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Éducation physique

Gymnastique respiratoire

La plupart des gens, enfants, adultes et vieillards, respirent mal. C’est qu’ils n’ont jamais appris à le bien faire, laissant leur appareil respiratoire — poumons et cage thoracique — se construire au hasard d’une croissance incontrôlée, puis ne s’en servant jamais de façon puissante. Cette insuffisance respiratoire générale explique peut-être que les maladies broncho-pulmonaires sont parmi les plus meurtrières : on leur doit la bonne moitié des décès.

La culture physique a donc pour première tâche la remise en état et le développement du thorax et des poumons ; et, pour mener la chose à bien, il faut tenir compte des deux plans, l’un mécanique, l’autre chimique, sur lesquels se passent et se coordonnent les phénomènes de la respiration.

Il faut en effet, d’abord, que l’oxygène de l’air, agent des combustions intra-organiques qui conditionnent la vie, soit fourni aussi abondamment que possible aux tissus et organes qui en ont besoin ; et, ensuite, que ces tissus et organes consomment largement cet oxygène. La respiration mécanique assurée par les poumons et la cage thoracique puise dans l’air extérieur l’oxygène vivifiant et y rejette l’acide carbonique éliminé par l’organisme. La respiration chimique, qui se passe dans tous les tissus vivants, consiste en l’utilisation de cet oxygène qui dissocie et brûle les matériaux nutritifs d’autant plus facilement et plus abondamment que l’activité vitale est plus grande.

La gymnastique respiratoire comporte donc deux ordres de procédés, les uns développant et mettant au point la machine à respirer, c’est-à-dire la cage thoracique et les poumons ; les autres stimulant l’activité vitale de façon que les tissus et organes aient grand besoin d’oxygène et consomment ce que les poumons leur offrent.

Cependant, on n’entend généralement par gymnastique respiratoire que des exercices qui mobilisent la cage thoracique et qui font pénétrer dans les poumons, puis en sortir, l’air atmosphérique suivant une technique plus ou moins précise ; et, certes, il est fort utile d’avoir une machine à respirer de bonne capacité et de savoir s’en servir. Mais, pour s’en servir vraiment, il faut pratiquer aussi une gymnastique générale qui crée dans l’organisme des besoins intense d’oxygène grâce auxquels la respiration profonde, chimique, la vraie respiration, sera énergiquement stimulée.

Ainsi, dans la séance de culture physique qu’il est nécessaire de pratiquer tous les jours pour se porter réellement bien, il faut faire entrer un exercice de technique respiratoire, c’est-à-dire un exercice qui mobilise en plein la cage thoracique et oblige les poumons à se remplir d’air à fond, puis à s’en vider : c’est la mise au point du mécanisme. Il faut ensuite que l’ensemble de tous les autres exercices constitue une dépense d’énergie musculaire assez importante pour augmenter notablement la consommation d’oxygène par les tissus et organes.

Il y a intérêt à ce que le « mouvement technique » soit aussi simple qu’efficace. Voici celui que nous préconisons : se tenant debout, bien droit, mais sans raideur, bouche fermée, inspirer, par les narines bien ouvertes, à rythme assez lent, tout l’air que l’on peut faire pénétrer dans la poitrine, qui, à mesure de son remplissage, doit se soulever en haut, et, surtout, bomber en avant. Notez bien qu’il faut ouvrir les narines pour donner libre passage à l’air, et non les laisser s’accoler contre la cloison du nez sous l’effet de l’aspiration d’air, faute fréquemment commise, surtout par les enfants. Ne pas hausser les épaules ni les ramener en arrière. Cette inspiration dure cinq à dix secondes. Après deux à cinq secondes d’arrêt, expirer lentement par la bouche entr’ouverte, la poitrine s’affaissant d’abord, puis le ventre rentrant par une contraction progressive des muscles abdominaux ; c’est cette contraction abdominale qui, seule, peut pousser à fond l’expiration. S’il vaut mieux expirer par la bouche entr’ouverte que par le nez — comme on le recommande souvent — c’est que la bouche nous sert à parler, et que la parole est un acte expiratoire ; d’où l’utilité d’apprendre à conduire son souffle pendant qu’il s’échappe par la bouche.

Ce mouvement respiratoire type, répété cinq fois de suite, se place au début, au milieu et à la fin de toute séance de culture physique, ce qui est suffisant pour assurer à tous une bonne technique respiratoire. Mais il est bien évident que cette gymnastique respiratoire, pour utile qu’elle soit, ne constitue pas à elle seule une méthode de culture physique ; il lui faut joindre des exercices musculaires que nous étudierons et décrirons.

Dr RUFFIER.

Le Chasseur Français N°609 Août 1946 Page 242