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Le cinéma sur film réduit

La projection et les formats

Jamais, peut-être, l’emploi du film réduit n’a été autant d’actualité que depuis la libération. On a reconnu la nécessité d’utiliser le cinéma pour l’enseignement, la documentation, les démonstrations scientifiques et techniques, et, surtout, le film de 16 millimètres a fait ses preuves.

Il permet des résultats comparables à ceux du 35 millimètres, non seulement pour les installations mobiles d’enseignement et les installations foraines dans les campagnes, mais même pour équiper des salles très modernes dans les villes. C’est ainsi qu’il existe déjà à Paris, sur les grands boulevards, une salle d’exploitation dans laquelle on emploie uniquement des films 16 millimètres, et les spectateurs ne peuvent distinguer aucune différence dans la qualité de l’image, ni du son.

Le film réduit de 16 millimètres n’est pourtant pas le seul qui existe actuellement ; il y en a d’autres, mais qui sont destinés à des usages plus ou moins différents.

Le 8 millimètres correspond à la moitié du film 16 millimètres coupé en deux suivant un axe médian, format d’origine américaine, et le 9mm,5 est spécialement utilisé en France, et, en tout cas, uniquement en Europe.

Il existait encore en France, avant la guerre, un format réduit qui semblait rationnel ; c’était le 17mm,5, déduit du 35 millimètres, comme le 8 millimètres est déduit du 16 millimètres.

Peut-on espérer un jour un format unique ? Cela n’est pas probable. Il y a normalement plusieurs formats en cinématographie, comme il y a différents formats en photographie.

En principe, plus la largeur du film est réduite, plus la projection peut être économique, et, inversement, plus les dimensions des images sont importantes, moins le film comporte, en effet, d’images pour une certaine longueur. Sur un mètre de film de 16 millimètres, il y a 131 images ; sur un mètre de film de 9mm,5, il y en a à peu près le même nombre, et, sur un mètre de film de 8 millimètres, il y a 262 images.

Qu’en résulte-t-il ? On obtient la projection cinématographique, en projetant successivement sur l’écran un nombre minimum d’images fixes pendant une seconde : 16 normalement pour la projection muette, et 24 pour la projection sonore. Pour obtenir une même durée de projection, il faut employer une longueur de film d’autant plus réduite qu’elle contient plus d’images.

Avec 100 mètres de film 16 millimètres ou 9mm,5, on peut effectuer un peu plus de treize minutes de projection ; avec la même longueur de film 8 millimètres, la durée de projection est de plus de vingt-six minutes.

Pour choisir un format, il faut pourtant considérer encore la nature de la projection à effectuer, et surtout la surface de la projection à obtenir. La réduction de la largeur du film n’offre-t-elle pas des inconvénients, malgré les progrès des émulsions et des projecteurs ? Plus la largeur du film est réduite, plus la surface de l’image inscrite sur ce film est également réduite, plus l’importance des défauts possibles de l’image sont notables par rapport à la surface totale. Malgré tout, la surface de l’image obtenue sur l’écran ne peut donc être aussi grande.

Avec un film de 8 millimètres, il est préférable de se contenter généralement d’une largeur d’écran de l’ordre du mètre, et nombre d’amateurs peuvent trouver cette dimension suffisante ; elle est pourtant insuffisante, même pour l’enseignement et la documentation.

Pour augmenter la surface de projection sur une base de 2 à 4 mètres, il devient indispensable de recourir au 9mm,5, puis au 16 millimètres. C’est pourquoi ce dernier format est devenu le véritable format réduit standard.

Il se présente, d’ailleurs, sous une forme différente, suivant qu’il est destiné aux projections muettes ou sonores ; en particulier, la disposition des perforations n’est pas la même dans les deux cas. Dans le premier, il y a deux rangées de perforations latérales, à droite et à gauche ; dans le second, il n’y a qu’une seule rangée, et l’entraînement ne se fait que par un seul côté.

Dans le 9mm,5, les perforations sont disposées suivant l’axe du film, de telle sorte qu’elles ne réduisent pas la surface disponible pour les images, et seulement très peu la hauteur de celles-ci. Cette disposition paraît la meilleure en ce qui concerne la surface disponible. Malheureusement, cette méthode peut présenter des inconvénients en ce qui concerne la régularité d’entraînement et surtout présente des dangers de rayure très gênants de la surface de l’image, si l’on n’utilise pas un projecteur bien étudié.

La lutte est donc surtout très vive entre le film 8 millimètres et le 9mm,5. En dehors des avantages que nous venons de signaler, ce dernier présente la particularité essentielle de pouvoir être sonorisé assez facilement, ce qui n’est pas le cas pour le 8 millimètres.

Pour le moment, il est cependant très difficile de se procurer en France des bobines de films 9mm,5 destinées à l’enregistrement. Pour que ce format puisse de nouveau être employé normalement, il sera nécessaire que les fabricants français fassent un effort soutenu pour le remettre en pratique ; sinon, le 8 millimètres américain aura la suprématie et même l’exclusivité qu’a déjà obtenues le 16 millimètres.

R. SINGER.

Le Chasseur Français N°609 Août 1946 Page 271