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Le vêtement dans l’éducation physique

Il est assez fréquent de constater, dans certaines écoles primaires et secondaires, que les élèves arborent, pour la leçon d’éducation physique et pour la pratique du sport, la même tenue vestimentaire que pour les leçons intellectuelles ; et l’on voit souvent, au cours de la séance de culture physique, les enfants revêtus de l’inévitable tablier noir à manches longues ou du non moins inévitable sarrau gris, sans oublier, à la campagne, les sabots, cause de tant d’entorses, et parfois le béret et le cache-col.

C’est là un non-sens qui, heureusement, sous l’influence des idées nouvelles, tend de plus en plus à disparaître.

Loin de moi l’idée de sombrer dans l’excès contraire et d’exiger que les sports et l’éducation physique soient pratiqués dans un nudisme semi-intégral.

Entre ces deux tendances, il y a place pour une troisième qui satisfait à la fois les lois de l’hygiène, les règles du sport et les principes de la morale.

Le vêtement de tout sportif et de tout individu qui se livre à la pratique de la culture physique doit posséder trois qualités :

    1° Permettre sans aucune gêne tous les mouvements nécessités par la pratique de la culture physique ou du sport considéré ;
    2° Constituer pour la peau une protection suffisante contre les agents atmosphériques (soleil, pluie, vent) ;
    3° Être en règle avec les lois de l’esthétique et de l’éthique.

Selon Bellin du Coteau, l’hygiène vestimentaire tient beaucoup plus des besoins pratiques du sport, liberté du mouvement, que des impressions sensorielles du sportif. Il s’ensuit que le corps, relativement peu protégé, subit les « intempéries quelles qu’elles soient et même s’y expose de façon délibérée ».

En conséquence, la tenue du sportif doit être aussi légère que possible, ce qui permettra à l’athlète d’être entièrement libre de tous ses mouvements et ne gênera en rien la circulation sanguine.

Pour obtenir cette liberté du mouvement, la meilleure tenue sera le short et le maillot sans manches. Pas de ceinture en cuir qui comprime l’abdomen et gêne les différents mouvements du tronc. Le short sera maintenu par un élastique qui sera tendu juste assez pour l’empêcher de tomber, ou mieux par deux boutons de chaque côté des hanches. Les pieds seront nus dans des espadrilles à semelles de corde ou dans des savates en toile ; on proscrira les semelles en « crêpe ».

Nous n’insisterons pas sur la tenue particulière à chaque sport. Un nageur n’aura évidemment pas la même tenue qu’un footballeur ou qu’un coureur de cent mètres. Nous ne considérons ici que la tenue du sportif en général, et plus particulièrement la tenue de l’athlète.

La légèreté du vêtement permettra également, pendant l’effort, l’évaporation de la sueur au fur et à mesure de son apparition. Si l’on est trop couvert, la transpiration devient plus active, et, au repos, la sueur, qui alors s’élimine mal, provoque des refroidissements parfois dangereux. « Chez les soldats, écrit le Dr Magnin, des pleurésies ont eu, comme cause occasionnelle, l’évaporation, au repos de l’étape, de la sueur produite dans le dos, sous le sac. »

Il convient de préciser que, si la leçon d’éducation physique a lieu par temps froid, et en particulier l’hiver, il vaut mieux ne se découvrir que quelques minutes après le début de la leçon, quand les muscles ont commencé à s’échauffer.

Pas d’immobilité par temps froid toute la durée de l’exercice, pas d’immobilité non plus par temps chaud tant que la transpiration n’a pas cessé. Et, si, pour une raison ou pour une autre, un arrêt dans l’effort ou une immobilité s’imposent, il sied de se couvrir d’un vêtement de laine, qui évitera la brusque chute de température provoquée par l’évaporation de la sueur.

Si la liberté du mouvement peut être assurée par n’importe quel tissu, il n’en est pas de même de la protection de la peau. En principe, pas de toile, qui favorise une évaporation de la sueur et une circulation d’air trop rapides. Pas de « rayonne », trop perméable aux rayons solaires. Un vêtement en coton, ou fait d’un mélange de laine et de coton ou de soie, est, selon Magnin, une protection suffisante contre le refroidissement brusque. Le meilleur tissu semble être le jersey de laine fine, qui permet une absorption facile de l’humidité du corps produite au cours de l’effort.

Chez la jeune fille, la tenue sera sensiblement la même. À notre avis, l’on doit éviter le short, qui a un caractère trop masculin, pour le remplacer par une tunique légère, dont le corsage, décolleté suivant les goûts et à manches très courtes, sera cousu avec la jupe, qui sera large, taillée en panneaux évasés du bas, et dont la longueur s’arrêtera à 5 ou 10 centimètres au-dessus du genou. Sous la tunique, une petite culotte courte, ni trop large ni trop serrée, et un soutien-gorge qui soutiendra les seins sans trop les comprimer. Évidemment, pas de corset, une ceinture élastique souple à la rigueur. Le tissu sera le même que pour les garçons.

Pour terminer, précisons qu’il convient de s’accoutumer peu à peu au froid et à la pluie et qu’on n’obligera pas un enfant habituellement revêtu de tricots, de sous-vêtements et de flanelles à se déshabiller de but en blanc. On commencera à supprimer flanelles et lainages par temps chaud, et l’on permettra ainsi progressivement à n’importe quel enfant en parfait équilibre sanitaire de pratiquer la culture physique dans la tenue la meilleure pour le sport et pour sa santé.

Dr CHAMBAT.

Le Chasseur Français N°610 Octobre 1946 Page 292