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La consanguinité chez les volailles

Les alliances étroites et larges.

— Par consanguinité, il faut entendre le degré de parenté dans la descendance, lorsqu’on accouple ensemble des sujets issus d’ascendants communs. Ainsi, quand on fait reproduire un coq et une poule issus des mêmes géniteurs, c’est-à-dire le frère avec la sœur, la descendance, qui possède en puissance les mêmes caractères héréditaires, se trouve en état de consanguinité étroite. Il en est de même si on accouple la mère avec le fils, le père avec la fille.

Évidemment, le degré de parenté est plus « large » lorsqu’il s’agit seulement de demi-frères ou de demi-sœurs, issus de pères ou de mères différents, et il l’est encore davantage quand les accouplements se font entre cousins germains et issus de germains, ou d’une parenté plus éloignée encore.

Sur la question de savoir si la consanguinité donne de bons ou de mauvais résultats dans la transmission des caractères héréditaires, les avis sont très partagés.

Certains zootechniciens, tels que Sanson, Gayot, Collings, Mauchamps, etc., croient que les alliances entre proches parents élèvent l’hérédité à sa plus haute puissance et que la plupart des races, parmi les mieux cotées, dans toutes les espèces animales, proviennent d’accouplements consanguins, étroits, poursuivis dans le même sens, pour gagner en précocité et en productivité, qu’il s’agisse de viande, de lait, d’œufs, etc.

Au contraire, Magne, Cornevin, Feich et de nombreux praticiens ont toujours cherché à mettre les éleveurs en garde contre l’engouement excessif qui pourrait les inciter à poursuivre inconsidérément les sélections consanguines. Car, si les alliances prolongées peuvent avoir de bons côtés, elles ne sont pas exemptes d’en avoir de mauvais, notamment en ce qui concerne la rusticité et surtout la fécondité.

En effet, si l’on continue à faire procréer constamment, sans infusion de sang nouveau, des poules, des lapins ou d’autres animaux proches parents, on peut obtenir une descendance mieux étoffée et plus précoce que la souche originelle, si les caractères héréditaires sont irréprochables. Malheureusement, il n’en est pas souvent ainsi et, pour peu qu’il y ait un point faible dans la constitution organique des reproducteurs, il est fréquent d’obtenir une descendance plus vulnérable, moins résistante aux affections morbides qui déciment les animaux domestiques, petits et gros.

Non seulement la mortalité augmente dans les élevages, mais, chose plus grave encore, il peut survenir une stérilité manifeste, qui affecte davantage les sujets que l’on a poussés du côté du gigantisme.

En résumé, si la consanguinité, tout comme le métissage, peut donner d’excellents résultats sur la fixation et l’accentuation de certains caractères héréditaires, il est prudent de ne pas trop exagérer le rapprochement des sangs, afin de ne pas rompre l’harmonie des fonctions organiques, qui jouent le plus grand rôle sur la rusticité et la fécondité.

L’adelphogamie aviaire.

— La reproduction continue des volailles d’un même troupeau ne pouvant donner des résultats satisfaisants que si les souches sont absolument irréprochables sous le rapport des aptitudes (précocité, rusticité, prolificité, propension à la ponte, à l’engraissement, etc.), il faudra éliminer rigoureusement tous les sujets médiocres, si l’on veut voir ces caractères s’améliorer sur la descendance.

Toutefois, on devra redouter que la consanguinité étroite ne déprime certaines fonctions organiques, qui conduiraient les volailles à la misère physiologique. C’est d’ailleurs ce que l’on constate assez souvent, à la suite d’accouplements continus, poursuivis sans méthode, principalement dans les petits élevages peuplés de quelques volailles, toujours de même sang.

Pour revigorer ces élevages, il suffirait de substituer aux coqs consanguins des reproducteurs mâles, non apparentés avec les poules, lesquels peuvent être de même race, mais n’ayant entre eux que des rapports lointains.

Cependant, il ne faut rien exagérer, car l’adelphogamie, ou dégénérescence consanguine, n’est pas aussi à craindre qu’on pourrait le supposer. Néanmoins, par mesure de prudence et pour atténuer les effets décevants du croisement continu, il suffira de ne pas dépasser la limite des trois quarts de sang dans les alliances entre proches, ce qui est relativement facile, en se conformant aux prescriptions de M. Feich, schématisées dans le tableau ci-dessous.

Line Breeding.

— Considérons deux volailles de races différentes, par exemple un coq Gâtinais, de couleur blanche et à crête droite, avec une poule du Mans, de couleur noire et à crête fraisée, n’ayant entre eux aucun degré de parenté.

Les sujets issus de ces races étrangères seront des demi-sang (2). Maintenant, si nous accouplons ces deux demi-sang, un coquelet avec une poulette, nous obtiendrons, comme indiqués en (3) et (4), des trois quarts de sang. Chez ces derniers, il se produira une scission entre les caractères dominants et les caractères dominés, dits récessifs.

Les résultats seraient les mêmes si on accouplait un coquelet demi-sang avec la mère, ou le coq originel avec un demi-sang femelle. Les produits obtenus seront toujours des trois quarts de sang (3) et (4) ; ce degré de parenté n’étant pas dépassé ; aucune dégénérescence organique n’est à craindre.

Mais il n’en serait plus de même si on accouplait le coq ou la poule originels avec des trois quarts de sang, femelle ou mâle, car les produits issus (6) et (7) seraient des sept huitièmes de sang, et la limite consanguine dangereuse pour les caractères défaillants se trouverait dépassée. Pour éviter les aléas, on reviendra à la limite permise du demi-sang, par le cochage d’un trois quarts de sang femelle, du côté maternel, avec un trois quarts de sang mâle, du côté paternel (5), ou vice versa. Dans le cas où la consanguinité aurait été poussée jusqu’aux sept huitièmes de sang, l’accouplement des sujets paternels et maternels (6) et (7) donnerait également des demi-sang (8). En multipliant les alliances, ainsi que l’indique le tableau de M. Feich, on peut faire varier l’étroitesse de la consanguinité, en revenant constamment aux demi-sang, de manière à combattre les influences dangereuses qui pourraient se produire du côté de la rusticité et surtout de la fécondité.

Mondiage d’ARCHES.

Le Chasseur Français N°609 Août 1946 Page 257