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Piégeage

Les écueils à éviter

Nous avons vu précédemment la majeure partie des écueils provenant du matériel de piégeage et, en particulier, ce qui a trait aux pièges à palette. Cependant, il ne faudrait pas oublier de mentionner le rôle de la détente. Une détente en fer rouille et risque de se bloquer. Si la languette de détente est trop courte, peu engagée sous le cran d’arrêt, le piège est très sensible. Si cette languette est longue et très engagée dans le cran d’arrêt, la détente est lente et le piège « mou ». Il y a là également un petit travail facile à exécuter par le piégeur. Il est bon qu’un piège soit sensible, mais il ne faut pas exagérer, et il est navrant de voir un piège, tendu dans toutes les règles de l’art pour prendre un renard, se détendre sous le passage d’un mulot.

Nous en arrivons maintenant aux pièges à appât, dont les types les plus connus et les plus employés sont le piège à œuf (ce nom est du reste inexact, puisqu’on l’emploie le plus souvent avec un appât tout autre qu’un œuf : pomme, tête de lapin, morceau de viande, etc.) et le piège à engrenages.

Ces pièges ne souffrent aucune médiocrité dans leur construction. Comprenant plusieurs leviers au lieu d’un seul, ils sont d’eux-mêmes plus lents que les pièges à palette, d’où la nécessité de les peu couvrir pour ne pas en retarder la fermeture. En général, les pièges à œuf sont réglés pour se détendre sous l’enlèvement d’un poids de 60 grammes, poids qui correspond à celui d’un œuf. Mais il est indispensable de vérifier ce réglage avant l’emploi, sous peine d’avoir des ratés regrettables. Tout le dispositif de détente doit être en cuivre. Pour ces pièges également, on a intérêt à ce que la boucle qui porte l’œuf soit au niveau des mâchoires pour éviter que l’appât ne se trouve placé dans un creux. Théoriquement, ces pièges sont faits pour capturer les animaux par la tête ; donc ils doivent avoir des mâchoires beaucoup plus grandes que celles des pièges à palette pour un même animal. Mais, pratiquement, 80p. 100 des captures sont fartes par la patte avec le piège à œuf. Au point de vue emploi de ces pièges, il faut noter que l’on a tout intérêt à attacher les appâts sur la boucle, mais avec un jeu de 3 à 4 centimètres au maximum. Moins de jeu effraiera l’animal, plus de jeu risquerait de fait coincer l’appât entre les mâchoires. Cette attache doit être des plus discrètes. Un autre détail excessivement important à signaler est le suivant : si vous appâtez avec une tête de lapin à l’automne ou au printemps (ou avec tout autre appât carné), les mouches vont immédiatement rappliquer, et, en trois jours, les vers auront délesté l’appât de 50p. 100 de son poids, d’où fermeture automatique à vide. Donc, nécessité de renouveler l’appât au troisième jour.

Si nous examinons les fautes générales imputables au piégeur, du moins les principales, nous voyons d’abord pour le plateau que, trop large, il oblige à un comblement nuisible ; trop étroit, il amène un frottement des mâchoires ou leur gel avec la terre environnante, d’où piège bloqué ; pas assez profond, il limite la chute de la palette, d’où mauvaises prises. Quant à la couverture du piège, si elle est insuffisante, le vent, la pluie, le gel l’enlèvent ou démasquent le piège ; trop importante, elle risque de bloquer les mâchoires.

Le système d’attache joue lui aussi parfois des tours désagréables, soit qu’il soit trop faible — dans ce cas l’animal capturé emmène le tout ; soit qu’il soit mal conditionné ; il y a lieu de se méfier des fausses mailles qui, sous les efforts de l’animal capturé, peuvent s’ouvrir et libérer l’engin qui est emporté par la capture.

Enfin, le système de sûreté peut, lui aussi, être la cause de mécomptes désagréables, tels que blocage des mâchoires, blocage de la palette ou blocage du ressort. On s’habitue parfaitement à tendre des pièges sans sûreté ; il suffit, du point de vue précautions, de les recouvrir pendant le jour.

Je passerai sous silence les fautes grossières de piégeage telles que pose de pièges en lieux mal choisis, mauvais choix des matériaux de couverture, détérioration des coulées, manque de camouflage, appâts mal choisis, mal présentés, etc., qui constituent l’A. B. C. du piégeage.

Il faut que le piégeur se pénètre bien de l’idée que la réussite est le résultat de l’observation d’une foule de petits détails tous aussi importants les uns que les autres. Il faut savoir être minutieux et ne travailler qu’avec de bons instruments ; on paie parfois plus cher, mais le rapport est assuré, et quoi de plus décevant qu’un raté en piégeage ?

Prochainement, nous verrons l’emploi des boites et les écueils à éviter avec ce matériel.

A. CHAIGNEAU.

Le Chasseur Français N°610 Octobre 1946 Page 281