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L’aluminium dans le bâtiment

En construction, la question de la résistance à la corrosion des métaux se pose au point de vue de la durée et celui de l’aspect décoratif.

L’affinité très grande de l’aluminium pour l’oxygène provoque la formation d’une couche d’oxyde d’aluminium qui protège efficacement la surface et ne modifie pas l’aspect du métal. S’il est parfaitement exécuté, le poli se conserve longtemps ; sa durée dépend aussi de la composition de l’alliage, et il faut se méfier des alliages fabriqués avec des produits de rebut contenant une forte proportion de cuivre ou de zinc. L’aluminium pur résiste bien, certains éléments améliorent ses qualités mécaniques ; ce sont le magnésium, le silicium et le manganèse.

Le poli s’atténue à la longue ; on l’entretient avec les produits utilisés pour le cuivre ou le laiton.

Dans les salles de bain, il y a condensation des vapeurs sur le métal et, si l’eau ne contient pas d’éléments étrangers, la corrosion n’est pas à craindre ; de même, le voisinage d’une usine à gaz où l’atmosphère contient les composants de ce produit. Il en est de même des vapeurs cyanurées et du gaz ammoniac. La résistance à l’action sulfureuse est précieuse dans les établissements de bains publics.

Le gaz acétylène, l’oxyde de carbone, l’acide carbonique à l’état gazeux sont sans action, et cette propriété rend possible l’emploi de ce métal dans les tuyaux d’évacuation de gaz brûlé et les radiateurs à gaz.

À l’extérieur, l’atmosphère normale ne contient pas de substances susceptibles d’attaquer l’aluminium. Dans les atmosphères spéciales, au voisinage des usines de produits chimiques, des forges, des gares, de la mer, de nombreuses substances qui, à l’état gazeux, sont sans action deviennent corrosives en dissolution. La corrosion est accélérée lorsque l’agent est en contact avec le métal sous les deux états liquide et gazeux. En général, le métal résiste bien aux fumées malgré la présence de gaz sulfureux.

L’effet corrosif de l’air marin, qui détruit si rapidement les objets en fer, agit d’une façon beaucoup moins sensible sur l’aluminium.

L’action du contact des mains est due aux sels que contiennent les sécrétions cutanées. La corrosion, dans ce cas, est à considérer plutôt au point de vue de la diminution de l’effet décoratif qu’à celui de la durée.

L’aluminium commercial pur — 98 p. 100 minimum — présente un léger dépolissage dû au frottement des mains, mais aucune trace de corrosion. Les alliages au magnésium se comportent aussi bien, et les alliages au manganèse sensiblement mieux ; ceux au silicium donnent satisfaction ; le cuivre et le zinc diminuent la résistance à la corrosion.

Pour éviter, en atmosphère humide, la corrosion électrolytique, on veillera à ne pas mettre en contact l’aluminium avec d’autres métaux sans recouvrir le joint d’un vernis ou d’une peinture hydrofuge. Pour la même raison, on donnera la préférence à la soudure autogène sur la soudure à l’étain ou au zinc.

La chaux et le ciment attaquent l’aluminium. On évite cet inconvénient en recouvrant d’une couche de minium la partie du métal en contact, ou en interposant une feuille de papier goudronnée.

Les ciments alumineux, fondus ou électro-fondus, exempts de chaux vive, n’attaquent pas le métal. Le plâtre est également sans action sur l’aluminium. Le ciment magnésien — parquet sans joint — corrode l’aluminium par suite de sa teneur en chlorure de magnésium.

En résumé, l’aluminium et ses alliages présentent une excellente résistance aux agents corrosifs rencontrés dans la construction, et l’emploi de ces divers produits se généralise à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments.

M. DELAFOSSE,

Architecte.

Le Chasseur Français N°608 Juin 1946 Page 216