aérien dans la recherche des équipages accidentés ou disparus, en mer en particulier, où celui-ci, le cas échéant, met en action le Service de Sauvetage en mer (Air Sea Rescue).

Ainsi toute cette technique, qui n’a cessé de se perfectionner durant ces dernières années de guerre, va trouver pendant la paix le moyen de continuer sa noble tâche : « aider les équipages et éviter les accidents ».

Et, de jour et de nuit, des hommes vont veiller sur le sort de ceux qui sont dans le ciel.

Armand AVRONSART.

Le Chasseur Français N°608 Juin 1946 Page 198