Il ne saurait être question, dans la reconstruction, de
retourner à des formes et des dispositifs condamnés par la technique, l’hygiène
et l’économie. Si le constructeur discerne rapidement la géographie de la
région, la flore, la culture et la géologie, puis connaît les produits extraits
du sol et les productions que certains facteurs y ont fait se développer, il ne
sait que plus tard ce qu’est son climat, son atmosphère, et ne pénètre que peu
à peu ses habitants, apprend, avec leur histoire, leurs traditions et leurs
coutumes.
De tout cela, se trouve la marque profonde dans leurs
maisons, dont on arrive à discerner plusieurs types, dont chacun correspond à
un genre de vie commandé par le milieu, par le métier, par la condition sociale
et économique et, enfin, par la tradition et l’histoire.
Il faut, avant de reconstruire, étudier les habitations qui
présentent le maximum de caractères permanents, c’est-à-dire ceux qui se
conservent dans le temps. Ne pas dédaigner les maisons simples ; elles représentent
la plus forte expression du pays.
Alors, nous découvrirons pourquoi, dans un village de
Santerre, pays de champs ouverts, les fermes sont groupées dans le village,
alors que dans le Maine, pays de bocage, les maisons rurales sont dispersées,
le bourg renfermant les maisons des artisans, des commerçants et des services
publics.
De tous ces éléments, il sera facile de faire une synthèse
permettant une architecture humaine, au lieu d’une réalisation décevante et morne.
Le croquis présenté est le chaînon d’une étude relative à la
reconstruction d’une bourgade en Île-de-France. Logis isolé en un jardin, près
du chemin, il serait l’habitation d’un ménage retiré au pays natal.
Tenant compte de ce qu’à l’heure actuelle et pour un temps
indéterminé les transports à longs itinéraires sont à proscrire, le projet
comporte l’utilisation des matériaux extraits ou produits sur place.
Le sous-sol est déblayé sous toute la surface située à
droite du mur de refend. Il comprend une cave, un grand local de dégagement
utilisé comme resserre et une buanderie contenant l’appareil septique ; la
descente est placée à l’extérieur.
Au rez-de-chaussée, division classique entre salon et salle
à manger par grande baie avec doubles rideaux placés sur chemin de fer. La
cuisine, située en angle, laisse un large vestibule contenant l’escalier. La
toilette et le privé sont relégués à l’arrière. Sous combles, nous obtenons
deux chambres et toilette-bains. Sur le palier, nous disposons de la place
nécessaire au meuble-penderie.
Les gros murs sont montés en pierre du pays sur 0m,40
d’épaisseur ; le refend est en aggloméré ,et les cloisons en carreaux de
plâtre. Le plancher du rez-de-chaussée est en béton armé, celui de l’étage et
des combles est en sapin du commerce. Couverture en tuiles. Extérieur enduit et
moucheté gros grain. Intérieurs enduits au plâtre fin. Parquet en chêne dans
salon, salle à manger et chambres ; le reste de la surface en carrelage à
dessin moderne. Menuiserie rustique. Chauffage central par cuisinière. Distribution
d’eau sous pression ville ou installation spéciale. Éclairage électrique.
Surface bâtie : 56 mètres.
M. DELAFOSSE.
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