À la sortie de l’œuf, le poussin, faible, chétif, n’a besoin
que de chaleur et de repos, car il est épuisé par l’effort considérable qu’il a
dû faire pour sortir de sa coquille ; il importe donc, dès qu’il est bien
sec, de le placer à l’abri des courants d’air et de lui donner une source de
chaleur ; pour cela, deux procédés :
1° L’élevage naturel, dans lequel la chaleur est fournie par
un oiseau ;
2° L’élevage artificiel, où il y a production de chaleur à
l’aide d’un appareil quelconque : lampe, chaufferette, foyer, eau chaude,
résistance électrique, etc.
Nous verrons seulement aujourd’hui la première méthode.
Tout d’abord, à qui confier les poussins ? poule,
dinde, oie, pintade ou cane ?
Les préférences vont indiscutablement à la poule ; puis
à la dinde, qui mènera un plus grand nombre de jeunes, mais qui risquera
également d’en écraser davantage par son poids et sa maladresse ; et
enfin, à défaut, on aura recours à une oie, une cane ou une pintade, mais les
résultats seront beaucoup plus aléatoires.
Quelle poule préférer ? En général, les races
prédisposées à l’incubation sont d’excellentes meneuses ; parmi les poules
communes, préférez les bêtes familières, douces et calmes, mais vigilantes pour
leurs petits. Certaines ont le sentiment maternel si développé qu’elles sont
prêtes, à tout moment, à adopter les poussins qu’on leur confie. Il existe même
des coqs qui présentent la même aptitude.
Combien de poussins confier à la meneuse ? Le nombre
variera suivant la taille de celle-ci, l’épaisseur de son plumage et l’époque
de l’année. On peut admettre comme suffisants les chiffres suivants : pour
les petites poules, taille de la Nègre-Soie : 8 à 10 poussins ; pour
les poules moyennes, genre Gâtinaise : 13 à 15 ; et, pour les plus
grosses poules, types Orpington, Brahma, Plymouth-Rock, Langsham, etc., limitez
à 20 ou 22 au maximum. On peut aller jusqu’à 30 avec les dindes moyennes et 32
à 35 avec les très grosses dindes.
Il est possible, et même conseillé, de réunir sous la même
poule meneuse deux éclosions insuffisantes lorsqu’elles ont eu lieu à
quarante-huit heures d’écart environ. Il suffira, pour éviter tout abandon,
après avoir enlevé les poussins dès la naissance et les avoir gardés au chaud
soigneusement, de les mélanger et de les glisser doucement sous l’animal chargé
de l’élevage ; cette opération devant avoir lieu le soir tard, de
préférence.
En général, et surtout à la campagne, l’usage est de laisser
courir librement la meneuse avec ses poussins. Cette pratique est déplorable et
cause chaque année la perte de milliers de poussins, perdus, dévorés par les
chiens, les chats et les petits fauves ; piétinés par les gros animaux, ou
morts d’insolation et de refroidissement.
La boîte d’élevage, qui devrait être employée toutes les
fois qu’on pratique l’élevage naturel, réduit considérablement ces risques.
Un excellent modèle peut être construit par le bricoleur
adroit ; c’est un abri en forme de cabane rectangulaire, à cinq faces
pleines. Le toit mobile, incliné en arrière, déborde de 6 à 10 centimètres
en tous sens. Le plancher aura 0m,80 environ en tous sens, la
hauteur sera de 0m,50 à 0m,60 devant et de 0m,40
à 0m,50 derrière.
La façade est à claire-voie, les barreaux étant espacés de 7
à 8 centimètres, et doit pouvoir se boucher par un volet plein rabattable,
muni d’une ouverture grillagée pour l’aération.
Une litière de paille coupée ou de tourbe sera placée sur le
plancher, lequel sera toujours surélevé du sol par des traverses ou des pieds
de 3 à 8 centimètres de hauteur.
Dès l’éclosion terminée et les poussins ressuyés, ces
derniers seront placés, avec la mère, dans la boîte, où, pendant vingt-quatre
heures, il n’y aura qu’à les laisser complètement en paix.
Bien entendu, l’emplacement de celle-ci n’est pas
indifférent ; si la température est par trop rigoureuse, un emplacement
intérieur est recommandé ; sinon, elle sera mise en plein air à un endroit
abrité du grand soleil et des vents violents. La protection contre la pluie
doit être assurée par le toit débordant et, si nécessaire, par un écran supplémentaire
sur poteaux. Un entourage grillagé de 2 mètres en tous sens protégera les
poussins des méfaits des chiens, chats ... et enfants, et empêchera les
jeunes élèves de vagabonder trop loin de la boîte.
Un sol en pente légère, sablé ou mieux engazonné, est à
choisir de préférence ; évitez toutefois les hautes herbes, dans
lesquelles les poussins se mouillent trop les matins de rosée.
Le surlendemain de l’éclosion, jamais avant, le premier
repas sera distribué sur des planchettes ou des cartons, à l’intérieur de la
boîte. L’éducation des poussins sera vite faite par la mère, et on pourra
bientôt se servir des augettes et abreuvoirs spéciaux, placés hors de l’abri,
sauf par grande pluie. Ces accessoires devront être d’une taille proportionnée
à celle des jeunes sujets ; les meilleurs sont en tôle ou en ciment
amiante à coins arrondis, facilement désinfectables. Choisissez-les parmi les
modèles bien étudiés pour éviter le gaspillage, vous récupérerez rapidement la
dépense par l’économie de nourriture réalisée. En particulier, veillez à ce que
les mangeoires ne permettent pas la projection d’une partie des pâtées au
dehors et utilisez des abreuvoirs à ouverture étroite, supprimant les risques
de noyades.
La poule ou la dinde meneuse aura son matériel indépendant,
accroché assez haut de façon que la nourriture plus grossière qui lui est
distribuée ne soit pas consommée par les poussins.
La question de l’alimentation pour ces derniers est
actuellement très délicate ; les excellentes pâtées complètes dont l’éleveur
disposait avant guerre et qui permettaient un « démarrage » rapide
sont quasi introuvables, car le meilleur élément de base : le lait écrémé
en poudre, est maintenant réservé à d’autres usages.
Cependant, avec un peu d’ingéniosité, il est possible, à
quiconque dispose d’un espace suffisant, de mener à bien une couvée dont
l’importance numérique sera fonction directe des ressources de l’aviculteur.
Pour terminer, voici ce que conseille Bréchemin, le grand
auteur avicole, aux éleveurs d’une petite bande de poussins :
Premier jour, donner du pain trempé dans du lait,
alterné avec des pâtées faites de pain rassis, œufs durs et verdure hachée.
À partir du troisième jour, ajouter un peu de farine
de viande dans les pâtées, puis donner un mélange de farines et de pain ou de
riz cuit avec verdure hachée ; saler légèrement les pâtées ;
distribuer quelques grains de millet au bout de la première semaine et ajouter
un peu de sulfate de fer à l’eau de boisson, une semaine non l’autre.
Bien entendu, ceci ne s’adresse qu’aux petits élevages
familiaux et est inapplicable pour l’élevage de bandes importantes de poussins.
R. GARETTA.
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