Depuis la guerre, les pannes des récepteurs de T. S. F.
sont devenues certainement de plus en plus fréquentes ; d’abord, par suite
des difficultés de réapprovisionnement et, aussi, du prix de plus en plus élevé
des modèles neufs un très grand nombre d’auditeurs se contentent d’utiliser des
appareils très anciens, déjà plus ou moins usés. Les quelques appareils livrés
pendant la guerre étaient, d’ailleurs, il faut bien l’avouer, d’une qualité
assez déficiente, par suite des multiples difficultés de la fabrication, et, en
particulier, de l’emploi des « matériaux de remplacement ». Certains
modèles de lampes ne sont pas encore, même maintenant, fabriqués dans les mêmes
conditions qu’en 1939.
La réparation est devenue également de plus en plus
difficile, par suite des difficultés de transport, de la pénurie des pièces
détachées, en particulier des lampes, de la rareté et, surtout, du coût de la
main-d’œuvre. C’est là une raison supplémentaire pour que les usagers veillent
au bon entretien de leurs appareils et sachent, au besoin, prévenir ou réparer
les pannes de peu d’importance.
Nous ne conseillons pas, bien entendu, aux profanes de
démonter eux-mêmes leur récepteur, chaque fois qu’ils se plaindront d’un
trouble d’audition. Il ne faut pas imiter les enfants qui démontent leur
montre ; le résultat risquerait d’être déplorable !
Il y a cependant, souvent, des moyens à tenter pour éviter
les pannes ou même remédier à certaines d’entre elles, mais sans recourir à
aucun démontage, qui exige toujours l’intervention d’un spécialiste, ou,
tout au moins, d’un usager possédant déjà quelques notions techniques.
Savoir déceler les causes des pannes simples et
connaître les remèdes correspondants, c’est peut-être aussi pouvoir éliminer
déjà 50 p. 100 ou 60 p. 100 des ennuis de l’auditeur de T. S. F.
Comment faire pour éviter les pannes, du moins celles qui
sont évitables ? Tout d’abord, gardez-vous bien de démonter votre châssis,
« pour voir ce qu’il y a dedans », ou même de manipuler les lampes
et, surtout, d’essayer de les enlever en tirant sur leur ampoule !
L’inverse est tout aussi déplorable ; sous prétexte
qu’il faut éviter de manipuler et de démonter à tort et à travers les organes
d’un récepteur, il ne faut pas s’imaginer que le moindre trouble exige
l’intervention d’un praticien, souvent très éloigné de votre domicile.
La chaleur et la poussière sont les ennemis du bon état
électrique de votre appareil. Ne laissez donc pas la poussière s’accumuler sur
l’ébénisterie ou sur le châssis de votre récepteur ; mais n’abandonnez à
personne le soin d’essuyer ou d’épousseter l’intérieur de votre appareil. C’est
là une opération très délicate ; un geste brutal suffit pour rompre le fil
de connexion d’une lampe, fausser la lame d’un condensateur, ou briser
l’ampoule d’une lampe en verre.
Si vous avez peur d’un geste malheureux, abstenez-vous de
toucher à quoi que ce soit à l’intérieur de votre poste ; les
inconvénients possibles seront encore moins grands.
Surveillez toujours l’antenne et la prise de terre.
Malgré la sensibilité des montages actuels, la qualité de l’audition dépend
toujours des signaux recueillis par le collecteur d’ondes. Si ceux-ci sont très
faibles et mêlés à des parasites, l’audition est nécessairement de moins bonne
qualité. En particulier, le câble de descente d’antenne doit être bien
isolé, et sa liaison avec le récepteur parfaitement assurée. Si l’on peut
négliger parfois l’emploi d’une prise de terre, la sélectivité et même
la qualité de réception dépendent aussi quelquefois de cette dernière. Les
contacts avec la prise de terre et la liaison du récepteur doivent être
fréquemment vérifiés, et l’oxydation est particulièrement à craindre.
Ce sont là des précautions extérieures au poste. Que
pouvons-nous faire pour l’appareil lui-même ?
Ménageons-le toujours ; ne le malmenons pas. Les
boutons de commande de réglage de l’intensité sonore (volume-contrôle), du
combinateur de gammes, de recherche des émissions et même le régulateur de la
tonalité sonore doivent toujours être maniés avec précaution. N’essayons jamais
d’aller au delà de la position d’arrêt ménagée par une butée normale. Si nous
constatons une résistance trop forte, n’essayons pas de la surmonter, nous ne
ferions qu’aggraver la panne ; il vaut mieux arrêter le bouton dans la
position limite, examiner la cause de l’anomalie et démonter, s’il y a lieu.
Les chocs sont néfastes pour tous les appareils de T. S. F.
Évitons donc tous les transports inutiles. Ne manipulez pas non plus à tort et
à travers les boutons de notre poste. Les manœuvres répétées nécessaires pour
« la chasse aux ondes » sont particulièrement dangereuses pour le bon
état des combinateurs, très complexes, agissant sur une série de contacts,
mettant en circuit les différents organes suivant la gamme de longueur d’onde
désirée.
De même, les réglages de l’intensité sonore et de la
tonalité sont obtenus à l’aide d’une résistance potentiométrique, avec un
curseur qui se déplace sur un secteur de résistance. Le déplacement continuel
de ce curseur détermine une usure plus ou moins rapide, produisant des bruits
parasites troublant l’audition, ou même un arrêt complet de fonctionnement.
L’ouverture et la fermeture brusque des circuits, lorsque l’appareil est en
fonctionnement, produit aussi des détériorations plus ou moins graves des
bobinages et des capacités.
N’employez donc pas votre appareil sans raison. Manipulez-le
le plus doucement possible. Surveillez-le aussi, de manière à prévenir les
premiers symptômes de la redoutable panne. Si celle-ci est décelée à temps,
elle est généralement moins dangereuse.
P. HÉMARDIMQUER.
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