Dans une précédente causerie, je vous ai entretenu de
l’élevage en clapier de vos lapins. Je veux aujourd’hui parler de l’élevage en
liberté des lapereaux, le dernier en date, celui qui m’a donné bien des
satisfactions, en raison des économies de main-d’œuvre qu’il me procurait, mais
aussi bien des ennuis et des pertes, parce que je m’imaginais que le régime de
plein air devait mettre mes lapins à l’abri des épidémies des clapiers
ordinaires, notamment de la coccidiose.
C’est une erreur de croire que l’on peut éviter les
infestations morbides en mettant à la disposition des lapins des pâturages même
étendus, parce que les larves des coccidies ont une vitalité qui leur permet de
résister au soleil, à la pluie, au froid. Dans un terrain contaminé, les parasites
se propagent chez les sujets venus y brouter les herbes souillées.
La coccidiose ne peut être enrayée que si l’on compartimente
le pâturage et si l’on laisse agir la végétation comme agent désinfectant, en
pratiquant les lâchers alternatifs. Ainsi, en admettant que l’on dispose de 40 ares
de terrain disponible, il vaudrait mieux diviser la parcelle en deux parties
égales de chacune 20 ares, de manière à pouvoir changer les rongeurs de
place, par exemple tous les mois, ou toutes les six semaines.
Il ne faut pas croire, non plus, que l’on puisse réussir
l’élevage des lapereaux dans des parquets où cohabitent des mâles et des
femelles, parce que les portées y sont presque toujours détruites.
La mise bas et l’allaitement doivent se faire en cabane.
C’est seulement lorsque les instincts génésiques commencent à se manifester,
vers l’âge de quatre mois, que l’on groupe les lapereaux par sexes, les mâles
ensemble, les femelles aussi. Les réunions se font par bandes de 25 à 30 sujets
du même âge, provenant de portées simultanées, fournies par des groupes de
lapines ayant été saillies à peu près en même temps.
Quand les lapereaux sont âgés de cinq à six mois, on les
claustre pendant quarante à cinquante jours dans des locaux mi-obscurs,
toujours par sexe, afin de les engraisser, jusqu’à ce que leur poids atteigne 6
à 7 kilogrammes dans le poil.
Succession des portées.
— Admettons que l’on dispose de 60 ares de
pâturage. Ce terrain sera partagé en quatre parcelles de 15 ares chacune.
A, B, C, D. Avec huit lapines, couvertes à peu près en même temps, on pourra
compter sur une promotion d’environ 25 mâles et 25 femelles, qui
viendront peupler alternativement les deux parquets jusqu’à quatre mois, époque
où il conviendra de séparer les sexes, pour les lâcher jusqu’à cinq à six mois
dans les parquets C et D. en attendant de les mettre en loge pour
l’engraissement.
La deuxième promotion de lapereaux prendra la place de la
première, après libération des parcelles A et B, puis celle de C et D, en
observant l’alternance, jusqu’à ce que les pensionnaires soient mis en loge
pour l’engraissement.
Matériel indispensable.
— Chaque parquet sera pourvu d’un couvert où les
lapereaux pourront se réfugier en cas de mauvais temps et par les grandes
chaleurs. Sous ce couvert, il devra y avoir un râtelier-chevalet
grillagé, à mailles de 52 millimètres, dans lequel on mettra le fourrage
vert ou sec donné en complément du pâturage. On y mettra en outre une
mangeoire, avec couvercle, pour la distribution du grain et de la pâtée.
Ces accessoires empêcheront le gaspillage de la nourriture
et ils contribueront à enrayer les maladies qui se propagent par le contact des
excréments aux aliments. Telles sont les directives générales qu’il convient de
prendre pour réussir l’élevage semi-libre des lapereaux.
C. ARNOULD.
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