Pour pédaler avec le maximum d’agrément, le tout n’est-pas
de posséder une excellente bicyclette. Il faut encore pouvoir l’utiliser avec
le maximum d’aisance et de rendement.
Une position correcte en machine est indispensable. La hauteur
de la selle en fonction de l’anatomie du possesseur de la bicyclette, la mise
en place plus ou moins avancée de cette selle, la forme du guidon, la fixation
en hauteur de celui-ci jouent un rôle déterminant sur les possibilités
physiques du cycliste ; suivant la position adoptée, il pédalera
allègrement sur tous les profils de la route ou peinera beaucoup au contraire.
Comment déterminer la bonne position en machine ? C’est
assez simple. On y parvient à l’arrêt et par tâtonnements. Il faut tout d’abord
placer la selle de telle façon qu’une des pédales étant descendue le plus près
du sol le cycliste étant en selle puisse appuyer franchement le talon sur cette
pédale (le pied déchaussé ou muni d’une chaussure à talon très plat). Dans
cette position, la jambe ne doit pas être complètement tendue, mais légèrement
repliée. La hauteur de la selle étant ainsi déterminée, on s’assurera que l’aplomb
pris du centre de la selle et abaissé, jusqu’au tube reliant le pédalier et la
roue arrière tombe à une distance variant de 25 à 30 centimètres en arrière de
l’axe du pédalier ; sinon, on amène la selle à une position correcte en
l’avançant où la reculant sur son chariot. Elle devra, de plus, être légèrement
relevée vers l’avant, de façon que l’on s’y trouve bien assis, sans glisser.
Quelques coups de clé anglaise permettent à tout amateur de réussir ce réglage
nécessaire en quelques minutes.
Reste la position des bras sur le guidon. La forme de ce
dernier intervient alors. À la vérité, pour la pratique aisée du cyclotourisme,
on ne doit pas rouler constamment couché sur le guidon ou constamment le buste
trop droit, mais, plus avantageusement, le corps un peu penché vers l’avant.
Je crois avoir essayé, au cours de ma carrière cycliste,
tous les guidons de la création, depuis le modèle surbaissé de compétition,
jusqu’au cintre surélevé des pédaleurs « pépères ».
J’ai retenu deux formes : le « trial », ou
guidon plat, à potence-assez longue, et le guidon « grand tourisme »
à positions multiples.
L’utilisation du premier permet de réaliser avec beaucoup
d’agrément les parcours utilitaires : courses en ville, trajet pour aller
au travail, et même les promenades et sorties sur des routes moyennement
accidentées.
J’ai obtenu un brevet d’Audax 400 kilomètres, Marseille-Cette
et retour par Arles, Nîmes, et Montpellier, en utilisant une bicyclette munie
d’un guidon « trial ». Je voulais faire un essai sérieux de cette
forme de guidon. L’essai fut concluant. C’était en 1925, les routes n’étaient
pas fameuses, j’ai souffert un peu des reins après ce long parcours, accompli d’une
traite, mais pas du tout des bras et des épaules.
Le guidon à positions multiples convient mieux aux parcours
en haute montagne, ainsi que pour effectuer, des voyages cyclotouristiques
conduisant alternativement des pays de plaine aux régions accidentées. C’est un
guidon aux branches contournées, accordant une ou deux positions hautes et une
position basse, positions hautes pour le plat et les profils moyens, position
basse pour grimper ou pour lutter contre le vent.
Revenons au guidon « trial » pour noter que la
position convenant au plus grand nombre de personnes est celle ou les poignées
de ce genre de guidon se trouvent situées légèrement au-dessus du niveau de la
selle. Se rappeler — les mains étant placées sans gêne sur les branches du
guidon — que les bras devront être toujours un peu fléchis pour former
amortisseurs. Cette position repliée des membres supérieurs permet de supporter
beaucoup mieux les cahots et les secousses.
Voyons, pour terminer ce chapitre assez aride, quelle sera
la bonne position du pied sur la pédale. Un cycliste digne de ce nom n’appuie
jamais le talon ou le milieu du pied sur la cage de la pédale ; c’est
seulement avec la pointe du pied, ou, à mieux dire, la partie de la plante du
pied qui vient immédiatement après les orteils, qu’il imprime la poussée
nécessaire. Le pied peut ainsi basculer, au moment voulu, au niveau de la
cheville pour bien remplir son office de levier et assurer, par la continuation
arrondie du mouvement, une remontée aisée de la jambe.
Pour contraindre le cycliste à maintenir de façon parfaite
cette position favorable des pieds sur les pédales, il faut adopter des
cale-pieds sur ces dernières.
« Pédaler bien rond » est un art. Les cale-pieds
contribuent grandement au pédalage souple et efficace. Il est indispensable
d’utiliser sur votre machine ce très utile accessoire.
Claude MATRAY.
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