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Sports nautiques

Le « Moth »

Court, large, de formes trapues, le « moth » est le plus petit bateau de course figurant parmi les séries internationales. Je le recommande tout particulièrement aux jeunes et aux débutants. C’est un excellent bateau d’initiation ; il est économique et c’est le plus facile à construire. Des amateurs ont pu, fin 1940, monter une série de moths pour un prix de revient à l’unité d’environ 1.000 francs. J’ai précisé la date, car, depuis, les prix ont sensiblement monté ; par contre, les fournitures sont moins rares.

Les certificats de jauge indispensables pour les compétitions sont délivrés par l’Association française des propriétaires de moths. En 1940, on comptait 30 unités pour la France ; en 1943, il y en avait déjà 350. Un peu partout, des clubs s’organisent ; des flottes mothiennes se construisent ... sous le signe impérieux de notre époque : économie.

Les statuts de l’association imposent les restrictions suivantes : longueur maxima : 3m,353. Un gouvernail, une dérive. Toute liberté est laissée sur le mode ou dessin de construction, sur la qualité et l’échantillonnage de la voilure et du gréement, sur le poids, le tirant d’eau et la largeur. Par contre, voiles et espars sont soumis à des dimensions strictes.

Il faut observer rigoureusement ces restrictions pour rester dans la jauge et pouvoir participer aux régates organisées par l’Association. Celle-ci délivre le certificat de jauge après contrôle de la construction.

La liberté laissée quant aux formes a donné plusieurs types de moths. On peut les classer en deux catégories : les moths en forme ou à bouchains arrondis, les moths à formes angulaires ou à bouchains vifs, dits aussi de type nantais. Les différences sont peu sensibles en ce qui concerne le prix de revient et les qualités marines. Nous choisirons cependant le moth nantais parce que la construction à angles vifs est la plus simple à réaliser. On évite ainsi la construction des moules destinés à recevoir le bordage avant la pose des membrures et on construit la coque directement sur sa charpente.

L’amateur en difficultés avec les plans pourra simplifier au maximum le travail du tracé en s’aidant de patrons de construction établis en vraie grandeur. Le montage est facile. Deux pièces délicates cependant retiendront l’attention de l’amateur, le tableau avant et le puits de dérive. Le processus de la construction comporte les opérations habituelles : tracé des formes et de la quille ; montage des couples ; confection de la charpente ; pose des bordés de la contre-quille et du puits de dérive, barrotage, pontage, accessoires, gréement.

La durée de construction est naturellement très variable. J’ai vu un jeune scout construire un moth en six semaines à raison de deux heures de travail par jour environ. Je pense qu’on peut considérer ce rendement comme une moyenne.

Avant tout, je recommande à l’amateur de ne pas rester isolé. S’il n’existe pas de société nautique au lieu de sa résidence ou aux environs immédiats, qu’il entre en contact avec d’autres jeunes fervents de la voile. Il écrira à la Fédération de la voile qui lui enverra sa brochure de propagande. Qu’il fonde un club (qui prospérera vite tant l’exemple est contagieux), qu’il groupe des commandes de bateaux. L’Association des moths mettra à sa disposition toute la documentation nécessaire et l’aidera éventuellement à trouver certaines fournitures. Ce que vous ferez difficilement seul, vous le ferez plus aisément et plus économiquement à plusieurs.

Et voici pour terminer des données numériques concernant les fournitures, données qui permettront d’établir rapidement un prix de revient global. J’emprunte ce tableau ainsi que les illustrations ci-dessus au vice-président de la Fédération française de la voile, M. Georges Thierry, qui déploie depuis des années une activité et une propagande inlassables en faveur des débutants et qui a contribué dans la plus large mesure au développement de la série des moths.

Construction de plusieurs bateaux.

— Quantités par unité :

Charpente, membrures, plancher, dérive, etc. 0 m3,10
Bordés 0 m3,10
Espars 10 m3,04
0 m3,24
Visserie, clouterie, boulonnerie 2 kg.
Câbles 0 kg. 5
Laiton, bronze ou galvanisé pour les ferrures 2 kg.
Peinture et vernis 5 à 7 kg.
Coton pour voile 9 m2 environ.

En résumé, lorsque le bois est débité dans les longueurs appropriées, c’est-à-dire 3m,40 environ, on peut espérer sortir 5 à 6 bateaux par mètre cube.

A. PIERRE.

Le Chasseur Français N°609 Août 1946 Page 245