Beaucoup d’insuccès dans l’élevage ont pour cause le fait
que certaines précautions indispensables n’ont pas été prises en temps
opportun ; aussi, croyons-nous devoir attirer l’attention des éleveurs de
gibier sur les travaux à effectuer en octobre et novembre.
Tout d’abord, l’élevage avec les poules de ferme étant
terminé, il convient de vérifier et retirer le matériel qui ne resservira qu’à
la saison prochaine.
C’est un mauvais principe que d’attendre au dernier moment
pour revoir ce matériel ; on est pris de court, et des accidents peuvent alors
survenir.
Il faut donc, en ce mois, examiner surtout les toitures des
boîtes d’élevage et des parcs, changer le carton bitumé s’il y a des trous.
On s’assurera aussi si ce matériel n’est pas décloué et si
l’on ne doit pas remettre quelques pointes pour le consolider.
Quand tout le matériel est remis en état, on le passe au
carbonyle, puis on le met à l’abri sous un hangar ou dans un grenier. Ne jamais
poser les boîtes et les parcs sur le sol, mais bien sur des traverses qui permettront
le passage de l’air en dessous, ceci pour leur bonne conservation. En outre,
l’éloigner des murs afin de pouvoir en faire le tour et de-cette façon le surveiller.
Fin octobre, les captures de perdrix ou de faisans pour la
reproduction doivent être terminées.
Elles n’ont pu être faites qu’en vertu d’une autorisation
préfectorale, suivant la loi du 1er mai 1924, qui ne les permet
qu’en vue de conserver provisoirement les reproducteurs et les relâcher
ensuite, dans un but de repeuplement.
On aura eu soin de faire deux lots des animaux repris :
les meilleurs qu’on conservera en parquets, soit pour la ponte ou pour la
reproduction en captivité ; les autres qu’on relâchera aussitôt les chasses
terminées, afin d’assurer le repeuplement du territoire.
On n’oubliera pas que garder du gibier en parquets n’est pas
chose difficile, si toutefois le terrain est bien choisi et les animaux
convenablement nourris. Plus les parquets seront grands, mieux le gibier y sera
à l’aise ; mais il est toujours préférable d’entraver les oiseaux que de
les laisser courir dans les parquets.
De nombreux abris seront ménagés dans les angles et contre
les clôtures, afin d’assurer la tranquillité du gibier. La nourriture, donnée
dans des assiettes à hauts bords, est placée sous des abris spéciaux à l’abri
de la pluie.
Le programme de la saison à venir, en tant que
multiplication du gibier, doit être débattu, au plus tard en ce mois, entre les
dirigeants de la chasse, et les décisions prises communiquées au garde.
Quels seront les frais de repeuplement à prévoir ?
Quels achats de gibier pour lâcher sur chasse après la fermeture ?
Achètera-t-on des œufs de perdrix ou de faisans pour faire de
l’élevage avec des poules de ferme ? Fera-t-on de la reproduction
naturelle en parquets de perdrix, de faisans ou de lièvres ? Autant de
questions qui ne souffrent pas de retard, si l’on veut assurer un bon
repeuplement.
Nous sommes encore en une période difficile pour des achats
de gibier, et bien des chasseurs qui voudraient repeupler ne pourront le faire
faute de trouver des reproducteurs. Cependant, ceux qui, à la coupe des
fourrages, sont susceptibles de recevoir de leur entourage des œufs
partiellement incubés pourront, s’ils ont mis des poules de ferme sur des œufs
en attente, faire éclore ces œufs et en faire l’élevage avec des poules.
Nous leurs conseillons, toutefois, de commencer sur une
petite échelle ; le garde ou le fermier préposé à cet élevage se fera
ainsi la main et pourra, les années suivantes, mener à bien un élevage plus
important.
Les chasseurs ou sociétés de chasses qui adopteront ces
suggestions auront à envisager également l’achat ou la construction du matériel
d’élevage nécessaire, mais surtout ils devront rechercher, à proximité de
l’habitation de leur garde, un terrain convenable, sain, perméable et surtout
bien exposé (midi ou levant).
S’il est possible, le champ d’élevage sera gazonné en herbe
courte. Un terrain trop venté n’est pas indiqué, le vent froid étant souvent la
cause de diarrhée chez les jeunes oiseaux.
Si possible, une clôture en grillage en défendra l’approche,
et, dans ce cas, un sentier de piégeage l’entourera à l’extérieur, permettant
de capturer les animaux nuisibles qui ne manqueront pas d’être attirés par les
émanations du gibier.
Le terrain choisi ne doit pas avoir servi à faire de
l’élevage de volaille, tout au moins depuis plusieurs années, et il serait
mauvais que des moutons y aient été parqués.
Les agglomérations d’animaux ne peuvent que souiller un
terrain, et, le gibier étant très sujet à toutes sortes de maladies, il est de la
plus grande importance, pour obtenir la réussite, d’apporter toute son
attention sur ce point.
Dans les élevages anglais où se font, chaque-année, des
milliers de faisans, les parquets de ponte sont composés de panneaux mobiles,
et déplacés chaque année. Leur champ d’élevage est également déplacé chaque
saison, et l’on n’y revient qu’après plusieurs, années. Grâce à ces soins, les
épidémies sont rares chez eux.
René DANNIN.
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